Episode 7

November 25, 2024

00:42:11

De l'île de La Réunion à l'Espace, avec Erika Velio

Hosted by

Jules Grandsire
De l'île de La Réunion à l'Espace, avec Erika Velio
Elles font l'Espace
De l'île de La Réunion à l'Espace, avec Erika Velio

Nov 25 2024 | 00:42:11

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Show Notes

Dans ce nouvel épisode, je vous présente Erika Velio, une femme inspirante qui trace son chemin dans le monde de l’aérospatiale. Au moment de l’enregistrement, elle était ingénieure chez Airbus Defence and Space, poste qu'elle a quitté depuis pour devenir cheffe qualité à l’Institut pour la Recherche Spatiale des Pays-Bas. Présidente de l’association PIKALI, Erika œuvre aussi pour le développement d’une culture et d’une économie spatiale sur l’île de la Réunion. Ensemble, nous discutons du retour de l’humanité sur la Lune, de la place des femmes dans l’espace et de comment on accède à son rêve de carrière spatiale contre toute attente. Bonne écoute !

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Direction artistique et éditoriale: Jules Grandsire
Direction de la production et musique originale : François Bonnet, Cyrille Nobilet et Jan Pham Huu Tri
Prise de son: François Bonnet
Montage: François Bonnet
Musique originale: Jan Pham Huu Tri

Cet épisode est produit avec le soutient de l'Académie spatiale d'Ile de France

 

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Episode Transcript

[00:00:00] Speaker A: Il faut toujours une première personne pour faire quelque chose, pour ouvrir chemin. [00:00:09] Speaker B: Dans ce nouvel épisode, je reçois Erika Velio. Au moment de l'enregistrement, vous allez l'entendre, Erika était ingénieure chez Airbus Defence & Space. Elle est récemment devenue chef qualité à l'Institut pour la Recherche Spatiale des Pays-Bas. Elle est aussi la présidente de l'association Picali pour le développement d'une culture et d'une économie spatiale sur l'île de la Réunion. Avec Erika, je parle du retour de l'humanité sur la Lune et de comment on accède à son rêve de spatial contre toute attente. Bonjour Erika. [00:00:46] Speaker A: Bonjour Jules. [00:00:47] Speaker B: Alors Erika, on se connaît un petit peu, tous les deux. On n'avait jamais travaillé ensemble, en tout cas pas à ma connaissance. [00:00:53] Speaker A: C'est vrai. [00:00:53] Speaker B: Mais on s'est croisés sur le festival Stars Up à Meudon, l'année dernière, c'est ça ? [00:00:59] Speaker A: Oui, tout à fait, au Hangar Y. [00:01:00] Speaker B: Au Hangar Y, exactement, dans un lieu plein d'histoires. [00:01:05] Speaker A: Tout à fait. [00:01:05] Speaker B: De l'histoire héros, navale, en tout cas. Et ce jour-là, tu présentais un petit peu ce que tu fais dans la vie finalement. Est-ce que tu peux nous en dire un petit peu plus ? [00:01:19] Speaker A: Oui, tout à fait, avec grand plaisir. Alors, je suis ingénieure chez Airbus Defence & Space au Pays-Bas. Et effectivement, au cours du festival Starts Up, je présentais le programme Artemis. Donc, il faut savoir qu'au sein de l'industrie Airbus au Pays-Bas, nous avons la fabrication des panneaux solaires qui équipent finalement la capsule, le vaisseau spatial Orion, qui vont ramener des astronautes vers la Lune. Et ça s'inscrit dans un programme qui s'appelle Artemis. Et moi, j'aime beaucoup en parler parce que c'est symbolique, c'est challenging, c'est technique. Et au-delà de ça, je trouve qu'on fait comme un flashback, mais dans le futur, pour repartir vers la Lune. [00:02:08] Speaker B: Et donc ton rôle chez Airbus en Hollande, c'est ça ? Ça concerne quoi exactement quand on parle des panneaux solaires ? On comprend bien que les panneaux solaires, c'est ce qui va alimenter un vaisseau spatial en énergie notamment. Et ton rôle dans cette fabrication, c'est quoi exactement ? [00:02:28] Speaker A: Alors il faut savoir que dans l'industrie Airbus, nous sommes une équipe qui travaillons sur l'achèvement de la fabrication des panneaux solaires. Pas uniquement, parce qu'on fait aussi des structures et autres. Mon rôle particulièrement dans cette équipe, c'est de m'assurer que le produit des panneaux solaires soit réalisé conforme à la demande du client. Donc, grosso modo, le client final, c'est la NASA. L'Agence spatiale européenne a sélectionné des industriels pour faire des morceaux de ce vaisseau spatial. Les Pays-Bas ont été sélectionnés pour les panneaux solaires. Et nous dans notre équipe, on a un Project Manager, ce qu'on appelle un Product Assurance Manager, donc ça c'est mon rôle. Donc on a un Project Controller, celui qui va vérifier que le budget est respecté pour achever cette mission de fabriquer des panneaux conformément à ce qui a été accordé entre les clients et nous. Et puis, d'autres fonctions. La mienne est vraiment interdisciplinaire, c'est-à-dire que je travaille avec toute la partie technique, qu'il soit électrique, mécanique, ce qu'on appelle aussi ce qu'on appelle le triple I. Triple I ? Ça y est, j'ai sorti. Première acronyme. Exactement. [00:03:55] Speaker B: 10 euros dans le petit cochon. [00:03:57] Speaker A: Alors, je reprends. Ma fonction, elle est interdisciplinaire. Je travaille avec les équipes techniques qui, eux, apportent des compétences en électrique, en mécanique et d'autres disciplines. [00:04:11] Speaker B: Mais Product Assurance Manager, ça n'a rien à voir avec les assurances. [00:04:15] Speaker A: Non, pas du tout. [00:04:16] Speaker B: Moi, j'ai des assurances. Ça n'a rien à voir. [00:04:18] Speaker A: Ça n'a rien à voir avec les assurances. [00:04:21] Speaker B: En gros, ton quotidien, c'est d'être derrière un bureau, c'est d'être derrière une console, c'est d'être en salle blanche. [00:04:29] Speaker A: On a, je ne sais pas, 50% de mon temps généralement derrière un ordinateur et les 5 autres % en salle blanche. Donc c'est réparti sur vraiment la partie technique et administrative et la partie plus proche du matériel où on va inspecter le matériel, vérifier les différents écarts qu'il y a entre ce qui a été fabriqué et ce qui, finalement, est en désaccord avec ce qui a été défini avec le client, pour essayer de trouver des solutions à ces écarts. [00:05:07] Speaker B: Et la salle blanche, pour qu'on puisse la représenter, c'est cette grande salle un peu stérile, c'est ça ? [00:05:13] Speaker A: Oui, une salle blanche, elle porte le nom salle blanche parce que cette salle doit être propre, ne pas contenir de particules de poussière ou des particules de... qui pourrait contaminer le matériel qu'on fabrique puisque ce matériel va dans l'espace et nous devons éviter de transporter des particules dans cet environnement qui est vide. [00:05:40] Speaker B: Parce que ça pourrait être dangereux pour la mission ? [00:05:44] Speaker A: Ça peut être dangereux autant pour la mission que pour l'éthique aussi des entreprises et agences qui envoient des objets dans l'espace. [00:05:52] Speaker B: Il faut, quand on voit quelque chose dans l'espace, il faut pas que ce soit contaminé par des particules terrestres, si j'ai bien compris. [00:05:59] Speaker A: Oui. [00:06:00] Speaker B: D'accord. Et ça, c'est ton travail de le contrôler ? [00:06:03] Speaker A: Alors, on a... Enfin, ce n'est pas uniquement la seule tâche de mon travail, mais on doit veiller à ce que l'environnement de cette salle blanche soit respecté par rapport à certaines exigences, que ce soit la température, l'humidité et les particules. Mon travail est aussi lié à des anomalies qui peuvent être matérielles. C'est-à-dire que nous fournissons des panneaux solaires, mais des parties de ce panneau solaire sont produites par d'autres fournisseurs. Et il peut y arriver qu'il y ait des écarts de fabrication de ce matériel avant qu'il arrive chez nous. [00:06:43] Speaker B: C'est-à-dire qu'en gros, au milieu de la salle blanche, on a ces panneaux solaires. On connaît tous les panneaux solaires qu'on a sur les toits des maisons, etc. C'est la même chose ou c'est quelque chose de différent ? [00:06:54] Speaker A: C'est quasiment la même chose, excepté qu'ils ont des particularités techniques dont la performance n'est pas la même. [00:07:03] Speaker B: C'est-à-dire qu'ils ont une performance plus importante ? [00:07:05] Speaker A: Plus importante, en fonction aussi de la distance où se place l'objet dans l'espace par rapport au soleil ou à d'autres planètes. [00:07:12] Speaker B: D'accord. Et donc ces panneaux solaires, ils sont au milieu de cette salle blanche. Et toi, ta responsabilité, c'est de contrôler qui fonctionne bien, c'est ça ? [00:07:22] Speaker A: Que le panneau fonctionne bien, que les panneaux sont en caractéristique, les dimensions, la performance électrique soit conforme à ce que le client a demandé. [00:07:36] Speaker B: Mais ça, c'est une responsabilité énorme. Parce que les panneaux solaires ont... Les panneaux solaires d'un vaisseau spatial, c'est ce qui va apporter à ce vaisseau spatial et aux astronautes à bord, l'énergie qui va pouvoir permettre de faire la régulation atmosphérique, qui va leur donner finalement de l'oxygène aussi, de la lumière, la température. Peut-être que tu as vu le film Apollo 13 ? Peut-être qu'il y a d'autres personnes qui nous écoutent qui l'ont vu, comme moi, un peu moins de 50 fois. On voit ce qui se passe quand il y a un dysfonctionnement sur un vaisseau spatial. La vie des astronautes est en danger. C'est une responsabilité énorme, c'est quelque chose que tu gères au quotidien. [00:08:27] Speaker A: Oui, c'est crucial. Il ne faut pas négliger qu'en plus sur la mission Artemis, ce sont des voyages d'humains comparés à d'autres panneaux solaires qui équipent juste des satellites, c'est-à-dire des télécommunications ou autres. Ces panneaux solaires sont vraiment cruciaux pour la mission, pas uniquement pour la conversion de l'énergie solaire en énergie électrique pour permettre au vaisseau d'avancer, grâce à une propulsion aidée par ces panneaux. mais