Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Tu sais qu'il y a beaucoup d'invités qui citent ton ouvrage comme leur livre spatial préféré. Je leur demande à chaque fois. Et les invités disent la BD de Mario Montagne dans la combi de Thomas Pesquet.
[00:00:14] Speaker B: C'est marrant.
[00:00:15] Speaker A: Qu'est-ce que ça t'inspire ?
[00:00:16] Speaker B: Je me vois un peu comme un labrador débarqué dans le milieu spatial, à faire « Bon alors, vous faites quoi ? » Ça, c'est rigolo, j'ai fait un gag, alors que c'est à tout un protocole, point par point. Et donc, ça me touche qu'il y ait quand même cette sympathie de ce milieu qui a compris la démarche, qui était de montrer leur travail, mais pas tant pour eux, mais plus pour l'extérieur, des gens qui connaissent pas. Le but, c'était de faire un livre vraiment pour les gens que ça intéresse pas.
[00:00:47] Speaker A: Un épisode très spécial aujourd'hui de Elles font l'espace puisque je ne reçois pas une femme qui travaille dans le secteur spatial, mais une femme qui a fait beaucoup pour l'image de l'espace en France en créant une oeuvre littéraire, une bande dessinée qui s'appelle Dans la combi de Thomas Pesquet, un best-seller vendu à plus d'un demi-million d'exemplaires et qui a fait énormément pour transformer l'image du spatial en France et qui, vous allez le voir, a aussi transformé pas mal de choses dans sa vie. À elle, je reçois Marion Montagne.
Bonjour Marion.
[00:01:18] Speaker B: Bonjour Jul.
[00:01:20] Speaker A: Comment ça va ?
[00:01:20] Speaker B: Ça va.
[00:01:21] Speaker A: Bon, j'ai précisé dans l'introduction qu'on a un épisode un petit peu spécial aujourd'hui avec toi, puisque tu n'es pas à proprement parler dans le milieu du spatial.
Mais on peut dire de manière indéniable que tu as fait beaucoup finalement pour l'espace en France, pour le spatial en France, avec une BD de 200 pages que beaucoup d'invités du podcast ont déjà cité, qui s'appelle « Dans la combi » de Thomas Pesquet.
[00:01:49] Speaker B: Oui, c'était il y a sept ans maintenant que j'ai eu la chance de rencontrer Thomas. Non, fin 2015, à une époque où il n'était pas encore trop connu, pas encore trop pris par les médias, ça allait commencer.
Et en fait, c'est marrant parce que je voulais faire justement une BD plutôt sur la conquête, enfin, comment on irait sur Mars, comment on se présenterait à un voyage vraiment loin. Mais d'un point de vue scientifique, quels étaient les défis scientifiques, etc. En fait, je voulais faire un peu comme Mary Roche, qui est une vulgarisatrice américaine et qui, elle, elle est à la NASA et elle est posée plein de questions. J'avais adoré son livre et je me suis dit, c'est super visuel. J'aimerais faire la même chose, mais en France. Et j'étais justement en train de me documenter là-dessus. Et tout le monde me parlait au CNES, partout, me parlait d'un certain Thomas Pesquet qui était en entraînement.
Il s'avérait qu'il connaissait mon travail. Il m'avait laissé un commentaire sur mon blog qui datait de 10 mois de retard. Je l'avais fait 10 mois plus tôt et je n'avais pas vu son commentaire.
[00:03:02] Speaker A: Tu as un blog, déjà depuis plusieurs années, qui s'appelle « Tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même ».
[00:03:07] Speaker B: « Tu mourras quand même », où c'est de la vulgarisation scientifique, mais un peu drôle, enfin vraiment déconnante même. Et dans cette note-là, en début 2015, mais vraiment, je racontais des trucs sur les astronautes. C'était documenté. D'ailleurs, je m'étais inspirée aussi de ce qu'avait fait Mary Roche.
C'est ce qu'elle racontait de sa documentation auprès d'ingénieurs de la NASA. Et j'avais fait une BD où je me moquais assez bien des astronautes.
[00:03:32] Speaker A: Je les représentais avec... Et Thomas était tombé dessus. Il avait fait un commentaire en mode, moi, je suis astronaute.
[00:03:38] Speaker B: C'est à peu près ça. C'est vraiment ça, le quotidien. Oui, un truc genre, c'est à peu près ça. Je suis astronaute, donc je peux le dire. Et je n'avais pas vu. Je n'avais pas vu le commentaire.
