Episode 2

October 03, 2024

00:41:44

De l'ombre à la lumière avec Fatima Iervolino

Hosted by

Jules Grandsire
De l'ombre à la lumière avec Fatima Iervolino
Elles font l'Espace
De l'ombre à la lumière avec Fatima Iervolino

Oct 03 2024 | 00:41:44

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Show Notes

Dans cet épisode, je reçois Fatima Iervolino, ingénieure spatiale chez ArianeGroup. Son job, c'est de surveiller l'espace pour s'assurer qu'aucun objet ne se trouve sur la trajectoire des fusées Ariane pendant le décollage. Vous allez l'entendre, elle a eu un parcours assez extraordinaire, elle n'a pas toujours été bien conseillée, elle a eu droit à plusieurs propositions de mariages arrangés, mais cela ne l'a pas empêché de garder son énergie positive pour contruire une école, devenir professeure de danse, mère de trois enfants et réaliser son rêve d'espace. Comment en arriver là quand on vous destine à une vie de femme au foyer ? C'est ce qu'elle nous raconte...

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Direction artistique et éditoriale: Jules Grandsire
Direction de la production et musique originale : François Bonnet, Cyrille Nobilet et Jan Pham Huu Tri
Prise de son: François Bonnet
Montage: François Bonnet
Musique originale: Jan Pham Huu Tri

Cet épisode est produit avec le soutient de l'Académie spatiale d'Ile de France

 

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Episode Transcript

[00:00:00] Speaker A: Quand on grandit dans l'ombre, c'est compliqué de grandir dans la lumière. Plus tard. [00:00:07] Speaker B: Aujourd'hui, je reçois Fatima Iavolino. Fatima est ingénieure spatiale chez Ariane Group. Son job, c'est de surveiller l'espace pour s'assurer qu'il n'y a aucun objet qui se trouve sur la trajectoire des fusées Ariane pendant le décollage. Vous allez l'entendre. Elle a eu un parcours assez extraordinaire. Elle n'a pas toujours été bien conseillée. Elle a eu droit à plusieurs propositions de mariage arrangé, mais ça ne l'a pas empêché de garder son énergie positive pour construire une école, devenir prof de danse, mère de trois enfants, et d'avoir aujourd'hui un poste super important dans le spatial. Comment en arrivait là ? Quand on te destine à une vie de femme au foyer ? C'est ce qu'elle nous raconte dans cet entretien que j'ai trouvé à la fois passionnant et inspirant. [00:00:46] Speaker A: Bonjour, fatima. [00:00:47] Speaker B: Bonjour, Jules. Alors, Fatima, on se connaît un petit peu, tous les deux. Tu travailles chez Ariane Group ? Oui. C'est une des grandes entreprises du spatial européen. Tout à fait. Notamment, on reconnaît dans le nom. C'est l'entreprise qui fabrique la fusée Ariane. Bien connue. Mais c'est pas là qu'on s'est rencontrés la 1ʳᵉ fois. Il me semble qu'on s'est croisés sur le festival Stars Up. [00:01:07] Speaker A: Tout à fait. Oui, tout à fait. Je suis très heureuse d'être avec toi. Vraiment très contente de pouvoir témoigner sur mon parcours. Parce que j'espère que par mon parcours, je vais pouvoir aider d'autres petites filles qui doutent d'elles, qui ne savent pas que derrière les études, il y a le spatial qui les attend à bras ouverts et que tout à leur portée, en fait. Donc, les sciences sont à leur portée. Je peux en témoigner. Et voilà. Donc. [00:01:33] Speaker B: Vraiment, merci pour cette invitation. Avec plaisir. Merci. Merci d'être. Merci d'être avec nous. Et donc, toi, en tant qu'employé d'Ariane Group, tu ne fabriques pas la fusée Ariane ? [00:01:43] Speaker A: Par contre, je travaille actuellement sur un. [00:01:45] Speaker B: Programme de la surveillance de l'espace. La surveillance de l'espace ? [00:01:49] Speaker A: Qu'est ce que c'est ? Ça, c'est tout simplement. Ça vient du fait qu'on lance des fusées pour pouvoir lancer des fusées en les regardant sur ce qui se passe autour de la terre. On regarde, on observe, on identifie tous les objets qui gravitent autour de la terre pour connaître précisément ce qui se passe sur les trajectoires des fusées. Et on peut trouver des satellites, potentiellement des débris. Et notre rôle justement c'est de regarder, d'observer, d'identifier et d'alerter tout simplement s'il. [00:02:20] Speaker B: Y a des situations de collision par exemple. C'est à dire qu'en gros il y a la fusée d'école sur la trajectoire de lancement. Si vous voyez qu'il y a un autre objet, donc tu parles de satellites, de débris spatiaux, etc. Qui peuvent rentrer en collision avec la fusée pendant le. [00:02:37] Speaker A: Décollage, vous tirez la sonnette d'alarme. Alors avant même. Je dirais avant même, on fait plutôt de la prévention, on regarde, on observe pour avoir une connaissance de la situation spatiale avant lancement, et ce qui permet effectivement d'éviter Zweitausendein, en tout cas de. [00:02:56] Speaker B: Réduire le risque de collision. [00:02:58] Speaker A: Et comment ça marche concrètement ? Alors on a une solution actuellement qui est déployée sur toute la planète, à base de télescopes, tout simplement des capteurs optiques qui ont pour rôle d'observer, d'identifier, de cartographier un peu ce qui se passe autour de l'espace. Et de ça on fait des analyses. [00:03:19] Speaker B: Précises sur tout ce qui nous vous. [00:03:22] Speaker A: Voyez des extraterrestres avec vos télescopes ? [00:03:24] Speaker B: Non, non pas encore. T'as pas le droit de me le dire, c'est ça ? Oui. Et donc ça c'est une responsabilité énorme. Donc t'es une ingénieure spatiale, responsable entre. [00:03:34] Speaker A: Autres de ce programme, si j'ai bien compris. Oui. On est plusieurs en fait ingénieurs spatial dans ce domaine, qui concourent à la surveillance de l'espace chez Ariane Group. [00:03:46] Speaker B: Et ce programme