ces panneaux fournissent aussi l'oxygène, permettent de fournir l'oxygène aussi aux astromotes qui sont à bord. Donc c'est vrai que ces panneaux sont indispensables à la réussite d'une mission, que ce soit satellitaire ou que ce soit pour un vaisseau spatial. [00:09:17] Speaker B: Et la réussite d'une mission d'un vaisseau spatial habité, comme tu dis, ça comprend la survie des astronautes à bord. Tout de suite, on comprend que la responsabilité est d'un ordre beaucoup plus critique. [00:09:31] Speaker A: Oui, tout à fait. [00:09:32] Speaker B: Et dans ton quotidien, j'imagine que les défis sont multiples. C'est de quel ordre, en fait, de quelle qualité tu as besoin aujourd'hui pour faire ton travail, finalement ? [00:09:47] Speaker A: Alors, on est face régulièrement à des difficultés parce qu'on doit être vigilant à tout ce qu'on produit et à tous les résultats de tests que nous réalisons. Donc, il est vraiment important qu'on prenne en compte les moindres petits écarts pour mettre en... Comment je peux dire ça ? mettre en exergue tous les petits écarts pour pouvoir montrer aux clients qu'on a possibilité de justifier que ces écarts peuvent être acceptables ou peuvent être corrigés. Et dans le cas contraire où ce n'est pas possible, on ne prend pas de risque. On va recommencer. [00:10:32] Speaker B: D'accord. Et donc, quelle est la partie de ton travail qui est la plus difficile, finalement ? [00:10:41] Speaker A: Je dirais que la partie la plus difficile, c'est de pouvoir convaincre les multiples personnes qui doivent prendre la décision d'utiliser nos panneaux pour être équipées sur ce vaisseau spatial. [00:10:59] Speaker B: Et tu es en permanence en lien avec des gens qui viennent d'un petit peu partout, non ? J'imagine que toi, tu es française, tu habites aux Pays-Bas, à Leiden. Tu es en contact, j'imagine, avec des Italiens, des Allemands, qui sont tous des parties prenantes du programme Artemis et de cette étape industrielle. Tout à fait. Comment tu gères ça au quotidien ? C'est pas quelque chose de naturel, cette compétence interculturelle ? [00:11:29] Speaker A: Il est vrai que, particulièrement sur ce programme, nous sommes confrontés à une multitude de cultures. Notre client final étant la NASA. Donc, on est en contact avec les Américains pour discuter aussi de problèmes, mais aussi de nos dossiers de fabrication de ces panneaux. Nous avons des fournisseurs qui sont en Italie. Notre prime, c'est notre... Prime, ça veut dire ? Notre premier client, c'est Airbus en Allemagne, à Brême. Airbus à Brême, c'est une équipe uniquement d'Allemands. Et ensuite, on a l'agence spatiale européenne, qui elle-même est composée de différentes nationalités. [00:12:19] Speaker B: Et ce n'est pas un petit peu difficile à gérer toutes ces nationalités au quotidien, quand il faut faire quelque chose d'extrêmement précis et d'extrêmement rigoureux, comme tu l'as expliqué à l'instant ? [00:12:28] Speaker A: Bien sûr que c'est difficile et challenging, mais c'est bien dans la difficulté qu'on fait les plus belles choses. Cette multiculture, quelque part, moi je l'aime beaucoup, parce que travailler avec des individus de nationalités différentes apporte finalement une meilleure performance de notre travail. La façon dont on regarde les choses en tant que Français ou en tant qu'Hollandais, avec nos connaissances et nos parcours de vie, n'apporte pas toujours les mêmes visions. Alors quand on est dans des équipes multiculturelles, on apporte en fait chacun un petit quelque chose qui fait qu'on est capable d'avancer à la réussite d'un projet ou d'un programme. [00:13:15] Speaker B: Et toi, ce multiculturalisme, c'est quelque chose que tu as aussi hérité un petit peu, puisque les gens ne le savent pas forcément, mais tu viens d'une île qui est en elle-même très multiculturelle, très cosmopolite aussi, qui est l'île de La Réunion. [00:13:34] Speaker A: Oui, tout à fait. Oui, oui. Moi, j'ai grandi, j'ai été bercée finalement déjà dans une multiculture sur l'île de la Réunion où on a sept ethnies, sept religions qui vivent ensemble avec beaucoup de tolérance. Donc, j'ai été éduquée en fait déjà dans une multiculture. Bien évidemment, la langue qu'on parle à La Réunion et le français, ce n'était pas forcément une multiculture de langues, mais surtout une multiculture de façons de vivre, de traditions et de religions et de coutumes. [00:14:12] Speaker B: Donc cette tolérance un petit peu à l'autre, de manière générale, c'est quelque chose avec laquelle tu as grandi. [00:14:17] Speaker A: Oui, tout à fait. [00:14:19] Speaker B: Et quand on est une petite fille à La Réunion, on s'imagine ou en tout cas on a envie de faire une carrière dans le spatial, comme tu le fais aujourd'hui. Est-ce que c'était présent pour toi quand tu étais à La Réunion ? [00:14:34] Speaker A: C'est une bonne question, Gilles. À vrai dire, ce n'est pas forcément quelque chose à laquelle on pense quand on vit à la Réunion, parce