[00:03:49] Speaker A: Et dix mois plus tard, le CNES te fait un toc toc. Marion, t'as vu qu'un astronaute a laissé un commentaire.
[00:03:55] Speaker B: C'est un attaché de presse du CNES, Julien, qui me fait du don. Il me fait plutôt du don, c'est pas cool, t'aurais pu répondre à Thomas Pesquet. Et donc, je suis retournée voir et je me suis dit, je peux lui poser des questions. Alors, j'étais un peu rassurée parce que c'est encore mieux quand les gens connaissent mon travail, parce que Des fois, j'ai du mal à expliquer. Voilà, je fais de la science, mais un peu trash, mais un peu marrante, mais c'est sérieux, mais c'est un peu... Et donc là, s'il connaissait, je me disais, bon, s'il aime bien, ce sera peut-être plus facile de l'approcher. En fait, ça a été assez... ça s'est fait assez vite. Il a profité d'un passage à Paris pour passer voir l'atelier.
On a un peu discuté.
[00:04:35] Speaker A: Et ça, c'était le début, finalement, de cette aventure.
[00:04:37] Speaker B: C'était le début d'une grande aventure. Mais oui, mais en fait, c'est drôle parce qu'au début, je pense qu'ils ne savaient pas vraiment ce que je voulais faire. Peut-être qu'ils pensaient que j'allais faire un autre petit article dans le blog. Moi non plus, je ne savais pas encore trop quel livre j'allais faire parce que des fois, de temps en temps, je fais des gros bouquins vraiment sur des sujets et je ne savais pas trop vers où j'allais, si j'allais plus parler des vols habités et tout. J'étais vraiment en phase de documentation et là, je vois un astronaute et je fais Il raconte quand même des trucs assez marrants. Il me racontait des trucs bizarres qu'avait fait la NASA, des trucs un peu marrants sur les astronautes.
J'avais une image, malgré ce que j'avais raconté avant, de la NASA qui ne se trompait jamais, qui était parfaite, des astronautes qui savaient se tenir.
[00:05:21] Speaker A: Et ça, ça t'a surpris ?
[00:05:23] Speaker B: Alors déjà, c'est l'accès assez cool, enfin de quelqu'un qui me parle comme vous rencontriez un, vous savez déjà qu'il est plus intelligent que vous, mais facilement, d'un abord assez facile. Et ça, ça m'a surpris. Et après, c'était quoi la question ? Ouais, j'oublie souvent la question.
[00:05:44] Speaker A: Je disais que ça, c'était le début de cette aventure.
qui t'a fait rentrer dans, finalement, une des personnes les plus influentes sur le spatial en France, avec cet ouvrage que tu as créé. Et tu as un autre point commun avec une de nos invitées, Erika, que j'ai découverte en lisant ta bio, parce qu'on prépare un petit peu les émissions, c'est que tu es née à La Réunion, ça je ne savais pas du tout.
[00:06:11] Speaker B: Oui, je suis née sur l'île de la Réunion, parce que mon père était muté tous les quatre ans. Donc, en fait, il n'était pas militaire, mais il travaillait à EDF, GDF et on déménageait régulièrement. Donc, il s'avère que j'étais à la Réunion et j'ai vécu là-bas quatre ans.
[00:06:30] Speaker A: Et ensuite, vous êtes rentrée en France, c'est ça ?
[00:06:32] Speaker B: En métropole.
[00:06:33] Speaker A: En métropole.
[00:06:34] Speaker B: En métropole. Bien sûr. Ouais, ouais, en bons oreilles, on est rentré en métropole et après, j'ai encore déménagé tous les quatre ans.
[00:06:41] Speaker A: Donc ça, ta vie, ton enfant, c'était de déménager, de changer d'endroit tous les quatre ans, de quitter ses amis, etc.
[00:06:47] Speaker B: Ouais, alors c'était toujours en France, mais c'est vrai que c'était un truc, je pense que c'était pas toujours très bien vécu. Je trouve que plus on avance dans l'âge, plus c'est dur. Les derniers déménagements, en plus, moi, j'avais pas du tout envie d'aller à Paris, par exemple. C'est foutu.