est né de fait des lanceurs fusées tout simplement. Et l'espace pour toi, c'est quelque chose. [00:03:53] Speaker A: Qui t'a toujours fait rêver, même petite fille ? Pas spécialement, parce que j'avais pas réellement de rôle modèle à la maison dans le domaine. Du coup je ne savais pas vraiment ce que j'allais faire plus tard. Étant jeune, mes parents n'étaient pas du tout dans le spatial. Je n'ai pas grandi du tout dans ce domaine. Par contre, c'est venu par la suite au travers de mon parcours professionnel. Cette. Cette étincelle dans les yeux que j'ai aujourd'hui s'est révélée au travers de mon. [00:04:20] Speaker B: Parcours professionnel, chez Ariane Group notamment. [00:04:22] Speaker A: Et quand tu étais petite tu voulais faire autre chose ? Alors je rêvais de faire un site. Institutrice. Rien à voir. Tu voulais être un site. Je voulais être d'enseignement. C'était ça. C'était mon rêve de transmettre des connaissances aux autres. Clairement c'était l'éducation qui m'animait. Mes parents n'ayant pas eu la chance d'aller à l'école c'était pour moi essentiel. [00:04:50] Speaker B: De donner, de transmettre des choses à d'autres. Toi, fatima, tu as grandi en région. [00:04:56] Speaker A: Parisienne, c'est ça ? Oui, tout à fait. Et tes parents sont arrivés ? Oui. Alors mon père est arrivé du Maroc, dans une vague d'immigration classique dans les années 60 exactement. S'installe à Paris, et ma mère l'a rejoint en quatre 20, enceinte de moi, à l'époque, d'ailleurs. Donc je suis née en France, je suis française, et du coup, mes parents, en fait, ils n'ont pas eu la chance d'aller à l'école là bas. Il n'y avait pas d'école dans leur village. Et clairement, cette injustice m'a marquée, parce que très tôt étant jeune, j'ai dû les aider pas mal sur l'administratif. J'ai dû faire des choses que je ne devais peut être pas faire à mon âge. [00:05:29] Speaker B: Donc, c'est vrai que ça m'a fait grandir très vite. E F. Pour planter un peu le décor. Tu es donc en région parisienne, tu es une petite fille, tu habites chez tes parents avec tes cinq frères et. [00:05:40] Speaker A: Sœurs, et à cette époque là, tu vas à l'école. Tu es une bonne élève à l'école ? [00:05:46] Speaker B: Oui, oui, oui. [00:05:48] Speaker A: Visiblement, j'avais des bonnes notes. Très scolaire. Et toi, tu avais des rêves de carrière ? Écoute, honnêtement, moi, je rêvais d'une vie indépendante, de vivre ma vie, tout simplement. J'ai grandi dans un contexte culturel pas forcément favorable à une vie indépendante. Étant jeune femme, dans mon contexte familial, souvent, en tout cas, moi, j'ai eu droit à la proposition d'un mariage arrangé alors que j'étais en cours d'études universitaires. Typiquement, c'est à dire typiquement, quand j'ai validé mes diplômes, la 1ʳᵉ réaction de mes parents c'est bon, Ben, on va te marier. Ce que je voulais absolument pas. [00:06:30] Speaker B: Moi, c'était pas. C'est pas ce que je voulais. Je voulais continuer mes études. [00:06:34] Speaker A: Et puis concrètement, tu as validé tes diplômes ? [00:06:36] Speaker B: Tu avais quel âge, à cette époque là ? [00:06:39] Speaker A: J'ai 20. Quatre ans 20. Quatre ans 20. Quatre ans. Et tu étais où ? À Paris ? Oui, tout à fait. En fait, j'ai grandi précisément à la Courneuve, dans le quatre 20 13. Et j'ai grandi dans une cité en quatre 20 13. Et j'étais très. Ouais. J'étais scolaire, je sortais peu. Mes parents avaient gardé un peu la mentalité du pays, c'est à dire qu'ils. [00:07:09] Speaker B: Avaient une culture très marocaine. Finalement, moins européenne, je dirais, plus traditionnelle. Donc j'ai grandi vraiment dans un contexte très traditionnel. [00:07:16] Speaker A: Et toi, petite fille à la Courneuve. Tu te sentais faire partie de cette culture marocaine ou tu étais plutôt. Ah, j'étais, en fait. Ce qui est marrant, c'est que je savais pas trop. C'est compliqué, c'est difficile parce que. En tout cas, j'aspirais à une vie, à une vie libre, en fait, à ma propre vie. Et je savais que la clé était l'éducation. La clé était l'école. Je me suis raccrochée à l'école. [00:07:41] Speaker B: C'était pour moi salvateur. C'était vraiment ma bouée de sauvetage pour pouvoir prendre ma voix, ma propre voie. [00:07:46] Speaker A: C'était un petit peu ce qui te servait de hobby aussi ? L'école de passe temps, tu dirais, ou tu avais d'autres. Alors, quand j'étais jeune, je n'avais pas trop de passe temps, effectivement, j'ai commencé tardivement, à. Il a fallu que je bouge des murs. Mon père, oui, il avait accepté que je fasse de la danse. V. 16 ans, quand j'avais à peine 16 ans, donc il avait accepté. Donc j'ai commencé à prendre des cours de danse à 16 ans. J'ai continué depuis. J'étais même pas même prof de danse quelques années. Quelques années plus tard. Donc, on va dire. Mes parents, ils n'ont jamais été fermés à ce que je fasse des choses qui me rendent heureuse. C'était pas ça. Par contre, ils se faisaient rattraper par le codit traditionnel du pays, le regard des autres. [00:08:35] Speaker B: Et ça, c'était difficile pour eux, du. [00:08:37] Speaker A: Coup, c'était difficile pour eux à gérer. Et finalement, je le subissais indirectement. Et tes frères le subissaient de la même manière ? Non. C'est toujours inégal, malheureusement, on a toujours un garçon fille, c'est pas pareil. Dans les familles comme ça, c'est clairement. [00:08:51] Speaker B: La fille, elle porte plus le fardeau. Je dirais que le garçon, c'est rarement. On n'arrange pas des mariages à des garçons. C'est rarement le cas. Et concrètement. [00:09:05] Speaker A: Donc, les mariages arrangés, quand on est adolescence, d'abord quand on grandit, concrètement, ça se manifeste par plus de responsabilités ou une peur