Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Et toi, la technique, l'ingénierie, c'est quelque chose qui t'a toujours intéressée, petite fille ?
[00:00:05] Speaker B: Alors, oui et non.
[00:00:06] Speaker A: Oui et non ?
[00:00:07] Speaker B: Oui et non.
[00:00:07] Speaker A: Quand on dit oui et non, c'est plutôt non en général.
[00:00:12] Speaker B: Bon, en fait, comment dire ? On va dire que c'est mon père qui a choisi mon métier pour moi quand j'ai eu une éducation un peu autoritaire, on va dire. Et en fait, on ne m'a jamais demandé ce que je voulais faire quand j'étais gamine.
[00:00:33] Speaker A: Dans cet épisode de Elles font l'espace, je reçois Anouk Labori. Anouk est manager chez Airbus. Elle a plus de 600 personnes sous sa responsabilité. Avec elle, on parle de cartes aux étoiles, on parle de comment l'espace nous aide à comprendre le changement climatique et on parle beaucoup, beaucoup de management. Bonjour Anouk. Bonjour Julien. Merci d'être avec nous aujourd'hui dans Elles font l'espace.
[00:00:56] Speaker B: Je suis vraiment ravie d'être ici. Merci pour l'invitation.
[00:00:58] Speaker A: Je suis vraiment ravi de te recevoir sur le canapé ici, parce que t'es vraiment une personne qui fait l'espace sur Terre, bien sûr, depuis combien de temps maintenant ? 33, bientôt 34. Bientôt 34 ans. Et t'as participé à vraiment ma mission spatiale préférée, qui est la mission Gaia. Et t'as aussi participé à une mission sentinelle, donc c'est les deux spectres, les deux faces de la médaille spatiale, avec d'un côté Gaia, qui est une mission, on va en parler de connaissances de l'univers et la mission Sentinelle 2, extrêmement importante pour la compréhension du climat et l'avenir de notre planète finalement. Cette mission Gaïa, comment tu la décrirais toi ? À part que c'est un des moments phares de ta carrière.
[00:01:49] Speaker B: C'est une mission qui a pour but de recenser les objets célestes de notre galaxie. Ce besoin de connaissance de la position des étoiles, de leur brillance, de leur mouvement dans l'espace, c'est quelque chose qui a démarré il y a très très longtemps.
[00:02:05] Speaker A: Dès que l'homme ou la femme a.
[00:02:06] Speaker B: Commencé à regarder les célèbres. Les premières traces de ça, c'est à peu près un siècle avant Jésus-Christ, avec Hipparche qui a fait un premier catalogue à l'œil nu.
[00:02:18] Speaker A: Une carte du ciel ?
[00:02:19] Speaker B: Une carte du ciel avec un recensement de mille objets célestes. À l'époque, on pensait que la brillance des étoiles était relative à leur distance de la Terre. Et puis, aux alentours de 1980, il y avait des télescopes terrestres grâce aux technologies qui émergeaient. Et on va dire dans les années 1980, à peu près deux mille ans plus tard, On a pu faire ce type de catalogue d'étoiles, repérer les étoiles, comprendre un peu mieux notre système solaire. Et avec les télescopes terrestres, on a obtenu dans ces années-là à peu près un facteur 1000 par rapport aux objets recensés dans le ciel.
[00:02:57] Speaker A: Ça veut dire combien d'objets finalement ?
[00:02:59] Speaker B: Dans le catalogue initial, il y avait à peu près 1000 objets, donc 1000 x 1000, millions. Et puis les limitations des télescopes terrestres, c'est l'atténuation et les aberrations liées à l'atmosphère.
[00:03:10] Speaker A: L'atmosphère nous empêche de voir correctement les étoiles de notre galaxie.
[00:03:16] Speaker B: Exactement. Grâce au télescope terrestre, on a aussi amélioré la précision de positionnement et de connaissance des étoiles d'un facteur 10 000, à peu près 40 ans plus tard, en 2020. Quand je considère déjà l'exploitation de toutes les données de Gaïa, j'y reviendrai après.
On a encore multiplié par mille, voire un peu plus. Grosso modo, Gaïa, ça recense 2 milliards d'objets célestes.
[00:03:39] Speaker A: Là, on a 2 milliards d'objets célestes dans le catalogue de Gaïa.
[00:03:43] Speaker B: À peu près, oui. On a encore amélioré la précision de connaissance de la position des étoiles, de la position relative des étoiles ou des objets célestes, des planètes aussi, des exoplanètes, de tous les objets célestes, d'un facteur encore dix mille.
Et ce qu'il fait aujourd'hui, il y a des milliers d'astronomes ou de scientifiques dans le monde entier qui utilisent les données Gaïa pour faire avancer la science de la connaissance de notre univers, en fait.
[00:04:09] Speaker A: Et la particularité de ce télescope, c'est d'abord qu'il est dans l'espace, tu l'as très bien dit. Est-ce que le soleil, c'est quelque chose qui... Notre soleil à nous, est-ce que c'est quelque chose qui gêne aussi les observations des étoiles ?
[00:04:25] Speaker B: Alors oui, c'est ce qui fait en fait la forme du satellite Gaia. Donc il y a une maquette ici, là, sur la table.
[00:04:33] Speaker A: Pour ceux qui nous écoutent en podcast, je montre le télescope Gaia qui a un espèce de parasol.
[00:04:39] Speaker B: Voilà, c'est ça. Un bouclier solaire en fait, qui a pour but à la fois, parce que la face qui est face au soleil et la face qui a toutes les cellules photosensibles pour recharger les batteries du satellite, sert aussi donc de masquage de toute lumière parasite.
vis-à-vis de l'instrument qui est à l'abri de toutes ces lumières parasites pour pouvoir faire des mesures bien plus fines.
[00:04:59] Speaker A: Donc en gros, on regarde vers la galaxie. Derrière nous, derrière le satellite, il y a ce que moi j'appellerais un parasol, ce que tu appelles un bouclier solaire, qui nous met à l'ombre en fait. Et ton rôle dans cette mission, c'était quoi précisément ?
[00:05:14] Speaker B: Alors, sur cette mission, j'ai travaillé dix ans.
D'abord trois ans en tant que chef de projet d'une petite équipe d'ingénieurs géniaux qui ont permis, enfin on avait pour mission, via l'agence spatiale de propellants, ça s'appelait Technology Development Activity, sur trois ans, on avait un contrat pour démontrer la faisabilité de ce plan focal. À l'époque, dans un plan focal, on avait deux, trois, cinq détecteurs, Et dans le plan focal Gaïa, celui qui vole, il y en a 106.
[00:05:49] Speaker A: Donc sur le papier au départ, on passait de cinq détecteurs qui étaient une mesure classique.
[00:05:56] Speaker B: Dans d'autres types de plans focaux pour d'autres missions, on avait à peu près cinq détecteurs sur les développements qu'on faisait en Europe à cette époque.
[00:06:02] Speaker A: Et là, l'ESA vous a dit on en veut une centaine.
[00:06:05] Speaker B: Alors c'était même pire que ça, parce qu'on a beaucoup travaillé sur ce concept pour justement rendre cette mission faisable. Les concepts initiaux, il y avait deux plans focaux, il y avait 250 détecteurs dans chaque plan focaux. Ça n'était pas possible d'un point de vue masse à embarquer, d'où ce que je disais tout à l'heure, ce qui a fait aussi la faisabilité de cette mission.
c'est de trouver les combinaisons optiques qui permettent de combiner les champs de vue de deux télescopes sur un seul plan focal. Donc déjà, pas avoir deux plans focaux associés à chaque télescope, mais un seul. Et puis ensuite, les ingénieurs ont travaillé sur la faisabilité de la mission en fonction des performances spécifiées pour arriver à optimiser le design global. Et le plan focal final, en fait, il a 106 détecteurs, mais 106 détecteurs des grands détecteurs, des grands détecteurs spécifiques qu'on a définis dans cette phase de faisabilité en collaboration avec une entreprise en Angleterre qui s'appelle E2V Technologies. Et on a réellement designé avec eux le détecteur pour qu'il réponde exactement aux besoins de la mission, pour optimiser les performances liées à cette mission-là. Il y a une maquette de ces détecteurs sur la table.
[00:07:16] Speaker A: Comment c'est une maquette ? Moi je pense que c'est un détecteur.
[00:07:17] Speaker B: C'est un détecteur, c'est un vrai détecteur. Voilà.
[00:07:21] Speaker A: Donc je le montre à la caméra.
[00:07:22] Speaker B: Donc ça, c'est un détecteur. Et dans le plan focal, il y en a 106. Ça veut dire que dans ce plan focal Gaïa, il y a à peu près un demi mètre carré de surface sensible.
Et donc le design de ces détecteurs, il a été fait à la fois pour pouvoir faire une sorte de carrelage de détecteurs. En fait, il y a un demi-mètre carré de surface sensible dans son plan focal, grâce aux sensi-détecteurs qui sont vraiment presque bord à bord.
grâce à cette connexion électrique qui est perpendiculaire à la surface sensible, il n'y a pas de fenêtre non plus sur le détecteur.
C'est-à-dire qu'il n'y a rien qui protège. Dans le plan focal final, sur la plupart des détecteurs, ils sont encapsulés à une fenêtre pour protéger la surface sensible. pour protéger les connexions microscopiques filaires entre la surface sensible et la connexion électrique. Donc, une certaine fragilité aussi de ces détecteurs. Et donc, il y avait plein d'enjeux de faisabilité. On avait réellement développé des process d'intégration aussi de ces détecteurs dans ce plan focal. Il fallait les aligner les uns par rapport aux autres à peu près à 10 microns, 10 microns près dans le plan.