qu'on est quand même loin de tout. Effectivement, on a le droit de rêver, donc on doit être quand même nombreux et nombreuses à rêver du spatial, mais il n'y a pas forcément d'objets ou de choses qui puissent vraiment nous faire penser au spatial à la Réunion. Néanmoins, lorsque j'étais enfant, il y avait un symbole qui était l'antenne Oméga à La Réunion, qui me faisait penser au spatial. L'antenne Oméga, c'était quoi ? L'antenne Oméga, c'était un système de radiocommunication entre le sol et l'air et l'espace. C'était un programme qui existait entre les années 70 et 90. Elle a été effondrée en 99, c'est l'année où finalement j'obtenais mon bac. Et ça m'a énormément marquée l'effondrement de cette antenne. [00:15:36] Speaker B: Parce que c'est un symbole qui était présent dans ton enfance à La Réunion ? [00:15:40] Speaker A: Oui, tout à fait. La fenêtre de ma chambre, en fait, donnée sur cette antenne, Et effectivement, chaque matin, lorsque j'ouvrais les volets, je voyais cette antenne. [00:15:51] Speaker B: Tu voyais ce lien entre la Terre et l'espace tous les matins en ouvrant tes volets. [00:15:55] Speaker A: Exactement. Mais ça avait pris du temps quand même pour que je puisse m'intéresser à l'espace. À l'âge de 12 ans, mon seul intérêt était d'apprendre les langues. J'avais vraiment qu'une envie, c'était d'améliorer mon anglais. Après, finalement, j'ai fait de l'allemand. Donc j'avais vraiment un intérêt par rapport aux langues et j'avais envie d'en savoir beaucoup plus sur les langues et pas encore sur le spatial à l'âge de 12 ans. [00:16:26] Speaker B: Mais finalement, comme tu l'as très bien expliqué, la connaissance des langues te permet aujourd'hui, finalement, de relever les défis les plus importants qu'il y a dans le métier que tu fais. [00:16:36] Speaker A: Oui, oui, tout à fait. Et c'est marrant de dire ça parce que quand on regarde un peu en arrière, on ne s'imagine pas que la vie peut être ainsi. Parce que finalement, tout est tracé. Cette attraction que j'ai eue pour les langues, aujourd'hui, me permet de comprendre la personnalité et les attitudes des personnes européennes, les Italiens ou les Allemands et les Hollandais. ont effectivement des façons différentes d'agir et on doit aussi agir différemment avec chacun d'entre eux. Et en apprenant les langues, finalement, on apprend la culture et on apprend aussi le comportement humain. [00:17:18] Speaker B: Ça me fait penser au travail qu'on a ici, à l'Agence Spatiale Européenne, pour qui je travaille depuis presque dix ans. Et c'est vrai qu'on a, si on se limite à ce qu'on voit au problème technique, et si on considère les problèmes de manière simplement technique, on ne va souvent pas comprendre pourquoi il y a un problème finalement. Comme tu dis, il y a des Italiens, des Allemands, des Hollandais, des Britanniques, des Français qui ne se comprennent pas. Et si on garde simplement les caractéristiques techniques du problème, ça va être difficile de régler le problème. Par contre, tu as raison. Quand on fait un pas vers l'autre, quand on essaye de se demander, mais est-ce qu'il y a une raison culturelle, peut-être, pour laquelle on n'arrive pas à se comprendre ? C'est là, en fait, qu'on arrive à résoudre les problèmes et à travailler ensemble. Donc, les langues, l'intérêt pour les langues, c'était ton point de départ, finalement, pour grandir. [00:18:18] Speaker A: Oui, tout à fait. Pour grandir, effectivement, parce qu'il faut savoir que venant d'une île lointaine, à dix mille kilomètres d'ici, on est à Paris, on n'a pas forcément une vision claire de est-ce qu'on va faire des études ou est-ce qu'un jour on va sauter la mer, comme on dit. Et c'est par les langues, finalement, que l'envie d'étudier m'est venue. Et pour la petite anecdote, à l'âge de 12 ans, je parlais que le créole. Et c'est ma prof d'anglais qui m'a fait comprendre que ça devenait un peu compliqué de traduire créole, français, français, anglais. [00:18:57] Speaker B: C'est ta prof d'anglais qui t'a conseillé d'apprendre le français. [00:19:00] Speaker A: Exactement. Incroyable. Elle m'a dit ça sera plus rapide quand tu parleras français, de pouvoir parler anglais plus rapidement. Et c'est de là, en fait, que m'est venue l'envie d'étudier et d'étudier en quittant l'île de la Réunion plus tard. [00:19:19] Speaker B: Et sauter la mer, c'est une expression de la Réunion ? [00:19:22] Speaker A: Oui, c'est une expression de la Réunion, parce que c'est un grand pas. C'est un très grand pas. C'est ce qu'on appelle chez nous un sacrifice, parce qu'on quitte finalement notre famille. Globalement, nos familles ne s'aventurent pas pour venir s'installer en métropole. Du coup, c'est vraiment un grand pas, un sacrifice pour préparer son avenir. [00:19:49] Speaker B: Et toi, la motivation profonde pour faire ce sacrifice, elle venait d'où, finalement ? [00:19:56] Speaker A: Alors, comme je te disais, c'était au départ les langues. Je me disais, je me vois