aussi. Une peur assez forte vis à vis du mariage, tout simplement. Moi, j'avais une hantise. [00:09:20] Speaker B: Je voulais pas me marier, clairement, je voulais pas du tout me marier. J'étais contre le mariage, donc. Ouais, ça fait l'effet inverse. Tu parles de tes aspirations de liberté. [00:09:32] Speaker A: Quand tu es enfant. Pour toi, le mariage, ça faisait partie de contraintes. [00:09:35] Speaker B: C'était la contrainte qui allait t'empêcher de faire ta vie. [00:09:37] Speaker A: Ah oui, potentiellement. En tout cas avec quelqu'un que je. [00:09:41] Speaker B: Choisirais pas, parce qu'aujourd'hui tu es marié ? Oui. Oui. Alors quelqu'un que j'ai choisi, c'est différent. [00:09:44] Speaker A: Et donc, ça se passe comment ? À ce moment là où tes parents décident de te marier, tu es où, à ce moment là ? Alors il y a eu deux tentatives. Une 1ʳᵉ fois, effectivement, j'avais mon bac en poche et je vois débarquer un cousin du pays. Et oui, c'était une période tragique pour moi. [00:10:06] Speaker B: Ça a duré trois mois. J'étais vraiment pas bien dans mes chaussures. J'ai même pensé au suicide. J'étais vraiment pas bien. C'est à dire que pour ceux et. [00:10:13] Speaker A: Celles qui nous écoutent, qui savent pas vraiment comment ça se passe, tu dis il y a un cousin qui arrive. [00:10:18] Speaker B: Et qui s'installe à la maison. [00:10:19] Speaker A: Oui, c'est ça, exactement. [00:10:20] Speaker B: Et qui te colle, qui te suit où tu vas, où tu ailles. [00:10:25] Speaker A: Et toi, tu as 10, huit ans. Ouais, c'est ça. À peine. Et tu dois dire oui ou non à un moment. En fait, moi, je disais clairement non, mais on te lave le cerveau et tu trouveras personne d'autre. Mais c'est la bonne personne pour toi, etc. C'est proche de l'harcèlement moral, quelque part. Donc heureusement que j'avais une belle, une superbe amie à côté, qui m'a permis. [00:10:51] Speaker B: De tenir le cap et de résister. Et j'ai pu résister et j'ai pu continuer mes études justées par la suite. [00:10:58] Speaker A: Donc finalement, tu as réussi à convaincre ton environnement que tu voulais continuer à faire ta vie. Qu'est ce que tu prends comme direction ? Alors je décide de continuer mes études en les sciences. J'adorais les maths, l'informatique, la physique. Je pouvais faire aussi les lettres. Mais j'ai jeté mon dévolu sur les sciences. Je suis partie à Paris six en Pierre et Marie Curie, à l'université. Alors ce qui était un peu frustrant pour moi, c'était qu'en terminale, effectivement, j'avais déposé des dossiers pour des classes préparatoires. J'avais été admise, j'étais admissible. Sauf que j'étais demandé conseil à des personnes qui avaient fait des écoles d'ingénieurs, des garçons, notamment un que j'avais pour référence, en fait, dans mon environnement familial, entourage, en tout cas. Et sa 1ʳᵉ réaction était de me dire oui. Mais de toute façon, t'es une fille. T'as tellement de choses à faire à. [00:11:45] Speaker B: La maison comme corvée, que tu n'auras jamais le temps de t'occuper d'aller en classe préparatoire. [00:11:47] Speaker A: Et le pire, c'est que je l'ai cru. Et à ce moment là, tu l'as cru. À ce moment là, tu t'es dit c'est un bon conseil qui m'a donné c'est un bon conseil, mais surtout pas. Donc aux jeunes filles, quand vous avez des avis comme ça, aussi tranchés, en. [00:12:06] Speaker B: Tout cas, faites le tour des. De plusieurs avis neutres, neutres et pas familiaux. Et neutres, pas forcément familiaux, parce que derrière, c'est clairement le mauvais choix. Et donc, toi qui étais passée par cette envie de liberté, ce refus du mariage arrangé, déjà quand on t'a dit. [00:12:22] Speaker A: Ouais, mais t'auras trop de tâches ménagères à faire à la maison, tu ne pourras pas aller en classe prépa. Tu l'acceptes. À ce moment là, je l'ai accepté et j'ai fait le pari d'aller à la fac. Alors je me suis dit bon, c'est le même programme qu'en classe prépa, et a priori, c'est moins stressant. C'est ce qu'on m'a tous dit, plus ou moins. Mais sauf qu'on m'a pas dit qu'on serait en toute autonomie. Et donc il faut quand même gérer son autonomie quand on sort du lycée. Ça, c'est aussi une autre épreuve. Donc c'est pas si simple que ça, l'université. Loin, au delà, loin de ce qu'on peut imaginer. Et que ce prépa, il y a quand même le cocon d'être encadré dans des petits effectifs par des profs. Ce n'est pas du tout le même, le même cadre. Donc encore une fois, voilà, mauvais choix. Mais j'ai persévéré. J'ai fait la fac, j'étais en dog mias. Ce qui était aussi top, c'est qu'en 2ᵈᵉ année, en fait, j'avais de bonnes notes. Et puis on était une petite poignée. J'étais en spécialité mécanique des fluides et des professeurs sont venus nous voir en nous disant vous êtes sélectionnés. En tout cas, vous êtes pris sur dossier pour intégrer l'école normale supérieure de Cachan. Normal sup ? Ouais, Normal sup de Cachan. Et du coup, je c'est bien, c'est top. [00:13:33] Speaker B: Mais je savais pas ce que c'était, en fait. Bon, c'est une école. [00:13:40] Speaker A: Ok. Je savais pas que c'était si compliqué que ça. Je voulais dire entrer. Oui, Normal sup, c'est l'élite. Ça fait partie des élites. Et vous savez que le choix que j'ai fait, bien sûr. En fait, moi, c'était depuis petite. Comme je disais, je voulais enseigner. [00:13:54] Speaker B: Je me suis révélée en physique au collège. La physique, c'est ma matière préférée. Et je voulais pas être prof de physique, du coup. Et comment ça se fait ça, d'ailleurs. Parce que quand on est fort à l'école, quand on est forte à l'école. [00:14:06] Speaker A: On a l'embarras du choix des matières à étudier. Les sciences et la physique, c'est pas forcément la 1ʳᵉ chose qui vient en tête. Ah bah ça vient