[00:08:39] Speaker A: Pas de vitre, ça veut dire que la lumière des étoiles ou des objets célestes que vous observez arrive directement sur la surface ?
[00:08:45] Speaker B: Sur la surface sensible en silicium, c'est-à-dire que justement, c'est ça qui optimise aussi la collection des photons et de la lumière, et donc la qualité des mesures aussi.
[00:08:55] Speaker A: Parce que là, on est vraiment dans ce qu'on appelle, quand on parle de big data, là, on est en plein dans le big data. C'est vraiment ce que ça fait.
Ça rassemble un nombre incalculable de données qui sont ensuite envoyées sur Terre et codées, arrangées dans les sous-sols, notamment du CNES, mais pas seulement en France, le Centre National d'Études Spatiales. Et ensuite redistribuées, tu l'as dit tout à l'heure, à des milliers de scientifiques.
qui ont besoin de ces données pour cette carte, tu parles de catalogue, j'aime bien parler de carte du ciel parce que ça dit bien ce que ça fait finalement, pour recenser tous ces objets célestes. On l'a dit, 1,8 milliard, presque 2 milliards d'objets.
[00:09:38] Speaker B: C'est ça. On fait en sorte de ne garder que les données utiles pour justement limiter le stockage de données. mais même avec le stockage de données qui est nécessaire pour travailler et affiner au fil du temps ce catalogue, j'y viendrai après, parce qu'en fait c'est l'accumulation de mesures qui permet d'obtenir des précisions de plus en plus fines au fil des processings de ces datas qui sont en cours. La mission a été faite pour cinq ans au départ. Le satellite a été lancé en décembre 2013.
[00:10:07] Speaker A: Et donc, en fait, depuis 2018, on aurait dû dire bye bye Gaïa, merci beaucoup, on a ce qu'il nous faut.
[00:10:14] Speaker B: Voilà. Et en fait, l'impact de la mission Gaïa sur le développement des connaissances scientifiques a fait que la mission, elle dure jusqu'à ce que ce soit plus possible de le faire fonctionner, c'est-à-dire que la mission devrait se terminer l'année prochaine, 2025. Donc, en fait, 22 ans. 22 ans au lieu de 5 ans préliminairement prévus. Le processing des données va continuer jusque dans les années 2030, voire plus.
[00:10:43] Speaker A: Et ça, c'est grâce à vous, c'est grâce à Airbus, le travail que vous avez effectué sur la faisabilité de cette mission au départ.
[00:10:50] Speaker B: Tout à fait. Gaïa, ça a permis une révolution dans l'astrométrie. Aujourd'hui, il y a à peu près 3-4 papiers scientifiques qui sortent par jour grâce aux données de la mission Gaïa.
[00:11:01] Speaker A: On se rend compte de ce que c'est cette révolution. Trois à quatre papiers scientifiques qui sortent par jour, évidemment que ça fait une révolution scientifique. Ça veut dire qu'on réécrit les manuels scolaires finalement sur ce qu'on sait de l'espace, ce qu'on sait de notre galaxie. Quand moi j'étais à l'école, les exoplanètes par exemple, puisque ça fait partie aussi des objets que mesure Gaïa, C'était un peu de la science-fiction. Aujourd'hui, on a un catalogue d'exoplanètes absolument phénoménal, qui vient pas simplement de Gaïa, mais ça fait partie de ces connaissances qu'on a sur notre environnement. C'est vraiment une révolution. Quand tu parles d'études de faisabilité, c'est un mot qu'on n'a peut-être pas vraiment l'habitude d'entendre.
mais ça décrit bien le mécanisme global du spatial institutionnel qu'on fait en Europe. En gros, on a des États membres, derrière l'Agence Spatiale Européenne, qui a une ambition. Nous, on veut créer quelque chose de complètement nouveau qui va justement révolutionner tel ou tel domaine du spatial.
Et on va voir les meilleurs ingénieurs, les meilleures entreprises européennes, dont Airbus, pour qui tu travailles. Et on leur dit, allez-y, faites-nous voir que c'est possible et donnez-nous la solution pour faire cette mission.
Et ce que tu décris, c'est que non seulement vous avez démontré la faisabilité, mais qu'en plus, grâce à une conjonction d'abord de l'esprit génial, comme tu l'as dit toi-même, des ingénieurs qui ont travaillé dessus, mais aussi le lancement et puis d'autres paramètres, la mission passe de 5 ans d'espérance de vie à 22 ans dans l'espace.
On est sûr que ça s'arrête l'année prochaine, du coup ? Ou il y a encore...
[00:12:53] Speaker B: Je ne sais pas. Donc, en fait, la mission va s'arrêter parce qu'on est presque au bout du réservoir de gaz froid qui permet de maintenir les corrections d'attitude et d'orbite du satellite. Donc, il va être déorbité à l'horizon du premier semestre 2025. Après, il va dériver dans l'espace.
Et une grande fierté aussi au travail qu'on a fait avec mes collègues sur le plan focal, que j'aime bien raconter, c'est qu'on a passé beaucoup de temps à se dire, non mais 106 détecteurs, on n'avait jamais fait ça, il y en a forcément un qui va tomber en panne à un moment, ou 106 électroniques de proximité pour traiter le signal des détecteurs au fil de la mission, donc on avait des spécifications liées à ça.
Donc, on a fait beaucoup d'études, d'analyses pour voir, pour s'assurer que la mission serait préservée, même s'il y avait un, deux, trois détecteurs qui tombaient en panne.
[00:13:50] Speaker A: Voilà, vous avez intégré de la redondance dès le départ en disant bon, 106, peut-être qu'avec 100, on peut faire le...
[00:13:56] Speaker B: Voilà, des calculs de fiabilité, etc. Et en fait, aujourd'hui, ils marchent tous toujours. C'est électronique aussi. Tout fonctionne nominalement.
Depuis 12 ans.
[00:14:06] Speaker A: Si j'ai bien compris, la mission va s'arrêter simplement parce qu'il n'y a plus d'essence dans le moteur.
[00:14:10] Speaker B: Voilà, c'est ça.
[00:14:11] Speaker A: Mais les instruments marchent encore.
On ne peut pas envoyer une mission de ravitaillement du coup ?
[00:14:16] Speaker B: Un pompier de l'espace ?
[00:14:17] Speaker A: Une pierre de l'espace ? Non, je ne crois pas. Quand tu parles d'orbite, il est où ce télescope ?
[00:14:24] Speaker B: Il est au point de Lagrange L2.
[00:14:25] Speaker A: C'est quoi le point de Lagrange ?
[00:14:26] Speaker B: Le point de Lagrange L2, c'est un...
[00:14:29] Speaker A: Une sphère dans l'espace.
[00:14:30] Speaker B: Voilà, qui est un point de stabilité où on peut observer notre système solaire en étant stable et en étant protégé du soleil.
[00:14:40] Speaker A: Bonne vie pour Gaïa jusqu'en 2025.
[00:14:44] Speaker B: Pour le satellite, oui, mais après, alors oui, le traitement des données va durer encore des années et des années. Et tout à l'heure, on parlait de stockage de données. Un de mes collègues me disait récemment, en fait, photoreprésenter, alors je ne sais pas combien de terabytes qui sont stockés, mais des disques durs de capacité maximale, ils vont pouvoir en entasser jusqu'en haut de la tour Eiffel, quoi, en fait.
[00:15:12] Speaker A: Et pour traiter ces données, on a besoin de codage. Il y a peut-être des gens qui nous écoutent qui sont des pros du coding, etc. On sait aussi de plus en plus, en tout cas on en parle de plus en plus, de l'intelligence artificielle ou du rôle de l'intelligence artificielle dans le codage. Est-ce que c'est aussi une autre révolution qu'on attend finalement ? Est-ce qu'on peut encore attendre des résultats encore plus prodigieux grâce à l'apport de l'intelligence artificielle dans le traitement de ces données ?
[00:15:41] Speaker B: Alors probablement, disons que quand la mission Gaïa a commencé, l'intelligence artificielle n'était pas autant développée qu'aujourd'hui, donc ça n'était pas certainement à l'ordre du jour de l'utiliser, mais probablement qu'aujourd'hui, Les scientifiques développent ce type de méthodes et d'algorithmes pour maximiser ce qu'ils peuvent interpréter des données, certainement.
[00:16:04] Speaker A: Parce qu'algorithme, c'est le mot central qu'on connaît bien aujourd'hui, puisqu'on est un peu les victimes tous des algorithmes. Mais c'est aussi une méthode de calcul qui va finalement transformer toutes ces données en connaissances concrètes. Tu en parlais de la nature, la distance, la luminosité, l'âge des étoiles notamment qu'on observe. Et toi, cette mission, quand on te parle de la mission Gaïa ou quand tu vois occasionnellement des communiqués de presse, il n'y a pas longtemps puisque Gaïa a découvert la possible présence d'un trou noir dans notre galaxie, C'est quelque chose qui te touche personnellement, émotionnellement. Tu te sens encore attachée à cette... Oui, complètement.
[00:16:49] Speaker B: Dès le lancement aussi, parce que j'ai eu la chance, un peu en récompense de mes bons et loyaux services, à cette mission d'être à Kourou le jour du lancement. Oui, c'est une grande émotion de se dire il y a un petit peu de moi dans l'espace.
[00:17:03] Speaker A: Et le jour du lancement, tu disais que tu étais à Kourou, donc en Guyane française, c'est là que beaucoup de satellites partent, satellites européens décollent. Tu étais où exactement à Kourou ce jour-là, parce qu'il y a plusieurs sites d'observation ?