bien voyager, découvrir ailleurs. Et il s'avère que lorsque j'ai appris l'allemand, je suis partie à Berlin pendant six mois en famille d'accueil et en école. Et ça m'a vraiment donné le goût du voyage en me disant qu'il n'y a pas de frontière. Mes parents m'ont fait confiance. Je pense que j'étais assez contente de partir loin d'eux aussi pendant un moment. [00:20:29] Speaker B: À ce moment-là, tu as quel âge ? [00:20:32] Speaker A: J'avais... ça m'a réfléchi, je devais avoir 14-15 ans. 14-15 ans et je me suis dit oui, ça y est, je peux vraiment y aller. [00:20:41] Speaker B: T'es une adolescente de La Réunion qui se dit j'irais bien découvrir autre chose. Et tu t'atterris à Berlin, dans un climat qui n'est pas du tout celui de La Réunion. [00:20:53] Speaker A: Pas du tout, mais avec une adaptation qui est quand même, qui a été agréable. Parce que cette famille a vraiment fait tout ce qu'il fallait pour me faire sentir chez moi. Et les autres enfants avec qui j'étais en école, ou même après l'école, ont été aussi très agréables. Je me suis sentie très à l'aise à Berlin. Et c'est un très beau et un doux souvenir. [00:21:18] Speaker B: Et depuis cette expérience, tu as gardé cet intérêt de rester en Europe, de découvrir le monde, ou tu as eu envie de revenir à la Réunion tout de suite et puis de poser la question à tes parents ? [00:21:32] Speaker A: Évidemment, je n'avais pas encore l'âge de m'émanciper. Et mon père avait encore cette attitude de tuer une fille donc tu ne vas pas pouvoir partir si vite. [00:21:42] Speaker B: Ah c'est vrai ? [00:21:43] Speaker A: Oui. Bon évidemment j'ai continué l'école à La Réunion et c'est au lycée que l'autre déclic m'est venu avec mon professeur de sciences physiques. parce qu'évidemment, les langues, c'était un intérêt, mais je n'avais pas encore défini quel type de métier ou quel type d'études je pouvais faire pour me développer, pour grandir dans mon parcours de vie. Et avec mon professeur de physique, cet intérêt pour les sciences m'a vraiment fait le déclic du quel type d'études et vers quelle direction je voulais aller. en 99, après l'obtention de mon bac, l'antenne oméga qui s'est fondre. Donc ça a fait encore plus de sens. Je me dis un signe de plus. Bon, on va vraiment partir étudier et mener des études pour toucher l'espace. [00:22:33] Speaker B: Alors que ton père, tu avais déjà prévenu que ce n'était pas ton rôle. [00:22:36] Speaker A: Exactement. Ça n'a pas été simple. 99, j'avais que 17 ans et je n'ai pas pu partir de suite. Alors, c'est vraiment des freins. Et ça, c'est typiquement... Moi, je décris en plus ma situation personnelle et j'ai pu m'en sortir, j'ai pu échapper à mon père. Mais il y a beaucoup de situations comme celle-ci à La Réunion où le détachement des parents et de l'enfant est compliqué. dans les deux sens. Autant le parent qui n'arrive pas à laisser l'enfant partir, et dans l'autre sens où l'enfant a du mal à quitter le foyer. Et pourtant, malgré le fait qu'il y ait des disparités sociales, financières, économiques, qui peuvent aussi être des freins pour certaines familles dont les enfants ont des envies ou du talent, Tout ça, il y a une problématique qui doit être réglée. On a la région et le département de La Réunion qui accompagnent, qui aident. On a des associations aussi qui font un travail sur le terrain pour accompagner aussi ces difficultés qui sont définies. Néanmoins, ce n'est pas facile, vraiment pas facile. [00:23:55] Speaker B: Tu penses que c'est plus difficile pour une fille en particulier ? [00:23:58] Speaker A: Venant de la Réunion, je dirais oui, c'est plus difficile pour une fille parce que c'est de la mentalité, c'est la culture. C'est difficile de laisser partir une fille. Mais les choses évoluent. Tu sais, Jules, je suis l'aînée de la famille et je suis la première à avoir été étudiée, de toute ma famille. Donc, mon père et ma mère ont chacun respectivement sept frères et soeurs et six frères et soeurs. Donc, nous sommes une grande famille. Et pour autant, j'ai été la première à partir faire des longues études. Et je ne sais pas si c'est grâce à cette situation, mais j'ai des cousines qui ont pu par la suite aussi faire des études, des longues études aussi. Donc je pense qu'il faut toujours une première personne pour faire quelque chose, pour ouvrir le chemin. [00:24:50] Speaker B: Tu as ouvert la voie. [00:24:52] Speaker A: Écoute, je ne sais pas, mais en tout cas, si ça continue dans ce sens, j'en serais ravie. [00:24:58] Speaker B: Mais l'exploration, c'est ça, le sens de l'exploration spatiale, c'est simplement une continuité de l'exploration terrestre. C'est ouvrir la voie pour que les autres puissent s'y engouffrer, finalement. Donc, tu es tout à fait dans ce qui donne sens, finalement, à ta vie et à ta carrière. [00:25:16] Speaker A: Moi, j'aime bien ce que tu dis. Oui, j'approuve. [00:25:21] Speaker B: Tant mieux. Et donc, juste pour revenir au moment où tu retournes à La Réunion