de l'enseignant que tu as eu. Moi, j'ai eu une enseignante en 5ᵉ, fabuleuse, qui m'a fait rêver dans ses cours. Elle m'a captivée dès le 1ᵉʳ cours. En 5ᵉ ? Ah oui, en 5ᵉ, je m'en souviens. C'était extraordinaire. Une prof qui m'a complètement voilà, il suffit d'un message. Il suffit vraiment d'un message comme quoi l'enseignement, c'est vraiment. C'est un savoir faire extraordinaire. Ça m'a complètement pris. Et je sais que pour être enseignant en général, la voie classique, c'est à l'époque deg, licence, puis intégrer l'institut universitaire de la formation des maîtres, ce qu'on appelle l'Iufm. Moi, je pensais qu'il fallait faire ça tout simplement. Donc du coup, plutôt que d'intégrer l'ens de cachin, j'ai je vais faire une licence de physique, tout simplement. Et j'avais pas les codes, en fait, j'avais pas l'entourage pour m'aiguiller. Il n'y avait pas Internet à l'époque. Peu d'explications. [00:15:07] Speaker B: Les passerelles. Moi, je ne savais pas qu'on avait des passerelles aussi formidables en université. Je ne pensais pas que c'était une. [00:15:12] Speaker A: Chance si évidente pour moi. Donc t'es prise. Un normal sup et j'y vais pas. [00:15:18] Speaker B: Mais tu décides de. Finalement non, je vais aller à la fac. [00:15:23] Speaker A: Ouais. Je vais continuer l'histoire de. Avec le recul, c'est con. C'est vraiment con. [Sos/eos] et tu penses que c'est lié à l'environnement dont tu as. Ah oui. Mais c'est clair. C'est évident. Mes parents, c'est pas eux qui connaissaient l'ens. Mes frères, pareil. Ils savaient même pas. Ils connaissaient pas du tout. On aurait pu dire mes profs, ils ne sont pas vraiment expliqués. À l'époque, on nous a juste dit vous êtes pris. Mais oui, mais pour faire quoi ? Qu'est ce qu'on y fait ? Rien. Non, non. C'est lamentable en termes d'information. À l'époque, c'était. Franchement. Aujourd'hui, on est. On est beaucoup plus outillé. Aujourd'hui, on a plus d'infos. C'est clair. Ça n'a rien à voir. [00:16:02] Speaker B: Je pense que les personnes à ma. [00:16:03] Speaker A: Place aujourd'hui, avec cette chance là, la. [00:16:06] Speaker B: Saisiront sans s'en douter une seule fois. Moi, j'ai pas eu cette chance là, clairement. [00:16:11] Speaker A: Mais tu t'es quand même bien rattrapée, fatima, parce qu'après, t'es partie, tu as fait une carrière brillante d'ingénieur. Tu es partie en école d'ingénieur, c'est ça. Ensuite, en fait, ce que j'ai fait, c'est que j'ai fait ma licence de physique et je me suis dit. En tout cas, ma mère, elle me dit. Elle me mais fais ingénieur, j'ai un frère ingénieur à la base infrarienne, mais fais ingénieur toi aussi et je suis sûre que tu pourras enseigner derrière. Elle m'a donné le déclic, elle mais. [00:16:32] Speaker B: Oui, mais c'est pas idiot ce qu'elle dit, ma mère. De toute façon, ma mère, elle m'a toujours inspirée. [00:16:37] Speaker A: Ma mère, elle a pas été à l'école. Ta mère qui voulait te marier à 10, huit ans, elle t'a aussi encouragée à faire une école d'ingénieur ? Oui. En fait, ma mère, si tu veux, elle est. C'est une personne, en fait, qui vit son rêve, qui a vécu son rêve, en tout cas, d'aller à l'école. Au travers de mon parcours, clairement, ça se ressentait. Dès que je suis allée à l'école, je revenais, elle me demandait comment ça se passait, voilà. Elle ressentait tout. Elle était tout le temps là. Elle m'a remise des diplômes. Elle était présente, non, formidable, formidable. Une maman extraordinaire. Et en fait, à travers elle, clairement, j'avais une mission. C'était de poursuivre mes études et continuer jusqu'au bout. Donc ça, je m'étais fixé ça comme objectif, clairement, pour quelque part la remercier de ce qu'elle a pu m'apporter jusqu'à aujourd'hui, d'ailleurs, c'était un minimum pour moi, un minimum vital. Et puis oui, elle m'a encouragée effectivement, de continuer pour être ingénieure. Mais je pense que le mariage, en fait, encore une fois, c'est. Malheureusement, c'est juste parce que c'est traditionnel et ça revient, tout simplement parce que c'est quelque chose qu'ils ont l'habitude tout simplement de subir eux mêmes. Elle même, elle a subi ça quand elle était jeune, donc c'est devenu une normalité. Donc je la blâme pas. En fait, je les blâme pas, mes parents. C'est sociétal, en fait. [00:17:51] Speaker B: Par contre, nous, c'est à nous, notre génération, de transformer les choses et de réparer ce qui est réparable. Et mes enfants, clairement, ils ont le choix de leur mari e. F. [00:17:58] Speaker A: Et donc, cette voix intérieure, tu l'écoutes au moment où tu décides d'aller en école d'ingénieur. Tout à fait. [00:18:03] Speaker B: Et donc, tu l'intègres à quel âge, à peu près ? 20. [00:18:06] Speaker A: Deux ans. Alors, j'avais 20. Deux ans. Oui, c'est ça. J'ai fait trois ans. Donc 21 ans. Exactement 21 ans. Et c'est là que tu as ta. [00:18:18] Speaker B: 1ʳᵉ expérience à l'étranger aussi ? [00:18:20] Speaker A: Oui, effectivement, oui. Quelle expérience enrichissante à tout point. Parce qu'en fait, vous savez, en l'école d'ingénieur, on fait un stage ouvrier. Et cette année là, un stage ouvrier. Ouvrier. Oui. Donc un stage destiné à découvrir un peu l'entreprise de manière générale. Globalement, c'est ce qu'on nous suggère. Sauf que moi, j'avais déjà travaillé par le passé, pour aider mes parents, etc. Chez France Télécom Bouygues. J'avais fait des petits boulots. Et faire encore un stage dans une entreprise. Non, c'est bon. Par contre, je cherchais un sens à ma vie. Je cherchais vraiment quelque chose qui vienne m'aider à me construire. J'avais besoin de me réaliser. Et comme l'éducation et la santé, c'est deux axes, en fait, qui m'ont toujours. [00:19:10] Speaker B: Bouleversée de par mon