Non, non, c'est pas, c'est pas évident. C'est quand, justement, au bout de quatre ans, on commence à être bien, avoir des amis, hop, il faut repartir. Donc, c'est peut-être, je sais pas en quoi c'est intervenu dans mon art, si ça m'a traumatisé ou je sais pas.
[00:07:19] Speaker A: Toi, t'as des frères et sœurs ?
[00:07:20] Speaker B: J'ai deux sœurs et un frère qui sont triplés, qui ont trois ans de plus que moi.
[00:07:24] Speaker A: Qui sont triplés ?
[00:07:25] Speaker B: Ouais, je suis venue après.
[00:07:26] Speaker A: T'es la quatrième de la famille, du coup la dernière.
[00:07:28] Speaker B: Je suis la quatrième de la famille, je suis la dernière, je suis l'artiste.
[00:07:31] Speaker A: Mais comment c'est de grandir avec des triplés comme frère et sœur ?
[00:07:36] Speaker B: Je sais pas, c'est comme demander à un cheval ce que ça fait d'avoir quatre pattes. Enfin, je veux dire, moi, non, mais j'ai toujours vécu avec des triplés, donc...
Je ne sais pas ce que c'est qu'avoir des frères et sœurs. Non, c'est un peu spécial. J'ai l'impression que c'est un bulldozer. En fait, quand je pense à mes frères et sœurs, je vois un bulldozer qui trace un chemin dans une forêt amazonienne et je n'ai plus qu'à suivre. Ils avaient des revendications.
À 13 ans, on a obtenu 100 francs par mois. Donc, comme ils l'ont fait, j'ai eu ça à 13 ans. Donc, ils traçaient le chemin.
[00:08:07] Speaker A: Je vois, je vois. Mais dans ton enfance, ta vocation, C'était la BD ? Tout de suite le dessin, c'est quelque chose que tu as toujours fait finalement, dans les marges de tes cahiers, tu.
[00:08:17] Speaker B: Dessinais des choses comme ça ? Ouais, je dessinais pas mal. J'ai retrouvé même des courriers. Moi, j'avais une image de moi... J'étais bonne élève, mais vraiment...
Parfait. Et là, j'ai retrouvé des courriers d'amis du lycée, justement, après que j'ai déménagé, qui me racontaient que je dessinais vraiment beaucoup en cours.
Pour les faire rire, je dessinais beaucoup les profs, beaucoup de trucs, tout en étant sérieuse. Mais oui, je dessinais pas mal. Je m'y mets bien. Je pense que ça me fait J'imaginais des trucs, mais j'aimais bien. Je pense que j'avais un truc avec le dessin, avec l'image. Je regardais beaucoup les livres. Je lisais peu, mais je regardais beaucoup les images.
[00:09:05] Speaker A: C'est-à-dire que tu lui dessinais, tu dis pour faire rire tes camarades. C'était ça ta première motivation ?
[00:09:11] Speaker B: D'abord, faire rire ma famille. J'ai dessiné... En fait, je pense que j'utilisais un peu le dessin pour faire passer des infos. Je dessinais mon père en train de... Comme il était très mauvais bricoleur, je le dessinais, par exemple, perdant le contrôle de sa tronçonneuse ayant coupé le chien en deux. Donc, déjà, il y a un humour. Donc, il recevait ça, on faisait ah ah ah. Ensuite, c'était pour faire rire mon frère. Je racontais ses matchs de basket avec son copain.
et ensuite mes camarades de classe.
J'ai eu des périodes où j'ai un peu arrêté, puis j'ai repris, puis c'est des périodes d'adolescence où on tourne un peu le doigt ça, et après on revient avec des lectures, etc. Donc c'est pas non plus le truc passion dans le sens obsessionnel.
[00:10:02] Speaker A: C'est pas un truc que tu voulais faire plus tard, si tu t'es pas dit ça.
[00:10:05] Speaker B: Non, en plus, je savais même pas que c'était un métier. Alors, je voyais bien qu'il y avait des livres, mais c'est pas un truc dont on parlait dans ma famille métier artistique.
C'était des sortes de gens.
C'est comme s'imaginer...
Il y a des chanteurs qui passent à la télé, puis toi, tu chantes dans ton coin. Il y a des artistes qui font des peintures et toi, tu dessines dans ton coin. Non, il fallait un métier concret, un métier qui rapporte des sous et sécure. L'important, c'était le sécure. C'était la phobie du chômage.