[00:17:15] Speaker B: Bon, je dis que j'ai eu la chance parce que quand on travaille dans les instruments optiques, comme ça a été le cœur de mon métier pendant des années, Rarement, on va voir le lancement parce qu'une fois qu'on a livré un instrument, il est intégré. Il y a encore à peu près entre six mois et un an d'intégration sur satellite. On n'est pas impliqué dans la campagne de lancement. Donc là, j'y suis allée à titre d'invité et avec trois autres collègues qui étaient dans le même cas que moi. Donc, on a profité pour visiter la Guiana française aussi. C'était superbe. Et on a assisté au lancement d'un Carbet.
[00:17:51] Speaker A: Donc les KB, pour ceux qui ne connaissent pas, c'est... On connaît dans plusieurs endroits du monde, et c'est vrai qu'en Guyane française, il y en a beaucoup. Est-ce que tu peux nous décrire ce que c'est exactement ?
[00:18:00] Speaker B: Alors un KB, c'est une habitation sans mur, en fait. C'est un toit, un toit...
[00:18:04] Speaker A: Dans la nature ?
[00:18:06] Speaker B: Dans la nature, ouvert, voilà.
[00:18:08] Speaker A: Avec un hamac ?
[00:18:09] Speaker B: Voilà, c'est ça. On a dormi quelques heures dans un hamac avant de se lever, au lever du soleil. Et puis on a assisté au tir à je ne sais pas combien de kilomètres, mais enfin bon, c'était magique, quoi.
[00:18:20] Speaker A: Vous aviez passé la nuit dans la forêt tropicale, dans vos hamacs. Ça ne t'inquiète pas, les araignées, les serpents ?
[00:18:29] Speaker B: Non, non, non.
[00:18:29] Speaker A: Tu as bien dormi cette nuit-là ?
[00:18:31] Speaker B: On n'a pas beaucoup dormi. De toute façon, on a d'abord célébré, on a d'abord mangé, et puis attendu le démarrage de la retransmission qu'on a regardée au lever du soleil.
[00:18:45] Speaker A: Ça, c'est des choses qu'on peut vivre quand on a un rôle actif dans le spatial, comme tu l'as eu.
[00:18:52] Speaker B: C'est ça.
[00:18:53] Speaker A: Et donc cette deuxième mission, en tout cas, cette autre mission importante à laquelle tu as participé, tu as même un petit pince, je vois, de Sentinel-2.
Là, ton rôle était le même aussi que sur la mission Gaïa ou c'était complètement différent ?
[00:19:13] Speaker B: Alors, oui et non. C'est-à-dire que début de carrière, j'ai fait des métiers plutôt techniques et puis assez rapidement, j'ai trouvé ma voie dans le management de projet. Donc en fait, l'édition sur Gaïa, c'était un rôle de management de projet, mais j'étais intégrée dans un plus gros projet, le projet Gaïa. J'ai fait aussi sur ce projet Gaïa des missions parallèles.
au développement du plan focal, parce que 10 ans sur le même objet, peut-être je me serais un peu ennuyée.
Donc j'ai vécu aussi d'autres choses pour le projet Gaïa assez passionnantes. Et puis Sentinel-2, là, j'étais vraiment chef de projet d'un instrument optique complet. En fait, j'ai été davantage exposée en direct au management, au client final, donc aux collègues de l'Agence Spatiale Européenne.
C'était davantage de responsabilité, voilà c'est tout.
[00:20:04] Speaker A: Et quand on a compris que la mission Gaïa, c'est une mission qui a pour but de développer les connaissances humaines sur notre environnement, notre galaxie, ce qui nous entoure, la mission Sentinel-2 a un objectif complètement différent.
[00:20:21] Speaker B: Oui, alors la mission Sentinel-2, c'est une mission intégrée au programme global qu'on appelle Copernicus, qui est un programme de la Commission européenne avec le segment spatial qui est managé par l'Agence spatiale européenne. Le programme Copernicus, c'est aussi un ensemble de systèmes spatiaux, dont Sentinel-2, qui est la partie qui s'occupe de l'imagerie spatiale de l'environnement.
[00:20:51] Speaker A: L'environnement ?
[00:20:52] Speaker B: L'environnement terrestre.
[00:20:53] Speaker A: C'est la Terre.
[00:20:54] Speaker B: Bien sûr, l'environnement de la Terre. Donc Sentinel-2, c'est une mission qui a pour but d'observer l'environnement au fil du temps, de voir les évolutions de la couverture végétale, de surveiller les évolutions climatiques, de contribuer à tout ce qui est alerte sur les catastrophes naturelles, anticipation d'aide humanitaire, éventuellement.
Le Sentinel-2, la partie dont je me suis occupée, c'est l'instrument optique, ça s'appelle le multispectral instrument. C'est un instrument qui permet d'observer la couverture végétale et terrestre, la couverture émergée de notre globe, dans différentes bandes spectrales.
Ça devient un peu technique. C'est-à-dire qu'en fonction de la partie du spectre de la lumière qu'on observe, on peut interpréter ce qu'on observe et en déduire des données particulières sur l'évolution de la végétation, l'évolution des cultures, identifier plutôt l'évolution des nuages, des climats, de l'humidité, de l'humidité dans les sols. Et ça, on arrive à déterminer, à extraire ces informations des images, si on observe la scène dans une certaine zone du spectre de la lumière.
[00:22:21] Speaker A: Et donc tes satellites en orbite envoient des signaux vers la Terre, reçoivent ces signaux et arrivent à interpréter si le signal vient d'un nuage, d'une forêt, d'une prairie, de l'eau, de la ville ?
[00:22:36] Speaker B: Oui, en fait, cet instrument fait des images. En fait, le satellite défile et donc prend des images en continu du sol sur une bande. Et cette bande, au sol, ça fait 290 kilomètres. Donc c'est large, avec une résolution de 10 mètres au sol.
Il y a différents types de satellites d'observation de la Terre avec différents types de résolutions. La résolution, c'est le plus petit détail qu'on peut observer sur la Terre.
Là, comme on veut observer des sols, des cultures, des évolutions de couverts végétaux, etc. La résolution est de 10 mètres, ce qui permet de voir l'évolution au cours du temps de notre environnement.
[00:23:15] Speaker A: Quand tu parles de catastrophes naturelles, c'est par exemple quoi ? Des inondations, quand tout d'un coup on se rend compte qu'il y a beaucoup.
[00:23:20] Speaker B: D'Eau à la place de... Oui, des inondations, des tsunamis, des feux, aussi de la déforestation.
[00:23:27] Speaker A: Ça vous permet d'alerter les autorités locales ?
[00:23:31] Speaker B: Ça ne nous permet pas. Ce qui est très intéressant dans ces missions Copernicus, et c'est assez original, c'est que l'agence spatiale européenne, la commission européenne, a aussi développé ces missions de façon à stimuler l'économie européenne, mais pas co-européenne finalement. C'est-à-dire que toutes les données qui sont issues de ces missions Copernicus, je pourrais citer aussi Sentinel-1 qui fait des mesures dans d'autres ondes de fréquence, des fréquences radars, donc c'est complémentaire, ça permet de voir autre chose, d'analyser autre chose de ce qui se passe sur notre planète. Toutes ces données-là, elles sont mises à disposition gratuitement, à qui veut, à l'humanité tout entière. Et en fait, les retombées de cette mission et de ce concept dépassent largement ce qui était envisagé au départ, par ceux qui ont défini cette mission au départ.
C'est-à-dire qu'aujourd'hui, il y a je ne sais combien de start-up qui utilisent ces données pour faire un but d'aider les agriculteurs, par exemple, à définir quelle est l'égométrie de leurs champs, et puis à mieux gérer l'irrigation ou optimiser l'apport en engrais sur leur culture, par exemple. Ça sert à ça. L'exploitation des données, elle est faite par une multitude de gens en Europe et ailleurs, d'ailleurs.
[00:24:55] Speaker A: Parce qu'il y a un point commun avec la mission Gaïa dont on a parlé tout à l'heure, c'est ce big data. En français, big data. Cette masse gigantesque de données que les satellites sentinelles récupèrent. Et puis ensuite, comme ces données sont à disposition, l'évolution de la société, des techniques, des applications même, va faire que, comme tu le dis, des entreprises, des start-ups vont se dire « moi j'ai une idée comment utiliser ces données ». Et ça crée finalement des nouvelles richesses, que ce soit des richesses économiques ou des services, tout simplement, qui vont aider les personnes et aussi aider à comprendre, si j'ai bien compris, l'évolution du climat sur notre planète.
[00:25:41] Speaker B: Tout à fait, et développer de nouvelles connaissances globalement.
[00:25:45] Speaker A: Parce qu'on sait que si, avec la mission Gaïa, qui sont des missions scientifiques, on s'occupe finalement de la soif de connaissance qu'on a de notre environnement, avec la mission Sentinel, on comprend ce que tu nous dis, que là, on est dans un problème beaucoup plus tangible, un problème qui nous occupe tous finalement, qui est la crise climatique qu'on traverse et comment la comprendre et comment la gérer au mieux.
Et si je peux te poser la même question que je t'ai posée sur Gaïa, est-ce que tu as un attachement aussi personnel, justement, à ces missions-là, d'observation de la Terre de manière générale ? Est-ce que tu as un lien... Oui, un lien personnel, un lien profond ?
[00:26:28] Speaker B: Comme pour Gaïa, j'ai le sentiment d'avoir contribué, moi et tous les gens qui ont travaillé avec moi, à faire évoluer la science, à avoir une petite contribution pour la protection de notre planète, puis une petite partie de moi dans l'espace aussi. Et puis pour Sentinel-2 aussi, j'ai eu la chance d'aller à Kourou pour le lancement.
Gaïa s'est lancé sur Soyuz-Fregat.
Sentinelle 2 sur Vega. Et donc, j'ai eu une autre opportunité d'aller à Kourou, dans un autre contexte. J'ai eu la chance d'être dans la salle Jupiter au moment du lancement.