histoire. [00:19:13] Speaker A: Et j'avais besoin de me réaliser dans une action humanitaire. [00:19:16] Speaker B: Donc mon dévolu s'est jeté sur une action humanitaire au Burkina Faso. [00:19:20] Speaker A: Le pays des hommes libres. E. F. Les hommes intègres. E. F. Ah oui, effectivement. Le pays des hommes insac. La liberté. Pour toi, c'est quelque chose de très important, non ? Visiblement, oui. Oui, visiblement. Et du coup, je demande à l'époque à mon directeur d'école d'ingénieurs si je. [00:19:38] Speaker B: Pouvais faire une action humanitaire plutôt qu'un stage ourier classique. [00:19:42] Speaker A: Il me dit c'est une 1ʳᵉ écoute, feu vert. Je comprends tellement. Je deviens moi même du monde ouvrier. Je ne peux que cautionner. Vas y. Ça t'a transformé, cette expérience. Ah oui. Je la recommande. C'est sincèrement. C'est un bouleversement émotionnel intense. On se remet en cause. On est vraiment dans le partage, dans l'humain. Moi, mon rôle était de réparer des. [00:20:08] Speaker B: Écoles délabrées dans un village, Saint Gaudin. [00:20:09] Speaker A: Pas loin de la capitale, à Ouagadougou. Ÿousand. Et j'ai donc le matin, on avait des ateliers. On était les mains dans le ciment. Ça, c'est un vrai stage ouvrier. Ah oui. Pour le coup, on prend comme ça. Effectivement. Ça coche les cases et l'après 12 h, je m'en souviens, j'avais improvisé des cours auprès des enfants dans le village. C'était l'été, il n'y avait pas école, mais je m'ennuyais. Donc je dis, bon, j'ai lancé des ateliers, et au départ, il y avait une poignée d'enfants qui venaient assez court, puis au bout de quelques jours, bouche à oreille, il y avait vraiment une quarantaine d'enfants qui venaient. Tu donnais des cours de français, mathématiques, on improvisait, on faisait du théâtre, vraiment on faisait pas mal de choses. Et c'était juste extraordinaire. C'est à dire que les enfants qui venaient assez court, au bout de quelques. [00:20:59] Speaker B: Jours, venaient avant même que je n'arrive. [00:21:00] Speaker A: Pour ouvrir les fenêtres, préparer la classe. [00:21:03] Speaker B: Et quand je rentrais sur le seuil de la porte, ils se mettaient tous debout à m'attendre. [00:21:09] Speaker A: C'était ça, c'était horrible. Et tu donnais tes cours ensuite, c'était juste extraordinaire. Et c'est quelque chose qui t'a nourrie ensuite dans ta carrière d'ingénieur spatial aussi, cette. Ah oui, clairement parce que moi, ça m'a révélé, ça m'a transformée, ça m'a donné une énergie telle que j'ai enfin compris que j'avais quelque chose à mener dans ma vie professionnelle, personnelle, j'avais quelque chose à faire. Et ma mission à l'issue de ce stage, était en retour, bien sûr en France, de poursuivre cette sensibilisation auprès des enfants sur les conditions d'école, dans laquelle la chance qu'ils ont en France, finalement, d'étudier dans de telles conditions, par rapport à ce qu'on a en Afrique. Et moi, j'ai compris très vite la chance que j'avais d'être en France et de suivre une scolarité en France, clairement, quand on pense à Nelson Mandela et sa Maxime, et ma Maxime favorite, que l'éducation est l'arme la plus puissante pour changer le monde, clairement, oui, je peux en témoigner. Parce que je sais d'où je viens, je sais où je suis et si je suis, si je brille aujourd'hui. [00:22:18] Speaker B: Je me sens brillée dans l'espace, c'est pas par hasard, c'est parce que j'ai un parcours que j'estime hors du commun et que je souhaite partager et témoigner ici. [00:22:28] Speaker A: Même, avec toi, Jules. Donc toi, tu as 20, deux ans à l'époque, tu rentres du Burkina en France, et tu crées une association en parallèle de tes études d'ingénieur. Tout à fait, ouais, exactement, exactement. Cette association, en fait, on. Alors pareil, on cherche, on monte un dossier. Et j'avais un rêve, en fait, depuis petite, comme je l'avais raconté au début, dans le village de mes parents, il n'y a jamais eu d'école. Et je l'ai vécu comme une injustice clairement. Et j'ai toujours voulu réparer cette injustice par un moyen. Je m'étais renseignée auprès de l'éducation marocaine bien sûr à l'époque, pour voir ce qu'il était possible de faire, mais ce n'était pas dans la carte prioritaire des écoles publiques, donc il n'y a rien se passait clairement. Donc j'ai pris mon bâton pèlerin, j'ai créé mon assos, on a monté un dossier, on a eu don d'un terrain par les villageois, on a eu le permis de construire, j'ai collecté les fonds. [00:23:28] Speaker B: Et on a construit l'école en deux mois et 1/2. Ça a permis l'ouverture dans la foulée, en septembre 2005, avec une centaine d'enfants. [00:23:35] Speaker A: Scolarisés, donc annuellement aujourd'hui, et c'était formidable. Et aujourd'hui ça veut dire que grâce à toi, grâce à cette association, il y a dans le village de tes parents qui sont illettrés finalement une école tout à fait. Oui, tout à fait Yasmine. Et j'en suis très fière parce que c'est une réalisation personnelle quelque part une réparation d'une injustice. [00:23:57] Speaker B: Et éviter finalement à d'autres enfants de subir ce que mes parents ont vécu tout simplement. Si je pouvais. Ouais, c'était mon pierre, c'était le minimum que je pouvais apporter quelque part dans ce village. Donc tu es en France, tu fais. [00:24:10] Speaker A: Des tas de choses au Maroc, tu as construit une école. Ok, très bien. Tu continues tes écoles, tes études d'ingénieur, et à ce moment là tu vas finir tes études et puis ensuite commencer une carrière. En fait, après j'ai enchaîné avec effectivement ma 2ᵉ année d'école, puis un autre stage. [00:24:30] Speaker B: Et là pour le coup, je décide d'aller dans un laboratoire physicien, donc de physiciens, le Cern, le centre européen de recherche