Ça crispait tout. Le plus grand danger dans la vie, chômage.
[00:10:44] Speaker A: D'accord, t'as grandi avec ça.
[00:10:46] Speaker B: Mais oui, on avait des cas dans la famille de chômage assez dramatiques, donc c'était la phobie de ne pas être au chômage. Et tout le reste, le plaisir de se développer dans quelque chose qui nous plaît, ça n'a aucun intérêt. Le but, c'est d'avoir un métier dans sa vie.
[00:11:04] Speaker A: Ça tombe bien à la base, parce que j'ai lu quelque part que La bio, la biologie, c'était ça ta passion à l'école ? C'est ça où tu excellais finalement, ce.
[00:11:12] Speaker B: Qui t'intéressait le plus ? C'était la salle de classe que je trouvais la plus fun parce que je dessinais, mais j'ai aussi eu des lubies biologiques. Je ne sais pas combien d'aquariums j'ai fait. J'ai élevé des grenouilles, des tétards, j'ai même J'ai essayé d'entretenir une sangsue. Voilà, chacun son truc que je pêchais. J'ai essayé de récupérer tous les oiseaux. J'ai même essayé de tricoter des pulls à des pigeons. J'en ai attrapé.
[00:11:38] Speaker A: Est-ce que tu as domestiqué des oiseaux ?
[00:11:42] Speaker B: Ouais, enfin, vous pouvez les... Avec la nourriture, on peut tout domestiquer.
J'ai construit des... Comme je voulais un cheval, j'ai utilisé mon chien comme cheval. Je lui ai fait une charrette.
J'ai bricolé une charrette avec une boîte à vin, une boîte pour les bouteilles d'épinards avec des roues en bois et tout. J'avais tricoté des rênes et tout, le pot-chien. Ouais, j'avais des... Ouais.
[00:12:08] Speaker A: Donc, à la fois, tu étais intéressée par les cours de biologie, mais tu avais des lubies de biologie, de manipulation.
[00:12:15] Speaker B: Oui, de manipulation.
[00:12:17] Speaker A: Du vivant.
[00:12:18] Speaker B: La dissection, j'adore. Désolée. Non, il n'y a pas de mal. Non, j'ai congelé des insectes pour les observer au microscope. Il y a une sorte de curiosité du vivant, mais que je ne formulais pas vraiment. C'est juste que la salle de biolo était la plus intéressante.
[00:12:34] Speaker A: Et tu n'as jamais eu envie d'en faire ton métier ?
[00:12:35] Speaker B: Prof de biolo.
Non, mais vous êtes chercheuse ? Non, mais là aussi, on n'avait pas de chercheur dans la famille. Pour moi, la science, c'était des gens en blouse et c'était pour les tronches, comme ma grande sœur qui, elle, a 18 sur 20 très facilement, alors que moi, j'étais J'avais besoin de beaucoup travailler. Et donc, c'est ces gens-là, les gens qui ont 18, 19 facilement, le premier de la classe qui ne révise même pas, qui fait « oh, j'ai rien revu, oh, je suis 17 ». Voilà, ça, c'est eux qui sont scientifiques.
[00:13:15] Speaker A: Et donc, tu t'interdisais ça parce que toi, tu n'étais pas dans cette catégorie.
[00:13:18] Speaker B: Oui, ma sœur, elle, c'est ça. Et moi, moi, j'étais trop moyenne. J'avais l'aura de la moyenne, la molle.
[00:13:25] Speaker A: Et du coup, quand on a la moyenne à l'école, on fait quoi ? On a envie de faire quoi ?
[00:13:29] Speaker B: À l'école ?
[00:13:30] Speaker A: Plus tard, je veux dire.
[00:13:31] Speaker B: Plus tard, rien. Enfin, je ne visualisais rien du tout. Je ne savais pas de quoi j'étais capable. On était sur un gros manque de confiance en soi et zéro discussion. On ne parlait pas beaucoup. Avec les profs, tu veux dire ? Avec les profs, avec mes parents même, quand on me demandait ce que je voulais faire.
Je ne le savais pas. Enfin, j'avais peur que si je donne un choix, après, je me retrouve toute seule et que si j'échoue, ce soit de ma faute. Donc, je n'osais même pas dire que j'aimerais bien être véto si je me trompe. Je pensais que j'avais qu'une chance et que si je la foirais, je me retrouverais au chômage. Enfin, il y avait beaucoup de peur. Et donc...