[00:27:07] Speaker A: La salle Jupiter, pour ceux qui ne savent pas, c'est là où il y a le centre de contrôle des lancements à Kourou, en Guyane française. C'est une salle qui est reconnaissable parce qu'elle est rouge, déjà. Je ne sais pas pourquoi, d'ailleurs. Mais dans cette salle Jupiter, il y a les cabines de télévision dans lesquelles moi, j'ai déjà été. Il y a une salle VIP pour les invités qui regardent le lancement. Et puis, il y a ce qu'on appelle, nous, dans notre jargon, le fishbowl, donc l'aquarium.
où en fait, il y a les gens qui bossent. Personne d'autre bosse finalement.
[00:27:43] Speaker B: Moi, je devais être la seule qui ne bossait pas.
[00:27:45] Speaker A: Tu étais dans le fishbowl.
[00:27:47] Speaker B: J'étais dans le fishbowl, oui. C'est-à-dire que quelques heures avant le lancement, le chef de projet de l'Agence Spatiale Européenne, François Spoto, me dit, écoute Anouk, Il y a un pupitre libre dans le Fishbowl. Si tu veux, tu peux venir avec nous. Et le seul truc que je te demande, c'est d'avoir l'air sérieuse.
[00:28:09] Speaker A: Parce qu'il fallait ne rien toucher et avoir l'air sérieuse.
[00:28:12] Speaker B: Voilà. Donc, j'ai eu cette chance-là de sentir...
attention, l'émotion, une fois que les faces les plus critiques s'étaient bien déroulées. Et puis, la petite anecdote, c'est qu'à Toulouse, il y avait une retransmission à l'intention des équipes qui avaient travaillé sur ce satellite. Et donc, quand je suis revenue de Kourou, les gens que j'ai vus de mon équipe, qui m'avaient vu à la télé, m'ont dit « oh là là, t'avais l'air sérieuse ».
[00:28:41] Speaker A: Tu vois, t'as bien fait ton devoir, du coup. Et donc, justement, à l'intérieur de ce fishbowl, tu entends les conversations des directeurs des opérations que nous, on n'entend pas quand on est à l'extérieur. Ils allument le micro, ils envoient des commandes, ils disent go, ils parlent du.
[00:29:00] Speaker B: Lancement, etc. Oui, alors c'est quand même très studieux. Chacun sait ce qu'il a à faire. Il n'y a pas trop de discussion, mais bon, c'était l'occasion aussi de rencontrer, d'observer les collègues que je ne connaissais pas ailleurs et que j'avais côtoyés depuis des années, concentraient sur leur mission.
C'était un moment très émotionnel.
[00:29:23] Speaker A: Et donc, entre regarder un lancement dehors, dans la forêt tropicale, en plein air, et voir la fusée devant tes yeux, ou se priver finalement de voir la fusée et être à l'intérieur dans le bunker, dans l'aquarium, tu choisirais quoi si c'était à refaire ? Si je te proposais un troisième lancement, là, demain, tu choisirais quoi ?
[00:29:44] Speaker B: Je pense que je choisirais de voir la fuite de l'extérieur. Mais là, je suis vraiment contente d'avoir d'abord pu vivre les deux, ça c'est sûr.
[00:29:50] Speaker A: Quand on peut faire les deux.
[00:29:52] Speaker B: En général, les VIP qui sont juste dans la salle du PRM et devant le football, ils sortent vite sur la terrasse pour voir la trace dans le ciel.
[00:29:59] Speaker A: C'est ça, parce qu'en salle Jupiter, il y a une terrasse juste à côté où on peut sortir pour voir le décollage avec ses propres yeux. On passe notre vie devant les écrans maintenant, donc dès qu'on peut voir des choses avec nos yeux, on a tendance à le faire. Et donc, la participation à ces missions spatiales, tu les as faites en tant qu'ingénieur, finalement, c'est ton métier de base, ingénieur.
[00:30:24] Speaker B: C'est mon métier de base, oui. J'ai fait une école d'ingénieur, j'ai fait l'INSA de Toulouse en fait, en sciences des matériaux. Donc une formation d'ingénierie assez générale, on va dire.
[00:30:34] Speaker A: Et toi, la technique, l'ingénierie, c'est quelque chose qui t'a toujours intéressée, petite fille ?
[00:30:38] Speaker B: Alors, oui et non.
[00:30:40] Speaker A: Oui et non ?
[00:30:40] Speaker B: Oui et non.
[00:30:42] Speaker A: Quand on dit oui et non, c'est.
[00:30:43] Speaker B: Plutôt non en général.
Bon, en fait, c'est mon père qui a choisi mon métier pour moi quand j'ai eu une éducation un peu autoritaire, on va dire. Et en fait, on ne m'a jamais demandé ce que je voulais faire quand j'étais gamine. Je n'étais pas trop mauvaise en maths et en physique, je n'étais pas brillante non plus. Et voilà, c'était la voie royale. Si je pouvais faire ingénieur, c'était bien pour moi. Je n'ai jamais été, je n'ai jamais eu cette fible d'être passionnée de technique, en fait.
J'ai fait des métiers techniques en début de carrière, j'ai fait de l'assemblage intégration de tests, des tests optiques, mécaniques, thermiques, relatifs aux disciplines qu'on a dans le spatial pour développer nos produits. Et puis assez rapidement, j'ai développé cette FIB que j'avais déjà en moi de coordination. J'ai fait du procurement, ce qu'on appelle le procurement chez nous.
Pendant cinq ans à peu près, mon deuxième métier, ça a été d'être l'interface entre les concepteurs, les ingénieurs concepteurs d'instruments chez nous et dans nos équipes, et des sous-traitants sur des projets de l'Agence Spatiale Européenne, donc des sous-traitants en Europe, qui nous fabriquaient des détecteurs, des électroniques de détection, ce type d'objets, des pièces mécaniques. par exemple.
[00:32:01] Speaker A: Le procurement, c'est l'achat. Enfin, c'est comme ça que nous, on traduit.
[00:32:04] Speaker B: Alors, c'est pas tout à fait l'achat. En fait, cette fonction-là, c'est vraiment une fonction assez technique, quand même, dans mon environnement, où il fallait à la fois que je comprenne quels étaient les besoins essentiels des concepteurs pour répondre aux spécifications techniques de nos instruments, et puis aider à traduire ça en spécifications d'un élément, d'un instrument.
Et puis ensuite, faire l'interface avec le sous-traitant qui fabriquait et refaire des boucles d'itération, parce qu'on développe dans le spatial des objets tellement complexes, qui poussent les limites de la faisabilité technique de ces objets-là, que quand ce n'est pas faisable par le sous-traitant, plutôt que d'obtenir cette performance-là qu'on lui avait spécifiée, il n'obtient pas tout à fait Il faut trouver un compromis. Voilà, il faut trouver un compromis. Il y avait des boucles d'itération permanentes.
[00:32:56] Speaker A: Et ton job, c'était d'être entre eux, justement, de trouver ces compromis, de pousser leur performance au maximum.
[00:33:01] Speaker B: Voilà.
[00:33:02] Speaker A: Et tu dis, j'avais pas vraiment cette fibre technique. Quand t'as commencé tes études d'ingénieur, quand t'as commencé à travailler en tant qu'ingénieur, t'as dû rencontrer partout des gens qui avaient cette fibre technique.
[00:33:13] Speaker B: Ah oui, forcément.
[00:33:14] Speaker A: Tu t'es pas posé la question, à ce moment-là, en voyant tous ces... Parce que moi, j'en connais des ingénieurs qui ne pourraient faire rien d'autre que d'être ingénieurs. Je suis sûr qu'on t'en connaît aussi.
[00:33:24] Speaker B: Oui, bien sûr.
[00:33:24] Speaker A: Oui, oui, oui.
[00:33:26] Speaker B: Et j'adore se côtoyer ces gens-là et les écouter.
[00:33:28] Speaker A: Mais quand tu as commencé à les croiser dans tes études, tu t'es pas posé la question, justement ?
[00:33:33] Speaker B: Alors, pas dans les études, pas nécessairement dans les études, mais quand j'ai commencé, en fait, mon premier job, la première chose qui m'a frappée, mais vraiment, ça m'a... Dès la première année, quoi, c'est...
Ce sont les compétences humaines nécessaires dans n'importe quel boulot pour faire avancer les choses. Et j'ai réalisé à quel point c'était autant important que les compétences techniques dans nos métiers d'ingénieurs. J'ai observé tout de suite qu'il y avait des ingénieurs brillants qui restaient dans leur coin.
qui ne communiquait pas forcément correctement et donc qui ne faisait pas avancer les choses aussi bien qu'une personne un peu moins experte, mais qui savait aller discuter avec les bonnes personnes, faire le lien entre les personnes dans le but de faire avancer le projet.
[00:34:21] Speaker A: Ces compétences humaines, tu les décrirais comment ? Tu parles de communication.
[00:34:26] Speaker B: Je parle de, oui, de communication, d'écoute, de compréhension de l'essentiel ou des informations essentielles qui font avancer le projet, d'aller chercher les bonnes personnes au bon moment aussi pour débloquer telle ou telle situation. Donc ça, ça demande ce qu'on appelle les soft skills aujourd'hui. Je l'ai senti dès la première année de travail, ça. D'accord.
[00:34:48] Speaker A: Pour toi, une bonne ingénieure ou un bon ingénieur, c'est pas seulement quelqu'un qui est un expert technique et qui comprend un petit peu l'environnement aussi, qui met les gens en relation, qui sait communiquer.
[00:35:03] Speaker B: Et qui a cet état d'esprit aussi de vouloir partager sa connaissance pour aller plus loin, pour l'enrichir d'autres connaissances.