nucléaire. Une fabuleuse expérience. [00:24:42] Speaker A: Donc le Cern, pour ceux qui ne savent pas, c'est ce grand institut à Genève en Suisse, qui a cet accélérateur de particules énorme aussi, et où les chercheurs tentent de percer les mystères de l'univers. Globalement, cette expérience pour moi elle a été extraordinaire parce que je suis passée du monde quelque part de la Courneuve de la cité au monde de Genève. Et il y avait vraiment Zweitausendein, une nouvelle découverte d'un nouvel environnement, d'une nouvelle. Voilà un nouveau pays qui pour le coup était inconnu jusqu'à présent dans ma vie de jeune fille. [00:25:23] Speaker B: Et encore une fois grâce aux études, donc l'école est vraiment un ascenseur, je pense, social, évident. Et j'encourage les jeunes filles à s'accrocher à l'école pour changer leur vie, si elles le souhaitent. Et donc là, t'es au CERN, à Genève, dans un environnement que j'imagine très international aussi. [00:25:41] Speaker A: T'as 20, trois, 20, quatre ans. Oui. Ça y est, t'es émancipée, dans cet environnement stimulant. [00:25:47] Speaker B: Aussi. [00:25:47] Speaker A: Pour toi, la vie commence. La vie que tu voulais avoir quand tu étais petite, elle commence. Oui, tout à fait. Oui, tout à fait. J'étais très, très bien. J'ai un poisson dans l'eau, je dirais. Au point où on m'a proposé de revenir l'année suivante pour y dérouler une thèse. Donc j'étais très contente. C'était très positif. Néanmoins, je dirais que les contraintes familiales me rattrapent. Et c'était clairement hors de question pour mes parents de me revoir repartir. Ils avaient peur de me perdre. Ils voulaient que je reste encore avec eux, dans leur giron. Et du coup, il a fallu que. [00:26:35] Speaker B: Je cherche un nouveau stage en région parisienne. Et c'est ainsi que j'ai intégré le centre de recherche d'Airbus en stage. Et j'ai été recrutée chez Airbus en 2004, précisément. [00:26:45] Speaker A: Et c'était finalement le début de ta carrière spatiale ? Oui. Et à ce moment là, l'idée du mariage, tes parents, ils avaient abandonné. Là, ça y est, ils t'avaient récupéré en région parisienne ? Non, non. Ils ont toujours ça dans leur tête. Donc c'est pas fait, ça. Ça revient tout le temps ? Non, non, c'est en permanence. En fait, je le dis pas, mais oui, c'est quelque chose qui vient en permanence. C'est des discours qui viennent sur la table régulièrement, après, avec des pressions parfois beaucoup plus fortes, comme ce fut le cas quand j'avais eu mon bac. Il y a des moments parfois comme ça, mais non, non, c'est. Malheureusement, c'est quelque chose qui te poursuit. Tu es une fille, c'est comme ça. Comment tu t'en es sortie, finalement ? Toute seule ? Oui. [00:27:32] Speaker B: J'ai décidé de partir, tout simplement. De sortir, de prendre un appartement. Et j'ai pris mon indépendance, contre le gré de tout le monde. Ma mère m'a compris, elle m'a laissé partir. Mais c'est vrai qu'ils n'étaient pas contents. Je suis partie. [00:27:54] Speaker A: Et quand on commence une carrière d'ingénieur, a fortiori dans l'aérospatiale, qu'on a des ambitions aussi, de vie libre et de carrière brillante, d'avoir ces contraintes ÿ qui peuvent être culturelles ou familiales, c'est pas mal d'embûches en plus, c'est un vrai poids. [00:28:05] Speaker B: C'est un vrai poids, clairement. On a l'impression de. On n'est pas aidé. [00:28:07] Speaker A: Oui. On n'est pas aidé, clairement. [00:28:09] Speaker B: Oui. [00:28:10] Speaker A: Oui. Moi, je me battais pour aller à la bibliothèque pour étudier. Tu te battais ? C'est vrai qu'il y avait des videurs en face de la bibliothèque. Et tu te battais contre quoi ? C'était limite. Ils comprenaient pas pourquoi je voulais sortir étudier à la bibliothèque. C'était du luxe. C'était. Leur demander. C'est comme si j'allais en discothèque. C'était un peu bizarre. Non, non. C'est compliqué de se faire comprendre, alors qu'on a juste envie de. Sur des choses très simples et mentales. Mais ces deux mondes. Ces deux mondes. [00:28:39] Speaker B: Et tant bien que mal, ils ont fini par lâcher. Et heureusement. Et j'ai pu vivre ma vie sereinement, plus tard. Mais c'est vrai que ça n'aide pas. Ça n'aide absolument pas à s'accomplir sereinement dans sa vie. Oui, c'est sûr. Et le spatial, pour toi, donc, on. [00:28:55] Speaker A: A compris à peu près d'où vient ta passion pour la physique, nous a parlé de ton enseignante de 5ᵉ. C'est ça. Et le spatial, donc, c'est arrivé dans ta vie par stage chez Airbus. C'est ça. Alors le spatial, en fait, est arrivé un peu plus tard. Moi, j'ai Airbus, en fait, c'était plutôt l'avionique. Donc j'étais plutôt sur des programmes type avion électrique ou de la recherche. Et en fait, Ariane Group est venu un peu plus tard via une mobilité interne. C'était en 2010 sept, grosso modo. Il y avait un plan social sur le centre de recherche à Suresnes et bon. Fallait. Il fallait changer de job. Et j'avais trouvé deux, trois postes, donc sur certaines filiales à l'époque de l'entreprise. Et j'ai jeté mon dévolu sur Ariane Group, parce que c'est vraiment l'entreprise, pour moi qui. Qui permet de travailler sur des programmes long terme. Et ça, pour moi, c'était important d'avoir quelque chose sur le long terme. Oui. Une vision, quelque chose de Ÿousand. [00:30:00] Speaker B: Et c'est concret. Et Ariane six arrivait et mon dieu. Ariane Group, John voy, turbus, safran. Il y a tellement de choses à faire. [00:30:09] Speaker A: C'était pour moi très excitant, quoi. J'ai dit oui. C'est ouf que j'ai. C'est ma voix. Et ça, c'était avant d'arriver aujourd'hui, pour toi, de travailler dans le spatial, qu'est ce que ça a de spécial, de particulier, de si unique. Alors moi c'est un domaine