et que tu dois attendre, comme tu le dis très bien, à quel moment tu décides que t'as assez attendu ? [00:25:35] Speaker A: Mon père, il avait simplement dit, tu n'es pas majeure et puis tu ne peux pas partir. Donc, trouver des arguments toujours valides, mais j'essayais toujours de trouver un moyen de lui prouver que j'étais assez mature et responsable pour partir et vivre loin, seule, sans le confort des parents. Et donc, je me suis engagée vraiment à la suite de mon baccalauréat, à le lui prouver. Donc, j'ai travaillé dans un supermarché. Je me suis inscrite évidemment à l'université, parce qu'évidemment, il ne fallait pas que je m'arrête d'étudier. Donc, j'ai fait une année entre guillemets blanche à l'Université de la Réunion. Et en parallèle, je travaillais le week-end dans un supermarché pour avoir un peu d'argent, pour lui prouver qu'ici ou ailleurs, Tu étais autonome. Je pouvais m'en sortir, tout à fait. Même si j'ai eu besoin de lui quand même plus tard. Ça, c'est sûr. Et en fait, c'est un peu le même schéma, je pense. Je suis devenue maman et je comprends maintenant beaucoup mieux l'attitude de mon papa. Ce n'est pas une question de m'empêcher de vivre ma vie, mais c'est simplement qu'il avait peur pour moi. Et ça, il faut le reconnaître, il n'avait peut-être pas les mots justes pour l'expliquer. Mais aujourd'hui, mère de deux enfants, je me rends bien compte que j'ai peur pour mes enfants, mais j'essaie de leur donner une ligne directive dans leur vie pour qu'ils soient aussi autonomes, responsables, qu'ils mesurent aussi les difficultés qui existent dans la vie. Et que bon, évidemment, il n'y aura jamais rien de simple. Il faudra être déterminé et débrouillard pour s'en sortir. [00:27:17] Speaker B: Et c'est un message que tu fais passer différemment à ta fille et à ton fils ? [00:27:22] Speaker A: J'essaie d'harmoniser le message que je donne à mes deux enfants. Bien évidemment, j'ai quand même cette impression que c'est plus facile pour un garçon que pour une fille. Et encore, quand on voit le pourcentage de filles dans les sciences par rapport aux garçons à la fin des études, alors qu'en début d'étude, les filles sont brillantes, Néanmoins, j'essaie de dire à mes deux enfants, de manière équitable, que le travail se fait ensemble. Si le garçon sait que la fille peut avoir des doutes sur ses capacités, il est important que le garçon sache réconforter la fille dans ce sens-là, mais vice-versa aussi, parce qu'un garçon peut aussi douter et a besoin de réconfort. Mais surtout, c'est lorsqu'il y a vraiment des problèmes, qu'ils aient conscience que l'un comme l'autre, que c'est en travaillant ensemble, filles et garçons, hommes et femmes, qu'on peut arriver à vraiment mieux s'en sortir. [00:28:26] Speaker B: Toi, ces doutes dont tu parles, c'est quelque chose qui fait partie de tes embûches, que tu as eues dans ton parcours ? Parce que je te vois là, tu es vraiment une femme rayonnante, émancipée sur ce canapé avec ce casque de radio qui te fait ressembler à une pilote de ligne. Quand tu parles de doute, ça semble très authentique quand même. Est-ce que vraiment c'est quelque chose que tu as vécu, qui t'a construit ? [00:29:00] Speaker A: Oui, le doute, il faut l'admettre, il existe chez tout le monde et j'ai eu mes moments de doute, bien évidemment. Mon premier moment de doute a été lorsque j'ai été sur le marché de l'emploi, la toute première fois. Comment trouver un travail ? Comment mettre en avant ce que j'ai appris, mes connaissances ? essentiellement scolaire, du coup, parce que les stages sont mis en avant, mais ce n'est pas forcément une expérience professionnelle véritable. Donc, c'est un moment de doute récompensé par, finalement, l'obtention d'un contrat de travail. Donc, il y a du doute, mais il y a aussi, finalement, de la satisfaction. Et puis, il y a des moments où on peut s'endormir le soir en se disant est-ce que finalement on est en bon endroit, dans le bon pays ? Est-ce que finalement j'ai fait les bons choix aussi dans ma vie ? Et c'est vrai que chaque jour le soleil se lève et comme je dis, on rayonne dans le double sens parce qu'on est réunionnais. En tant que réunionnaise, je rayonne aussi pour mon île et forcément, je suis fière du parcours que j'ai mené et des embûches, oui, j'en ai eues et je pense qu'il y en aura toujours parce que c'est ça la vie. [00:30:23] Speaker B: C'est vrai. Pour revenir au saut de la mer, ce deuxième saut de la mer, il s'est fait de manière naturelle pour toi ensuite, une fois que tu avais prouvé à ton père que tu étais autonome, indépendante. C'est quelque chose qui s'est fait de manière naturelle. [00:30:39] Speaker A: Oui, le grand départ, vraiment, s'est fait de manière naturelle. Mon père a juste serré les dents, mais il m'a souhaité effectivement un bon voyage. Je suis partie, tout était établi, logement, inscription, tout était vraiment déjà mis en place. Et mes parents, mon père comme ma mère, m'ont