[00:35:11] Speaker A: C'est de la générosité, ça.
[00:35:13] Speaker B: Oui, aussi. C'est de l'ouverture, oui. Donc, au cours de mon parcours, j'ai été entourée d'experts techniques, d'ingénieurs géniaux. Ceux qui ont inventé la communication optique de Gaïa. Il y a un autre collègue qui, à l'origine, tous les concepts et l'optimisation des concepts de nos instruments optiques. Chaque instrument, en fonction de la mission, est complètement différent de notre instrument.
Et comment on optimise ça ? On a des génies dans notre entreprise.
Et en fait, j'ai découvert au fil de l'eau la plus-value et le besoin aussi d'avoir des bons coordinateurs, des bons managers pour arriver à faire bénéficier nos projets de la meilleure expertise, de mettre en relation les personnes qui vont faire avancer le projet plus vite parce qu'on les met en relation. Voilà, très rapidement, j'ai trouvé vraiment ma voie là-dedans en étant passionnée par ça.
[00:36:14] Speaker A: Et c'est comme ça que t'es arrivée...
[00:36:15] Speaker B: Et c'est comme ça que j'ai fait mon petit bonhomme de chemin dans le management.
[00:36:17] Speaker A: Dans le management. Aujourd'hui, ta position, c'est quoi ? Comment tu décrirais ton job, en fait, ton métier ?
[00:36:23] Speaker B: Aujourd'hui, et puis depuis longtemps, en fait, je viens d'en donner quelques éléments, en fait, je me sens un peu comme un chef d'orchestre, en fait.
[00:36:32] Speaker A: Un chef d'orchestre. Un chef d'orchestre.
[00:36:34] Speaker B: Chez Airbus.
[00:36:35] Speaker A: Voilà, c'est ça. On ne savait pas qu'il y avait un orchestre chez Airbus.
[00:36:38] Speaker B: C'Est-À-Dire travailler avec nos collègues allemands, travailler avec nos collègues anglais, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, travailler avec nos collègues français, Voilà. Donc, ça aussi, c'est un grand parcours que j'ai accompagné à ma manière dans mon entreprise, parce qu'à l'époque d'Astrium, on était franco-anglais. Puis après, on a été franco-anglais-allemand. Et puis après, franco-anglais-espagnol. Ce sont les quatre nationalités les plus représentées dans mon entreprise.
[00:37:20] Speaker A: Et dans ton orchestre, t'as combien de personnes ?
[00:37:23] Speaker B: Aujourd'hui, dans mes équipes, j'ai à peu près 600 personnes Airbus, réparties sur cinq sites, trois sites en France et deux sites en Allemagne. Et puis, à ça, il faut ajouter à peu près 35 % de sous-traitants qui travaillent aussi sur les mêmes systèmes sol qu'on développe. En plus des 600 ? En plus des 600, oui.
[00:37:47] Speaker A: Dans trois pays ?
[00:37:49] Speaker B: Alors, oui, on est en France, en Allemagne, on communique essentiellement en anglais, bien évidemment, entre nous.
[00:37:52] Speaker A: Et vous communiquez en anglais, d'accord ? Oui, on est en France, en Allemagne, on communique essentiellement en anglais, bien évidemment, entre nous.
[00:37:56] Speaker B: Et vous communiquez en anglais, d'accord ?
[00:37:57] Speaker A: Oui, on est en France, en Allemagne.
[00:37:58] Speaker B: On communique essentiellement en anglais, bien évidemment, entre nous.
[00:38:01] Speaker A: Et vous communiquez en anglais, d'accord ? Oui, on est en France, en Allemagne, on communique essentiellement en anglais, bien évidemment, entre nous. Et vous communiquez en anglais, d'accord ?
[00:38:11] Speaker B: Oui, on est en France, en Allemagne, on communique essentiellement en anglais, bien évidemment, entre nous.
[00:38:16] Speaker A: Et vous communiquez en anglais, d'accord ?
[00:38:17] Speaker B: Et puis, dans les équipes, il y a une diversité de nationalités assez importante, oui.
[00:38:21] Speaker A: Ça, c'est un sujet dans le management, la diversité de nationalités ?
[00:38:26] Speaker B: Alors, la diversité est un grand sujet qui est vraiment pris à cœur dans mon entreprise. Diversité de nationalités et diversité homme-femme, bien sûr, aussi, qui évolue dans le bon sens depuis des années.
[00:38:47] Speaker A: Et est-ce que ça fait partie des défis aussi en tant que manager ? J'imagine que c'est beaucoup plus difficile de gérer des équipes diverses que des équipes où tout le monde parle la même langue, a la même culture, vient du.
[00:39:02] Speaker B: Même...
Oui, mais bon, c'est plus difficile. Non, c'est plus passionnant. C'est plus passionnant. Et puis, ça amène une richesse aussi aux réflexions, au point de vue.
Alors ça, c'est quelque chose dont j'ai pris vraiment conscience dans mes derniers rôles et postes depuis 10-15 ans. Il y a quelques années, par exemple, j'ai pris en charge, il y a en gros, j'aime bien dire, la personne qui m'a qui m'a embauchée il y a 25 ans, qui est venue me voir un jour et me dire « Anouk, je prépare mon départ à la retraite et en fait, j'aimerais bien que tu prennes ma succession. » Je suis chef d'une équipe d'ingénierie, on appelle ça détection et architecture électrique des instruments. C'est tout ce qui a trait au plan focal. C'est mon domaine de prédilection de tout mon début de carrière.
Et quand il est venu me dire ça, j'ai dit, mais Michel, à ces postes-là, il y a toujours eu des experts techniques. C'est bien que je ne suis pas...
[00:40:02] Speaker A: Et toi, tu ne te décrirais pas comme une experte technique ?
[00:40:06] Speaker B: Non, j'ai un background technique, je comprends ce qu'on me dit, je sais expliquer de façon comme je fais aujourd'hui, de façon vulgarisée, les produits qu'on développe dans mes équipes. Mais je n'ai jamais été une experte technique. Et donc je lui ai dit, à ses postes de chef de département, donc c'était un rôle qu'on appelle de chef de département, c'est-à-dire de niveau au-dessus du working level, comme on dit aussi. J'ai dit, mais il y a toujours eu des experts amis dans cet environnement d'instruments optiques. Il me dit, il est grand temps que ça change, parce que maintenant, on a des effectifs qui se sont beaucoup développés. Il me dit, maintenant, il faut qu'on ait vraiment des bons managers pour accompagner nos ingénieurs. Et on pense que tu vas très bien le faire.
J'étais très câblée à ce moment-là. Projet, projet, projet. J'avais fait 25 ans sur des projets. J'étais passionnée par ça et je pensais vraiment que c'était ma voie de toute ma carrière. Et puis, je me suis dit bon, je vais faire d'autres expériences, je vais découvrir d'autres choses. Et puis, pourquoi pas ? Ce ne sera pas un point de non-retour au projet. Donc, allons-y.
Et à ce moment-là, il m'a dit quand je... Il m'a dit mais en fait, ta conscience technique, ce sont tes chefs d'équipe, tes team leaders. Et là...
[00:41:27] Speaker A: Mais c'est pas difficile, justement, d'avouer à un moment qu'on a moins de compétences que les gens qu'on dirige, finalement ?
[00:41:36] Speaker B: Et justement, et surtout, à cette époque-là, je parle d'il y a dix ans à peu près, la fonction du manager évoluée et où, effectivement, il y avait encore des schémas où moi, j'avais un peu ce schéma-là de complexe technique et de me sentir un peu... Oui, on connaît le syndrome de l'imposteur, d'être manager de personnes extrêmement brillantes.
J'ai dû travailler là-dessus à une époque de ma carrière. C'est là que j'ai vraiment commencé à comprendre et à utiliser et à développer ça dans mes fonctions de managerial après, l'importance de la complémentarité dans son équipe.
Et donc comment on s'appuie sur son équipe, comment on est complémentaire, comment on développe les personnes aussi qui travaillent avec soi, en leur laissant toute leur place sur certaines activités sur lesquelles on n'aurait pas forcément donné leur place auparavant.
[00:42:32] Speaker A: Et comment, quand tu t'es rendu compte de ça, comment tu as dépassé finalement ces préjugés bien ancrés que le manager doit tout savoir et que ceux qui sont en dessous doivent exécuter parce que c'est le manager qui sait tout ?
[00:42:46] Speaker B: Alors d'abord, j'ai été entourée d'un environnement très bienveillant. J'ai eu la chance réellement pendant des années d'avoir des managers qui à la fois m'ont proposé des challenges pour moi, pour mon développement, tout en étant à la parade, tout en m'aidant à réussir dans ce que je faisais. Et notamment à une époque où j'avais un peu ce syndrome de l'imposteur. C'était une époque aussi où je faisais de la coordination d'une équipe.
de collègues. En fait, j'étais au même niveau hiérarchique qu'auparavant, quoi. Donc, c'est peut-être la chose la plus difficile où on n'est pas tout à fait tout dessus du légitime, en fait. Il faut acquérir sa légitimité dans le poste. Et je disais, mais en fait, tout ce qu'ils font, je ne sais pas forcément faire. Et tout ce que je fais, ils savent tous faire, quoi. Ils m'ont dit, non, mais Manouk, t'as rien compris, là ! Donc lui, il m'a aidé à prendre confiance et à voir que j'apportais autre chose et que voilà. Et c'était le point de départ aussi de prendre plus de confiance en moi et puis de sortir de mes zones de confort et puis d'aller plus loin.
[00:43:59] Speaker A: D'aller plus loin, ça veut dire aussi savoir maintenant pas simplement tes points faibles, mais connaître aussi tes points forts.