extraordinaire. En fait je dirais j'ai vraiment une chance fabuleuse de travailler dans le domaine dans lequel je suis. Il y a énormément de nouveautés, ça évolue tout le temps. Le spatial, c'est quelque chose qu'on a dans notre vie quotidienne au travers de plein d'applications GPS, météo, smartphone. C'est quelque chose dont on peut plus passer aujourd'hui. C'est quelque chose de très concret, comme la physique, c'est quelque chose aussi qui est encore à explorer. Il y a énormément, encore de mystères dans le spatial. Donc on apprend tous les jours. Et moi, un job où justement il y a cette notion de j'apprends tous les jours, je m'ennuie pas, c'est moi, c'est capital, c'est clé. Et ça j'adore ça, j'adore ça, j'adore. Et puis mes enfants, ça les fait rêver. Le spatial, ça fait rêver énormément de monde. Quand je fais des interventions les étoiles dans les yeux. Non, non. [00:31:31] Speaker B: C'est quelque chose que je vois dans les festivals, dans plein d'événements dans lesquels je m'intègre. On le voit dans les films. C'est quelque chose qui occupe la scène, qui intéresse énormément. [00:31:43] Speaker A: C'est fabuleux. Le spatial, c'est vraiment fabuleux. Je suis heureux de l'entendre dire. Le spatial, c'est fabuleux. Je trouve aussi que ça l'est. Si on te proposait de travailler dans un autre domaine, tu dirais quoi ? Non, franchement. Pas de négociation alors. Non, je t'assure. Non, parce que je m'épanouis vraiment dans ce job. Je peux enseigner à côté. C'est pas incompatible, je. [00:32:11] Speaker B: Le fais déjà. Donc ça, c'était quelque chose de crucial dans ma carrière professionnelle et je le fais. Non, non, c'est blessed to be. Je suis bien là où je suis pour le moment. Je changerai de l'environnement. C'est trop bien. Et tout à l'heure, tu m'as parlé de confiance en soi et tu m'as. [00:32:29] Speaker A: Dit que tu avais parfois l'impression de manquer un peu de confiance en toi. C'est quelque chose qui te vient aussi, tu penses naturellement ou alors est ce que ça vient de ton parcours un peu semé d'embûches comme ça ? Ah oui. Non, ça vient de l'éducation, clairement. Mon éducation, c'était zweitausendeinundzwanzig. En gros j'étais dans l'ombre. J'ai grandi, j'étudiais, je rentrais chez moi, j'étudiais, je rangeais, je nettoyais. Voilà. [00:33:00] Speaker B: C'était mon quotidien. J'ai pas réellement beaucoup d'autres activités, je recevais peu de copines, c'était compliqué. Et quand on grandit dans l'ombre, c'est. [00:33:08] Speaker A: Compliqué de grandir dans la lumière plus tard, de se dévoiler, de se mettre sur scène. Et aujourd'hui, je te vois, tu es encore une fois quelqu'un de tout à fait épanoui, rayonne peut être pas dans la lumière, mais en tout cas tu es. Mais il a fallu un vrai travail sur moi, ça c'est pas. C'est pas venu naturellement, il a fallu. Alors il y a des clés, il y a des clés. Moi, j'étais passionnée de chant parce que bien sûr, quand on est dans sa chambre, ben ce qui. Moi je chantais tout simplement, c'est comme ça que j'ai chanté. Et petit à petit, dès que j'avais l'occasion de faire quelque chose, de ce que je savais faire, je le faisais. Et au lycée, j'avais créé un club chant, voilà, parce que c'était une manière de concrétiser ce que j'avais appris à faire toute seule. Et ce club chant, ça donnait des concerts à la fin de l'année dans le lycée, c'est des super souvenirs. Pareil pour la danse. J'ai eu la chance à 16 ans de prendre des cours de danse et. [00:34:09] Speaker B: Tout de suite je me suis accrochée à ça et jusqu'à enseigner. [00:34:12] Speaker A: Et clairement le côté artistique, en tout cas les arts. L'écrit aussi, j'adore écrire. J'écris beaucoup, des poèmes, des textes. Ÿousand parce que j'essaie d'écrire des livres. Et ça, c'est ce qui t'a donné un petit peu ce surplus de confiance en toi ? C'est ça qui m'a réconciliée finalement avec tout. En tout cas, c'est un peu la pommade que j'avais sur les cicatrices effectivement. Ouais, tout à fait. Donc petit à petit, cette mise en lumière que j'essayais de faire par ci par là à porter ses fruits, même. [00:34:48] Speaker B: Si aujourd'hui je suis pas forcément la plus à l'aise sur scène, etc. Être encore une fois dans l'ombre plus que dans la lumière, je suis moins. Je me sens moins timide ou je. [00:35:01] Speaker A: Me sens plus à l'aise que par le passé, c'est sûr. D'accord, c'est sûr. Tu parlais de transmission quand on a commencé à parler, on parlait de transmission, d'éducation. Aujourd'hui, c'est quelque chose que tu arrives à réaliser de par ta carrière ou en dehors ? Oui, tout à fait. En fait, moi donc, je te rappelle ma maman. Oui. En école d'ingénieur, de toute façon, tu pourras enseigner. Et ben, bingo. J'ai décroché mon diplôme. J'ai bossé chez Airbus et au centre de recherche. Il y avait des gens qui intervenaient dans les écoles d'ingénieurs ou dans des facs. Je demandais ce que je pouvais faire pareil. Et ben, j'ai. Je suis partie enseigner dans mon ancienne école d'ingénieur. Et donc j'ai fait ça plusieurs années et je continue aujourd'hui chez Ariane groupe. Donc j'interviens dans des écoles d'ingénieurs, dans mon ancienne école d'ingénieur. J'ai cette chance là. Donc je transmets ce que je peux auprès des jeunes. Je fais des sensibilisations aussi auprès des plus jeunes dans les écoles primaires. [00:35:56] Speaker B: Je profite de la semaine de l'espace aussi pour. Voilà. Pour porter ma voix auprès des jeunes filles, notamment avec des ateliers sur la fusée Ariane six. Super. [00:36:05] Speaker A: Et c'est très enrichissant. [00:36:06] Speaker B: Oui. Je continue. J'essaye de donner toujours un peu. [00:36:08] Speaker A: Oui, tout à fait. [00:36:09] Speaker B: Dès qu'on est dans