énormément soutenue, même si cette distance a été douloureuse. Ils m'ont beaucoup soutenue moralement, financièrement aussi. Donc, du coup, c'était un réconfort de savoir que le choix que j'avais pris était finalement compris par mes parents. Et ça, c'était important pour moi. [00:31:23] Speaker B: Et tu arrives, étape après étape, jusque chez Airbus, qui est, comme on le sait, bien sûr, le maître d'œuvre des avions de ligne, Airbus, la 320, la 380, la 310, etc. Mais ce qu'on sait peut-être un petit peu moins, d'ailleurs, dans le grand public, c'est qu'Airbus travaille aussi dans le spatial. Comment toi, tu es arrivé, après avoir fait le saut de la mer, de faire le saut de l'air jusqu'à l'espace ? [00:31:56] Speaker A: C'est curieux mais pareil, je pense que c'est une question de destinée. Moi je suis arrivée à Airbus aux Pays-Bas depuis à peu près 6-7 ans et j'étais côté Arianespace auparavant. Et les Pays-Bas, j'y suis allée en fait pour des vacances. Et il y a un client satellite qui me contactait pour un déjeuner à Kourou. [00:32:19] Speaker B: Kourou, en Guyane française. [00:32:20] Speaker A: En Guyane française, à qui je réponds maladroitement. Non, je ne peux pas, j'ai quitté la Guyane. Et là, actuellement, je suis en vacances aux Pays-Bas. Et c'était son pays de résidence. Et je ne sais plus comment, mais ça a été comme une sorte de flash d'éclair. Il me disait que Airbus au Pays-Bas avait besoin de quelqu'un de manière urgente pour trois mois. Je me suis dit bon, j'ai un peu de temps devant moi. [00:32:50] Speaker B: Et qu'est-ce qui t'a séduit aux Pays-Bas ? C'est la langue ou le climat ? [00:32:53] Speaker A: La langue ? Comment ça la langue ? Tu as déjà entendu les Hollandais parler ? Oui. La langue n'est pas séduisante, mais les Hollandais sont vraiment chaleureux et accueillants. Ce qui m'a séduit aux Pays-Bas, c'est le pays lui-même, ces canaux. Leiden est un petit Amsterdam. C'est magnifique, il y a des vélos partout. Et puis moi j'aime bien y aller en automne, parce qu'il fait beau. Enfin beau, il ne fait pas ensoleillé, mais il est agréable en température. Et il y a plein de couleurs. avec ces canaux et des reflets des arbres et des feuilles de couleurs sur l'eau. Je trouve ça charmant. Et moi, je tombais amoureuse de cette ville, en fait. Et j'aimais bien venir en vacances, j'aimais bien aller en vacances à Leiden. Et puis, quand on m'a proposé de, pourquoi pas, travailler trois mois, je me suis dit, allons-y, pas de problème. [00:33:54] Speaker B: Et c'est comme ça que tu as commencé ta carrière, finalement, chez Airbus. [00:33:59] Speaker A: Oui, chez Airbus, aux Pays-Bas, je l'ai démarré avec un contrat de trois mois, qui devait être que un contrat de trois mois, mais qui a été finalement renouvelé jusqu'à ce que finalement on me propose un poste permanent, que je n'ai pas refusé, bien évidemment, et j'y suis bien. [00:34:16] Speaker B: Travailler dans le spatial, quand on travaille dans ce secteur, j'ai l'impression, j'ai l'intuition que ça nous amène à vivre des expériences hors du commun, uniques finalement. Est-ce que c'est une impression que tu partages déjà ? Est-ce que toi tu as l'impression d'avoir vécu des choses que tu n'aurais pas pu vivre dans un autre secteur ? [00:34:35] Speaker A: Je vais te faire une confidence, je n'ai pas encore rencontré d'extraterrestre. [00:34:38] Speaker B: Tu dis ça, mais je sais très bien que tu n'as pas le droit. [00:34:42] Speaker A: De me le dire. C'est ça ? Confidentiel. Oui, en tout cas, Jules, il est vrai que dans le monde du spatial, on vit des moments que je pourrais dire même extraordinaires, sans vouloir le dévier vers extraterrestre. Je vais te donner un exemple. À l'époque où je travaillais pour Arianespace, j'étais sur la base spatiale guyanaise, au centre spatial guyanais. Et la plupart du temps, lorsqu'on travaillait sur les lancements de fusées, on était dans les bunkers, donc face à nos consoles et face à des écrans qui nous pointent les vidéos des morceaux de fusées. Donc on a des vues sur le moteur, sur les boosters, sur la coiffe, sur les ombilicaux. Donc que des morceaux de fusée sur les écrans. [00:35:31] Speaker B: Vous êtes dans un bunker qui est sous terre, c'est ça ? [00:35:34] Speaker A: Et on regarde que des écrans. [00:35:36] Speaker B: Et dehors, il y a une fusée qui va être lancée dans l'espace. [00:35:38] Speaker A: Exactement. Et bien, en mai 2012, j'ai eu la chance de pouvoir assister à un lancement de l'extérieur et à un lancement de nuit. Eh bien ça je pense que, moi je le recommande déjà à tout le monde, mais ça a été le moment pour moi le plus extraordinaire de ma vie et ma carrière dans le spatial. C'était une boule de lumière, alors franchement gigantesque, une boule de lumière gigantesque qui illumine le ciel et puis le bruit qui résonne jusqu'à tes tripes. Ce truc ça a été. [00:36:17] Speaker B: C'est marrant que tu racontes ça parce que c'est vrai que moi qui ne suis pas du