[00:44:05] Speaker B: C'est ça.
[00:44:06] Speaker A: Direz que c'est quoi tes points forts en tant que manager.
Désolé de te mettre sur le grill.
[00:44:15] Speaker B: Je pense que mes points forts, c'est d'arriver à aligner les gens autour de moi et donc pas forcément à chercher le consensus. C'est pas ça. J'ai un style, de par mon parcours, j'ai un style aussi de management assez collaboratif. Et l'idée, je rebondis aussi sur ce que je disais avant, c'est c'est savoir aller chercher les bonnes informations au bon moment, auprès des bonnes personnes, et puis de faire un mix de tout ça pour prendre une décision de façon plutôt efficace. Développer la collaboration dans une équipe, pour la mener plus loin, je pense que c'est ma principale force.
[00:44:56] Speaker A: Développer les personnes quand on parle, t'as les yeux qui brillent vraiment plus qu'eux-mêmes.
[00:45:00] Speaker B: Quand tu parles de... Ah oui, développer les personnes. Alors, donc, j'ai dit tout à l'heure, j'ai fait 25 ans dans les projets. J'ai commencé à travailler à ça, à développer les personnes dans ce cadre-là. Mais réellement, j'ai davantage travaillé là-dessus quand je suis devenue chef de département, justement, et donc responsable hiérarchique des personnes. Et ça, ça, voilà, j'ai découvert aussi le mentoring.
Le mentoring. C'est-à-dire que le mentoring, j'ai d'abord bénéficié d'un mentor extraordinaire quand je commençais mon poste chef de projet sur Sentinelle 2.
[00:45:40] Speaker A: Chez Airbus.
[00:45:41] Speaker B: Chez Airbus. L'idée, c'est d'avoir une personne qui est plus senior, on va dire, dans sa carrière.
qui est dans une organisation complètement différente de la sienne, qui n'a pas de lien hiérarchique avec laquelle c'est peut-être plus facile, à partir du moment où la relation de confiance est établie, de parler de choses avec lesquelles on va être plus libre pour parler de certaines choses.
Et en fait, par le biais de ces discussions, d'aller plus loin, de considérer d'autres points de vue, d'envisager aussi des évolutions dans son parcours professionnel. Et donc, j'ai eu une expérience vraiment géniale avec une personne qui m'a réellement super bien accompagnée. Il est à la retraite maintenant, on est resté en contact. Et le jour où on a commencé, on s'est rencontré pour la première fois, on devait établir nos critères de succès du programme de mentoring qu'on était en train de commencer.
[00:46:46] Speaker A: Parce que juste, pour qu'on comprenne bien, le mentoring, c'est pas juste se rencontrer une fois par semaine et discuter autour d'un café. Il y a toute une méthode.
[00:46:54] Speaker B: Oui, alors justement, quand j'ai commencé ce programme de mentoring avec Yann, il s'appelle, c'était un peu nouveau dans l'entreprise. C'était un peu nouveau. En plus, on venait de se rassembler avec la partie allemande, avec nos collègues allemands.
Il y avait vraiment une volonté de travailler sur une meilleure collaboration en transnational.
Ils avaient fait en sorte, dans ma direction, de faire des couples menti-mentor, deux nationalités différentes.
et avec deux niveaux hiérarchiques d'écart. Et comme c'était nouveau et qu'on ne savait pas trop ce que ça voulait dire le mentoring, on avait ce qu'on appelait, enfin il fallait potasser avant de la première rencontre, un mentoring kit. Et alors dans ce mentoring kit, donc avant la première rencontre, ils nous demandaient d'établir notre premier plan de carrière.
Moi, je venais juste de prendre mes responsabilités sur le projet Sentinel-2. J'avais dit oui parce qu'on nous présentait ce programme de mentoring comme étant le moyen d'être plus acteur sur notre développement, pour travailler sur notre prochaine opportunité de poste, etc.
Et donc, il nous demandait d'établir notre plan de carrière. Et puis, il nous demandait aussi de définir les critères de succès de ce programme de mentoring.
[00:48:21] Speaker A: Vous-même ?
[00:48:22] Speaker B: Nous-même. Donc, je l'ai rencontré, Yann, à Ottobrunn, en Allemagne.
[00:48:28] Speaker A: Et lui, Yann, c'était différent ?
[00:48:31] Speaker B: Non, oui, en fait, il s'appelle Yann Walter. C'est un Anglais qui était basé à Outobrune, en Allemagne. Et donc, on arrive, première rencontre, un peu stressé quand même, un peu impressionné.
Et on arrive à la question plan de carrière. J'ai dit, écoute, moi, je viens de démarrer sur le projet Sentinelle 2. Mon premier objectif, c'est de réussir sur ce poste-là. Et mon plan de carrière ? Non, je n'ai jamais eu de plan de carrière.
Jusque-là, j'avais été vraiment portée par les événements et par les opportunités qu'on me proposait.
Et il me dit, t'as raison, ça, on s'en fiche un peu. Il me dit, une carrière d'abord, fais super bien ton boulot, fais en sorte d'être un peu visible. Et puis, une carrière, c'est fait d'opportunités et les opportunités, elles viendront à toi si déjà tu fais ça. J'ai dit, très bien, premier bon conseil.
Et puis ensuite, quand on est arrivé aux critères de succès de notre programme de mentoring, donc il m'avait expliqué que lui, il adorait faire ça, développer les gens, les idées à se développer et qu'en fait, au niveau de responsabilité où il était à ce moment-là, il me dit Je peux déléguer ce que je sais moins faire, ce que je sais moins bien faire et ce que j'aime moins faire aussi.
Et le mentoring, j'adore faire ça. Donc à partir d'aujourd'hui, tu es ma première priorité, il me dit. Super ! Et effectivement, il m'a vraiment... Enfin, c'était vraiment le bon moment parce qu'une expérience de mentoring, ce n'est pas le mentor qui amène juste ce qu'il est. C'est beaucoup déjà, mais réellement, c'est ce que le mentee, celui qui a envie de faire avec ça et d'aller chercher comme conseil, comme point de vue, etc. Et donc, critère de succès, il me dit, moi, mon critère de succès, c'est le jour où tu seras mentor toi-même.
Et.
[00:50:40] Speaker A: C'Est quelque chose qui t'apporte beaucoup de satisfaction, justement, d'être mentor d'autres personnes, de les voir se développer.
[00:50:49] Speaker B: Alors oui, oui, en fait, j'adore faire ça. Il se trouve que je suis souvent sollicitée par des jeunes femmes, mais pas qu'eux. Et oui, en permanence, j'ai deux, trois mentees depuis plusieurs années. Alors, c'est très variable. Les relations sont très différentes. Les besoins sont très différents.
[00:51:11] Speaker A: Et tu as gardé le même critère de succès pour toutes ?
[00:51:14] Speaker B: Tous ? Oui, non, pas nécessairement. Moi, ce qui m'importe, c'est que si je peux aider, je suis ravi de le faire. Donc voilà, je suis à leur disposition quand elles ont besoin d'un moment de discussion. Je fais ce qu'on a fait pour moi, en fait. Je donne d'autres éclairages. Surtout, ce que j'aime bien faire, c'est quand elle ou il m'apportent une certaine problématique.
c'est jamais donner des solutions toutes faites, mais de challenger un peu, de leur proposer de faire des expériences pour tester des choses. Parfois, avec certaines en particulier, j'ai vu certaines personnes sortir de leurs coquilles de façon émouvante même.
[00:52:03] Speaker A: Le mentoring, c'est aussi poser beaucoup de questions.
[00:52:06] Speaker B: Oui, bien sûr.
[00:52:06] Speaker A: Poser les bonnes questions. Pour que les gens qui ont la réponse en eux, finalement, puissent la formuler. C'est ça. Ce que je trouve fascinant en discutant avec toi, si je peux me permettre, Anouk, c'est qu'on se rend compte qu'on peut participer à des missions spatiales révolutionnaires, fascinantes, utiles, développer tout un tas de personnes dans le secteur spatial, sans être astronaute, ingénieur de génie, Ce qui est un petit peu un préjugé à la base. Quand on veut participer activement et véritablement aux missions spatiales, il faut être un geek à la base, il faut être absolument génial sur tout. Ce qui me fascine le plus dans notre discussion, c'est de me rendre compte que on peut être un véritable acteur, actrice, en l'occurrence du spatial, en ayant d'autres qualités. Tu parlais de soft skills, ces qualités humaines qui peuvent aussi, qui ont tout à fait leur place finalement dans le spatial.
[00:53:14] Speaker B: Oui, tout à fait.
[00:53:16] Speaker A: Et ça, je trouve que c'est un beau message, une belle constatation. Le secteur spatial, c'est un milieu qui est particulier pour toi, tu es particulièrement attaché, ça fait 33 ans que tu travailles chez Airbus, d'accord ? Mais est-ce que c'est ce milieu du spatial qui t'attire particulièrement ?
[00:53:36] Speaker B: Alors oui, j'y suis particulièrement attachée parce que même si, comme je l'ai dit, je n'ai jamais été une expert technique, en fait je suis tout le temps émerveillée d'écouter, de contribuer et puis d'être au contact d'experts techniques qui sont passionnants.
qui sont passionnants dans l'entité que je dirige depuis trois ans. Il y a des génies aussi, des personnes qui sont passionnées par ce qu'ils font et quand ils en parlent, c'est magique en fait.
Oui, ça me porte toujours autant.