l'échange, dans le partage. C'est ce qui. [00:36:17] Speaker A: Ça m'anime. Ouais. C'est quelque chose qui rend vraiment heureux aujourd'hui. Tu as trois enfants, fatima ? Oui, j'ai trois enfants. Tu as des garçons et une fille ? Garçons, fille, garçon. Exactement. Garçon, fille, garçon. Et tu es avec eux comment ? [00:36:30] Speaker B: Différemment. [00:36:30] Speaker A: Avec la fille, c'est de manière totalement égale. [00:36:33] Speaker B: Il n'y a pas de plus et de moins. Ils font tous jouent du piano ? [00:36:36] Speaker A: Tous les trois ? Ils ont des passe temps tous les trois ? Non, ils ont. Ils ont vraiment, j'essaie de. Un petit. Égalité. Il n'y a pas de favoritisme entre garçons et filles. Pour toi, c'est quelque chose d'important, justement, de casser les codes que tu as connus dans ton âme. Mais complètement. La société, malheureusement, elle a encore du retard et du chemin là dedans. Même en France, on a encore trop de stéréotypes, trop de clichés sur les femmes en général, jeunes et jolies, mais pas. Pas, mais incompétente. Il y a tellement de. Malheureusement, de clichés qui. Qui existent encore en entreprise ou ailleurs. Donc faut se serrer les côtes entre femmes. [00:37:20] Speaker B: Faut Ÿousand témoigner, sensibiliser les jeunes filles. Tout est accessible. Les siens sont accessibles. Marie Curie, une grande scientifique, l'a prouvé par ses recherches formidables. [00:37:31] Speaker A: Non, non. Il faut y croire et puis. Et puis écouter sa voix intérieure en. [00:37:37] Speaker B: 1ᵉʳ, avant d'écouter celle des autres. Alors Fatima, comme c'est une émission sur. [00:37:41] Speaker A: L'Espace, quand même, un petit tour de. [00:37:43] Speaker B: Questions rapides, maintenant, sur l'espace, ma 1ʳᵉ question, c'est. Quel est ton livre spatial préféré ? [00:37:46] Speaker A: Alors il y a la BD de Marion Montaigne sur la combi de Thomas Pesquet. Dans la combi de Thomas Pesquet. Je suis dans la BD, je te signale. Attends, mais oui. Je me rappelle plus très bien. Je suis dans la BD. Ouais, d'accord. Plusieurs fois. Pas beaucoup, mais un petit peu. Ah, d'accord. Je regarderai de manière plus précise next time. Donc du coup, cette BD, j'aime pas mal, parce que ça décrit de manière assez ludique, tout simplement de l'aventure de Thomas Pesquet v. La station spatiale internationale. [00:38:17] Speaker B: Et avec mes enfants, on se fait un plaisir de la regarder, de la lire. C'est vraiment tourné. En fait, ce genre de BD, je trouve ça formidable pour vulgariser les sciences, tout simplement auprès des plus jeunes. [00:38:31] Speaker A: Donc je trouve que c'est un bon vecteur de communication. Et Marion Montaigne, elle a un talent fou, un humour décapant. Et tout est vrai dans la BD, je te signale. Tout est vrai. Thomas lui même s'est beaucoup impliqué. Tout est vrai. 2ᵉ question, ton film spatial préféré ? Alors moi, je citerais la saga Star Wars, parce qu'en fait, c'est un feuilleton. Tout le monde un peu connaît. C'est science fiction. Ça m'a un peu bercée quand j'étais plus jeune. C'est ce que je regardais avec mes frères, notamment. Et aujourd'hui, dans le monde du spatial. [00:39:06] Speaker B: Il y a toujours une résonance très. [00:39:09] Speaker A: Forte entre Star Wars et ce qu'on fait au point où on a des. [00:39:14] Speaker B: Salles de réunion qui portent le nom de personnages clés, style Chewbacca, etc. Donc ouais, Star Wars, pour moi, c'est quelque. [00:39:21] Speaker A: Chose que mes enfants ont regardé, voilà. C'est quelque chose indémodable. C'est un truc transgénérationnel, finalement, pour ceux qui s'intéressent, qui est toujours là, qui continuera, je pense, encore des années. Quelle est la chose la plus précieuse que tu as apprise au cours de. [00:39:41] Speaker B: Ta vie professionnelle dans le spatial ? Un peu, ce que je disais, comme un peu avant, c'est que. [00:39:49] Speaker A: On apprend tout le temps des choses. On se lasse pas de faire les activités dans le spatial. Il y a toujours des nouveautés, il y a toujours de l'innovation. Et ça, c'est super. Quel conseil donnerais tu à une jeune fille qui voudrait se lancer dans une carrière spatiale aujourd'hui ? Je dirais d'y croire. Déjà, si elle veut le faire, c'est Ÿousand peut le faire. Si elle rêve de le faire, c'est qu'elle peut le faire. Et de faire tout pour y arriver. Parce que, encore une fois, on a des femmes dans le spatial. Et c'est pas du tout incompatible. Fille spatiale. [00:40:23] Speaker B: Non, au contraire, on a besoin de femmes. Et il faut des femmes. Donc de croire en ses rêves, d'écouter sa voix intérieure, de bien s'entourer à mon entourage neutre, de prendre plusieurs conseils. [00:40:36] Speaker A: Avant de prendre une décision et puis de suivre sa voix jusqu'à la mener. V. Le spatial, tout simplement. Est ce que tu connais la question moins plus ? [00:40:47] Speaker B: La question moins plus, c'est qu'est ce. [00:40:50] Speaker A: Que tu voudrais faire moins dans ta vie aujourd'hui ? Et qu'est ce que tu voudrais faire plus alors ? Faire. [00:40:57] Speaker B: Alors, je serais faire plus, déjà, faire plus d'intervention dans les écoles de sensibilisation, ça, c'est sûr. Faire moins, c'est une question très difficile. C'est une question que tu t'es jamais posée clairement. Oui, parce, comme tu l'as expliqué, tu fais toujours plus. Plus, je ne saurais pas répondre. C'est comme ça. Donc, juste faire plus. Ouais, ouais, tout à fait. Fatima, merci beaucoup d'avoir passé ce temps avec nous. Merci beaucoup surtout de faire partie de celles qui, sur terre, tous les jours, font l'espace. Merci à toi, Jules. Merci. Merci d'avoir écouté cet épisode de elles font l'espace.

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