tout un ingénieur comme toi, qui suis plutôt, tu vois, qui ai une formation littéraire, quand j'ai commencé à travailler pour le Centre des astronautes, j'ai regardé des centaines et des centaines de lancements à la télé, sur mon ordinateur, etc. pour mon travail. Et la première fois que j'ai été invité, enfin invité, je travaillais au Kazakhstan, à Baïkonour, pour voir le lancement, C'était un lancement de la fusée Soyuz avec Luca Parmitano, l'astronaute ESA italien, et deux de ses collègues, une astronaute et un cosmonaute. Et bon, je m'attendais vraiment à quelque chose de très banal. Tout le monde autour de moi était excité. Tu vas voir le lancement, etc. Parce que je me disais, ouais, c'est normal, c'est des ingénieurs, donc ça les amuse. Mais je m'attendais vraiment à avoir quelque chose de, encore une fois, que j'avais déjà vu des centaines de fois. Et c'était de nuit aussi. La nuit était tombée dans les steppes du Kazakhstan. C'était l'été, il faisait très chaud. Et on est à 900 mètres à peu près de la fusée à ce moment-là, dans les steppes finalement. Et tout d'un coup, la fusée décolle et il y a cette boule de feu en dessous et autour de la fusée presque. Et comme tu dis, le ciel noir s'illumine d'une couleur un peu cuivrée, bruit, ça n'a rien à voir avec ce qu'on peut vivre devant un écran. [00:37:55] Speaker A: Totalement. [00:37:57] Speaker B: Et même la chaleur, tu ressens la chaleur jusque sur ton visage avec quelques secondes d'écart, bien sûr. [00:38:05] Speaker A: Oui, extraordinaire. [00:38:06] Speaker B: Et j'avais la banane pendant une heure, comme un enfant, tu vois. Et tout le monde disait bonjour, bonjour. Et moi, j'avais juste la banane. C'est assez impressionnant. On se rend compte de la force. nécessaire à s'extraire finalement de notre condition terrestre. [00:38:24] Speaker A: Oui, tout à fait. Et tout ça fabriqué par l'homme. Tu te rends compte ? [00:38:29] Speaker B: Et la femme ? [00:38:30] Speaker A: Oui, enfin l'homme avec un gros hachet, oui évidemment. Les équipes sont mixtes. [00:38:37] Speaker B: Et comme c'est un podcast sur l'espace, Erika, J'ai quelques petites questions, un round de questions rapides sur l'espace. C'est des questions rapides, mais les réponses peuvent être un peu plus longues si tu as envie, bien sûr. [00:38:53] Speaker A: Pas de problème. [00:38:54] Speaker B: Première question. Quel est ton livre spatial préféré ? [00:39:00] Speaker A: Ah, bonne question. Il faut que j'en choisisse un. Allez, un. Je dirais Bernard Werber. Je ne sais plus si le titre, c'est l'ascenseur, mais en tout cas, le livre décrit la création d'un ascenseur entre la planète Terre et je ne sais plus si c'était la Lune ou autre, mais j'ai beaucoup aimé techniquement ce rêve. [00:39:29] Speaker B: Le rêve de l'ascenseur spatial. Tu penses que ça peut marcher, ça ? [00:39:34] Speaker A: Si on veut, bien sûr qu'on peut. [00:39:39] Speaker B: Deuxième question, quel est ton film spatial préféré ? [00:39:43] Speaker A: Je peux dire le mien ? [00:39:45] Speaker B: Tu as fait un film, Erika ? Tu as réalisé un film que tu ne nous as pas dit encore ? [00:39:51] Speaker A: Peut-être bien. Il y a un film documentaire biographique qui retrace aussi un peu mon parcours de vie et qui finit sur des images d'Artemis. Oui, oui. [00:40:03] Speaker B: D'accord. Comment ça s'appelle ? [00:40:05] Speaker A: Erika Velio, la passion de l'espace. [00:40:11] Speaker B: Quelle est la chose la plus précieuse que tu as apprise au cours de ta carrière dans le spatial ? [00:40:17] Speaker A: La chose la plus précieuse... Ces questions sont compliquées parce qu'il faut choisir une réponse, une seule. Je dirais le respect. Le respect des uns vers les autres. C'est peut-être l'élément le plus précieux que j'ai appris dans le travail. [00:40:48] Speaker B: Et si tu avais un conseil à donner à une jeune fille qui aujourd'hui voudrait se lancer dans une carrière spatiale, ce serait quoi ? [00:40:57] Speaker A: Comme je le dis déjà à plein de petites filles que je rencontre, je leur dis de travailler dur, mais je leur dis aussi d'oser, de croire en ce qu'elles veulent faire, et il suffit de mettre un pied devant l'autre pour y arriver. Parce que si moi d'où je viens je suis arrivée, je pense que c'est impossible pour personne. [00:41:21] Speaker B: Érika, merci beaucoup d'avoir passé ce temps avec nous et merci surtout d'être une de celles qui, sur Terre, jour après jour, font l'espace. [00:41:31] Speaker A: Merci beaucoup. [00:41:33] Speaker B: Merci d'avoir écouté cet épisode de Elles font l'espace avec le soutien de l'Académie spatiale d'Île-de-France. Cet épisode était produit et réalisé par François Bonnet, Cyril Nobillet et Yann Famoutri. Si vous avez aimé, n'hésitez pas à le partager et à nous mettre plein d'étoiles. Et nous, on se retrouve très vite sur vos plateformes préférées pour un nouvel épisode de Elles font l'espace.

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