[00:54:28] Speaker A: On a dit à nous que tu as commencé ta carrière il y a 33 ans chez Airbus. Tu parles du modèle de leadership dans l'entreprise. Quand tu as commencé ta carrière, peut-être que les préjugés sur le management étaient différents de ce qu'ils sont aujourd'hui. Peut-être qu'il y avait moins de femmes. C'était le cas dans le secteur spatial. En tout cas, je ne sais pas vraiment chez Airbus, mais il y avait moins de femmes dans des postes à responsabilité, notamment des responsabilités de de management de personnes. Est-ce que c'est un changement que tu as observé dans ta carrière ? Est-ce que c'est quelque chose qui t'a sauté aux yeux ou alors pas du tout ?
[00:55:08] Speaker B: Déjà, en proportion, quand j'ai commencé en 1990, il y avait beaucoup moins de femmes en proportion dans tous les effectifs de l'entreprise. J'ai évolué comme ça, dans cet environnement-là, très masculin.
Ça m'est arrivé, je ne sais combien de fois, d'être la seule femme dans une réunion de 10 personnes, voire plus. Ça a évolué au cours du temps en termes de proportion de femmes dans les effectifs. Et puis, par contre, dans la hiérarchie, dans les postes de responsabilité, quand j'ai commencé, il y a pendant 10-15 ans, il n'y avait aucune figure féminine dans les postes de management.
[00:55:58] Speaker A: Et est-ce que toi, le fait de ne pas avoir des figures féminines au-dessus de management, est-ce que ça t'a affecté personnellement dans tes aspirations de carrière ?
[00:56:09] Speaker B: C'était pas conscient, mais au moment où j'ai commencé à justement me développer en tant que manager, dans le cadre de projets d'abord, ça a fait... C'était pas conscient, mais j'ai eu le sentiment, pendant longtemps d'ailleurs, dans mon entreprise, que je jouais un rôle au travail, que je n'étais pas réellement moi-même, et un rôle peut-être sans doute en mimétisme un peu des managers que je voyais autour de moi. Je n'avais pas de modèle féminin. J'avais la figure paternelle autoritaire, qui était ingénieure lui aussi.
Donc, voilà.
Et en fait, ce qui a été vraiment une révélation pour moi et aussi une sorte de libération et qui m'a permis de davantage m'épanouir dans ces fonctions-là, c'est la découverte du leadership modèle d'Airbus. Ça fait 15-20 ans en fait que le premier a été développé. Alors, à l'époque, moi, leadership, ça ne voulait rien dire pour moi. En fait, c'était un peu C'était un peu mythique ou très masculin. Je ne me posais même pas la question.
Et en fait, quand j'ai découvert ce modèle, je vais essayer de décrire ce que ça veut dire. En gros, dans le diarchie modèle d'Herbius, il y a trois axes.
Il y a à l'axe mon impact, donc connaissance de soi. Il y a à l'axe connaissance des autres. People focus, focus sur les personnes. Et puis il y a à l'axe focus sur le business.
Quel est mon impact sur moi-même, ma connaissance de moi-même ? Il revient à bien se connaître pour bien interagir avec les autres.
Il y a l'axe s'occuper des personnes, les manager, et puis il y a l'axe, mon impact sur le business, sur les projets. Et en fait, sur chaque axe, je ne vais pas faire le détail, mais il y a quatre composantes.
Juste pour en citer quelques-unes sur l'axe, sur ce qui m'a beaucoup plu dans le premier livre, il a un peu évolué, mais sur le premier livre chez Modal d'Airbus, c'est que le premier axe était « Sois toi-même ». Voilà.
[00:58:29] Speaker A: D'accord, donc dans la connaissance de soi.
[00:58:31] Speaker B: Dans le focus sur soi. Voilà, la meilleure valeur, enfin le message qui est derrière, c'est que la meilleure valeur qu'on a ajoutée dans l'entreprise, c'est d'être soi-même parce qu'en étant soi-même, on apporte de la diversité. On ne se copie pas de tous, on n'apporte plus de diversité de point de vue, etc.
Sur le deuxième axe, celui qui me vient comme ça, c'est connect and collaborate, c'est-à-dire faire son réseau dans l'entreprise pour donner plus de valeur ajoutée au collectif. Et puis, dans le troisième, impact sur le business, c'est savoir prendre des décisions, par exemple. Je ne vais pas m'étendre davantage. Et en fait, je ne savais pas ce que c'était le leadership à cette époque-là. J'avais sacrément besoin de développer ma confiance en moi. C'est vrai, j'ai fait un long parcours depuis des années. Je me dis mais en fait, je coche toutes les cases en fait.
leadership, c'est pour moi aussi.
[00:59:26] Speaker A: Ça t'a ouvert les yeux ?
[00:59:27] Speaker B: Je coche toutes les cases avec différents degrés de maturité, en fait, bien sûr. Et puis, on peut toujours se développer où on est plus faible sur un certain axe que sur d'autres. Mais voilà, ça a quand même dévistifié tout ça et ça m'a en fait libérée d'un point. Et je me suis dit, en fait, je vais faire mon modèle à moi. Je n'ai pas besoin de copier les autres, en fait.
[00:59:45] Speaker A: Voilà, ça t'a libéré du mimétisme un petit peu en réflexe, finalement, que tu avais au début. Et ça t'a donné une méthode qui t'a aussi permis de réaliser que c'était pour toi.
[00:59:59] Speaker B: Voilà, ça m'a confirmé que j'étais ma voix encore aussi.
[01:00:02] Speaker A: Et aujourd'hui, quand tu as des jeunes filles ou de jeunes femmes qui sont avec toi en mentoring, c'est un sujet que vous abordez ou ça n'est pas partie des problématiques principales ? Le fait d'avoir des exemples plus seniors ?
[01:00:18] Speaker B: Oui, ce sont des thèmes qu'on aborde. Là aussi, l'équilibre vie privée-vie professionnelle, qu'on aborde beaucoup. Et puis après, des problématiques très particulières des uns des autres. Je parle éventuellement de mon expérience, mais l'idée, quand je parle de mon expérience, c'est de donner éventuellement des clés de réflexion à la personne qui est en face. Ce n'est pas du tout pour donner des recettes.
[01:00:48] Speaker A: Et tu dirais que tu as vu le secteur évoluer un petit peu sur ce point-là depuis le début de ta carrière jusqu'à aujourd'hui ?
[01:00:56] Speaker B: Oui, oui, beaucoup, beaucoup. Je pense que le modèle de management patriarcal a quand même pas mal évolué. Et le modèle de leadership dont je viens de parler contribue à ça. C'est-à-dire qu'il est basé sur des valeurs.
sur des valeurs de collaboration, de respect, d'écoute, de travail en équipe. Donc la vision du management, en tout cas les principes de ce qu'on attend d'un manager chez Airbus, ils ont beaucoup évolué depuis qu'ils ont été énoncés, en tout cas au travers de ce modèle.
[01:01:30] Speaker A: Ça donne envie de t'avoir comme manager en tout cas ! C'est clair. Alors Anouk, tu sais, c'est une émission sur l'espace, bien sûr. Et je pose à toutes mes invitées une série de questions rapides.
Alors rapide, ça veut simplement dire que moi, je pose les questions rapidement. Mais toi, tu peux prendre le temps de répondre si tu veux. La première question, c'est la question moins plus.
La question « moins plus », c'est simple, ça fait 33 ans que tu es dans cette carrière. Qu'est-ce que tu aurais voulu faire moins et qu'est-ce que tu aurais voulu faire plus ?
[01:02:06] Speaker B: Alors, cette question, elle me plaît moyen, en fait. Si c'était à refaire. En fait, justement, si tu traduisis en plus ça comme si c'était à refaire, alors vraiment, c'est vraiment dans ma nature de ne pas avoir de regrets sur rien du tout.
[01:02:20] Speaker A: Mais c'est aussi dans ta nature d'optimiser les choses.
[01:02:23] Speaker B: Mais en rebondissant sur ce qu'on a échangé avant, sur la connaissance de soi et sur les clés pour prendre plus confiance en soi, pour mieux interagir avec les autres et donc qui ont aussi de l'impact, évidemment.
autant dans la vie privée que dans la vie professionnelle. J'ai découvert il y a quelques années certains outils de développement personnel qui visent à la meilleure connaissance de soi pour être globalement mieux dans sa vie, y compris dans sa vie professionnelle. Et si j'avais pu découvrir ça plus tôt, ça aurait fait plus de mieux dans ma vie globale. Des outils ?
[01:03:03] Speaker A: C'est quoi ces outils ?
[01:03:04] Speaker B: En fait, j'ai découvert un podcast grâce à ma sœur, il y a quelques années. Ça s'appelle « Change ma vie ». Et donc, en fait, comme l'auteur le dit dans son podcast, ce sont des outils pour l'esprit qui m'ont réellement aidée à mieux comprendre mes émotions, mieux gérer mes émotions et mieux comprendre celles des autres. Et dans la vie du manager, c'est complètement essentiel.
[01:03:30] Speaker A: Comme quoi, on peut écouter des podcasts.
[01:03:31] Speaker B: Et changer sa vie.
[01:03:34] Speaker A: Et qu'est-ce que tu aurais voulu faire moins, finalement ? Il y a bien quelque chose que tu aurais voulu faire moins, si tu avais eu le choix.
[01:03:40] Speaker B: Tout début de carrière. J'ai eu cette tendance, comme beaucoup d'ingénieurs d'ailleurs, d'être un peu trop perfectionniste, d'aller dans le détail, de bouffiner, de passer beaucoup de temps, plus de temps qu'il n'en faut pour accomplir le juste nécessaire. Et en fait, j'ai appris ça à être... Alors là, j'ai complètement, radicalement travaillé sur ce sujet-là à partir du moment où j'étais maman.
parce qu'on n'en a pas parlé, mais j'ai trois filles. J'ai deux filles qui sont jumelles, donc les aînés ont aujourd'hui 27 ans. Et là, il a fallu travailler l'efficacité pour arriver à sauver du temps pour moi et pour les autres. Et donc, là, j'ai vraiment travaillé sur comment on fait l'essentiel, l'acceptable et le juste bien.
[01:04:28] Speaker A: D'Être moins perfectionniste. Aujourd'hui, tes filles, t'es aînée en 27 ans, tu dis ?
[01:04:33] Speaker B: Mes aînées en 27 ans, la plus jeune à 22 ans.
[01:04:35] Speaker A: D'accord, donc pour tous ceux qui ont eu des jumeaux, qui ont eu la chance d'avoir des jumeaux, ils savent que c'est du boulot. On ne peut pas continuer à tout faire parfaitement.
[01:04:44] Speaker B: C'est clair. Ça oblige à changer des priorités.
[01:04:49] Speaker A: Ton livre spatial préféré, tout le monde a un livre spatial préféré dans ce domaine. Est-ce que tu en as un ?
[01:04:55] Speaker B: Alors oui. L'auteur, c'est Jean-Pierre Gou.
[01:04:57] Speaker A: Oui.
[01:04:58] Speaker B: Je ne sais pas si tu connais Jean-Pierre Gou. Non. En fait, les livres qui m'ont passionnée s'appellent Siècles bleus. Ce sont les premiers livres qu'il a sortis et qui m'ont été offerts par ma sœur. Et Jean-Pierre Gou, c'est un scientifique, un entrepreneur.
un écrivain, un conférencier. Ce sont des livres un peu de science-fiction, mais avec une vision un peu utopique, écologiste, sur fond de complots planétaires. Et d'ailleurs, dans ces bouquins du siècle bleu, il y a donc une organisation militante pour préserver, pour sauver la planète qui s'appelle Gaïa.
Dans ce livre aussi, il y a tout un récit qui participe à l'histoire, donc toute une épopée spatiale pour sauver la planète avec toute une analyse des ressorts économiques, scientifiques, écologiques. C'est passionnant, c'est un peu utopique, mais c'est militant aussi un peu.
C'est ma soeur qui m'a offert ces bouquins à Noël. Ils étaient dédicacés parce qu'elle avait vu une conférence de ce Jean-Pierre Gou. J'avais appris ça avec distance, on va dire, et quand j'ai commencé à lire, j'ai été vraiment passionnée. J'ai contacté ce monsieur en année 2019, en ayant l'idée de l'inviter dans notre entreprise pour faire une conférence. Et puis, il y a eu le Covid, tout ça, ça ne s'est pas fait.
Et puis récemment, c'était fin mars, j'apprends que grâce au réseau Women in Aerospace, ils faisaient une conférence au B612 à Toulouse, qui est notamment l'Institut de Recherche Technologique de Toulouse, et puis d'autres startups qui sont des instituts de recherche avancée, qu'on va dire. Et donc B612, ça fait référence à Antoine Sentec-Dupéry.
Et Jean-Pierre Gault faisait une conférence suite à la sortie de son dernier bouquin, qui s'appelle Révolution bleue, La petite princesse, en référence aux petits princes. Et donc, cette conférence était aussi passionnante parce qu'en fait, il a tiré bénéfice. Donc, comme j'ai dit, c'est un chercheur. Il s'intéresse beaucoup à la géopolitique, à l'économie.
Il était en présence du petit-fils de Saint-Exupéry, qui est responsable de cette fondation. Ils ont fait le lien entre Saint-Exupéry et ce qu'il développe dans ce bouquin-là. Je l'ai fait dédicacé. En fait, je l'ai à peine commencé parce que j'ai dix mille bouquins en cours en ce moment. Mais voilà, je voulais en parler parce que réellement, c'est quelqu'un à rencontrer et qui qui réellement poussent des idées magnifiques sur la transition écologique, comment on peut contribuer. Et comment le spatial peut contribuer à ça.
[01:08:05] Speaker A: Jean-Pierre Gou.
[01:08:06] Speaker B: Jean-Pierre Gou.
[01:08:07] Speaker A: Et tu es une personne, je comprends, qui lit plusieurs livres en même temps.
[01:08:11] Speaker B: Oui.
[01:08:12] Speaker A: Il y a deux types de personnes, ceux qui savent faire ça et ceux.
[01:08:14] Speaker B: Qui ne savent pas. Oui, mais voilà.
fonction de l'humeur.
Et ce que j'ai adoré dans ces bouquins, c'est qu'ils parlent beaucoup de musique.
Et donc, si vous allez sur Deezer ou sur d'autres plateformes, il y a les playlists de toutes les musiques ici dans un bouquin. C'est génial. C'est génial.
[01:08:36] Speaker A: Et moi, j'adore la musique. On est dans un studio de musique qui est un endroit qui est imprégné de musique. On est aussi comme ça. Dans le spatial, tout le monde a un film spatial préféré. Est-ce que c'est ton cas ?
[01:08:50] Speaker B: Alors, pour moi, c'est Interstellar.
[01:08:51] Speaker A: Interstellar.
[01:08:52] Speaker B: Interstellar, voilà. Pourquoi ? C'est un film, déjà, qui a une esthétique remarquable, une musique remarquable aussi, qui développe aussi... Je disais que j'étais passionnée par les gens qui parlaient de science.
Donc, il développe un discours aussi scientifique très intéressant.
[01:09:15] Speaker A: Révolutionnaire, presque.
[01:09:17] Speaker B: Révolutionnaire aussi.
Et puis, l'autre chose qui me plaît beaucoup dans ce film, c'est la représentation qui est faite de la déformation espace-temps. Oui. C'est très, très bluffant. Et puis après, ça parle des passions humaines.
Ça parle d'amour filial, de sentiments amoureux. Ça parle de de trahison, d'héroïsme, d'engagement, d'héroïsme. Et puis, sur fond, comment on pourrait sauver de nos problèmes actuels de dégradation climatique et de comment on pourrait sauver notre planète ou chercher d'autres mondes possibles. Voilà.
[01:10:01] Speaker A: Et tu sais que c'est aussi le film spatial préféré de Luca Parmitano, qui est un astronaute italien. C'est aussi son film spatial préféré. Lui aussi, il a deux filles. Donc, il y a toute une histoire entre un père et sa fille. C'est quelque chose qui l'a beaucoup touché, au-delà de la musique d'Anne Simmer et puis l'esthétique particulière dont tu parles. Qu'est-ce que tu as appris dans ta carrière de plus précieux ? Je vais reformuler ma question.
[01:10:30] Speaker B: Attends, avant que tu reformules ta question, j'aimerais parler aussi de ma musique préférée.
[01:10:35] Speaker A: Ah, c'est quoi ? Tu as une musique spatiale préférée ?
[01:10:38] Speaker B: Alors, j'ai un album dont je voulais parler, c'est Fleur En Marché, qui a fait tout un album qui parle de l'espace. Ça s'appelle Bambi Galaxie. Bambi Galaxie. Et il y a notamment une chanson, je crois que ça s'appelle Apollo 21, qui parle de ça, de départ d'une planète qui est foutue et de recherche d'une autre planète où aller vivre parce que notre planète n'est plus habitable. Donc, c'est des mêmes problématiques. Et Fleur En Marché, j'adore.
[01:11:05] Speaker A: Quelle est la chose la plus précieuse que tu as apprise dans ta carrière ? Qu'est-ce que t'aurais voulu savoir en fait, en commençant ?
[01:11:18] Speaker B: Qu'est-ce que j'aurais voulu savoir en commençant ? Non, je ne sais pas vraiment répondre à cette question. Qu'est-ce que j'aurais voulu savoir ? Tout ce que j'ai appris après, mais je veux dire, c'est un chemin. Beaucoup de choix du coup.
[01:11:32] Speaker A: Et quel est le conseil que tu donnerais à une jeune personne qui voudrait se lancer dans une carrière spatiale aujourd'hui ?
[01:11:38] Speaker B: Je n'ai pas de conseil général ou de recette magique, ça revient aussi aux discussions sur le mentoring. En général, que ce soit une personne qui vient pour du mentoring ou une jeune personne qui a envie de faire une carrière dans l'espace, je commence par lui demander Pourquoi ? Quelles sont ses motivations ? Qu'est-ce qu'il a envie de faire ? Le conseil que je donnerais peut-être, j'étais surprise quand mes filles, mes trois filles travaillent toutes les trois là, juste depuis peu de temps, mais la première est ingénieure. Il y avait cette notion dès son premier poste.
dès son premier travail, trouver un travail épanouissant. C'était son maître mot, épanouissant. Je me dis, je ne me posais pas cette question à l'époque. Il fallait travailler, quoi. Et donc, le conseil que je leur donne, c'est faites vos expériences. Le premier travail ne sera peut-être pas le travail de votre vie, mais ça va vous faire rebondir sur autre chose. Et puis, soyez curieux, allez voir autour et faites votre chemin. Mais il n'y a pas de recette magique, il faut trouver son chemin.
[01:12:42] Speaker A: Ça, c'est un excellent conseil.
Merci Anouk, merci d'avoir passé ce temps avec nous, merci d'être venue nous voir au studio.
[01:12:48] Speaker B: Avec grand plaisir.
[01:12:49] Speaker A: Et surtout merci d'être une de celles qui, sur Terre, font l'espace.
[01:12:54] Speaker B: Merci à toi Julien.
[01:12:56] Speaker A: Merci d'avoir écouté cet épisode de Elles font l'espace en partenariat avec Airbus. Cet épisode était produit et réalisé par François Bonnet, Cyril Nobillet et Yann Famoutri. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à le partager et à nous mettre plein d'étoiles. Et nous, on se retrouve très vite sur vos plateformes préférées pour un nouvel épisode de Elles font l'espace.