[00:14:10] Speaker A: Mais il y a un truc qui fait le plus peur au monde.
[00:14:13] Speaker B: C'est être artiste. Oui.
Mais pas du tout. Oui, oui. Là, il y a un moment où il y a un truc bizarre, mais c'est comme les timides qui sont comédiens ou qui sont acteurs et qui font... Je suis terriblement timide, mais t'es à poil dans cette scène. C'est un peu ça, je pense. Il y a un côté un peu à la fin du lycée, en mode YOLO, si c'est comme ça, allez, quitte à foirer sa vie.
[00:14:39] Speaker A: Autant faire exprès.
[00:14:40] Speaker B: Non, mais un truc comme ça où vous sentez que Tout ce que l'on vous présente est tellement...
Vous ne voyez tellement pas l'intérêt qu'autant faire un truc que vous savez faire, que vous aimez bien faire depuis l'enfance et advienne que pourra parce que... Non, mais là, sinon, j'en étais au stade de désespoir tel que ma mère, elle me disait bon, à l'ONISEP, on dit que logisticien, ça embauche. Donc, tu peux faire ça. C'est un BTS, c'est pas trop compliqué pour ta tête. Donc, c'est comme ça que j'ai compris.
[00:15:12] Speaker A: Sympa.
[00:15:13] Speaker B: Ouais, des fois, c'était un peu... Donc, j'étais partie presque pour faire logisticienne et je me suis dit, je ne sais même pas ce que c'est, ce que c'est un logisticien. Et j'ai eu peur et je me suis dit, non, bah, quitte à foirer ma vie, autant que j'essaye de le faire en faisant un truc que j'aime bien. Ah non, on est sur une fin de lycée un peu compliquée, pas très...
[00:15:31] Speaker A: Donc, fin de lycée et tu choisis, comme tu l'expliques, d'aller dans une école d'art, c'est ça ?
[00:15:37] Speaker B: Ouais.
[00:15:37] Speaker A: Et là, ça se passe comment ?
[00:15:39] Speaker B: Bien. Enfin, non, je suis assez bonne parce que c'est intéressant. Et puis surtout, il faut que je le prouve, c'est-à-dire que je l'ai voulu. Je bossais beaucoup, mais ça me paraissait un peu facile. Enfin, pas facile, mais j'étais dans mon élément. Je comprenais ce qu'on me demandait. Passer quatre heures à dessiner une table, pas de problème.
[00:16:02] Speaker A: Voilà.
Tu n'avais plus le droit de disséquer des grenouilles, de congeler des insectes, etc. ?
[00:16:08] Speaker B: Oh si, on peut le faire un peu. Si, si, j'avais toujours un animal de compagnie quelque part, planqué quelque part, mais je ne le disséquais pas. Mais s'il y a eu toujours un truc avec les animaux ou des trucs comme ça, c'est bon, on peut en faire son métier.
[00:16:20] Speaker A: Et à l'époque de l'école d'art, on te demande de dessiner une table, d'accord, mais on ne te demande pas de faire forcément de la BD, si ?
[00:16:25] Speaker B: Non, parce que la BD, c'est pour les débiles. Enfin, non, c'est pas bien vu. C'est pas super bien vu. Même moi, j'ai après mon école, la première école d'art, pour assurer mes parents, c'était une école privée. J'ai suivi une amie du lycée pour y aller, ça les rassurait. Mais en fait, après, j'ai passé un concours à une école d'appliqués. Et c'est encore pire. Moi, quand j'ai passé cette école d'appliqués qui est estienne, que bien, dans mon école, c'était...
Ce n'est pas les beaux arts. Non, ce n'est pas les arts déco. Les arts déco, c'est encore mieux.
Donc, c'est vraiment les arts graphiques, l'illustration, ce n'est encore pas bien vu. Et la BD, c'était vraiment pour les attardés, les ados. Les profs, s'ils vous faisaient... Il y en avait un, il faisait du manga dans ma classe. Le mépris des profs.
[00:17:15] Speaker A: Très mauvaise image, le manga.
[00:17:18] Speaker B: Ça a peut-être un peu changé, mais c'est vrai que c'est absurde, parce que le manga, c'est très large. C'est comme dire... Ce que je dis souvent, c'est que le cinéma, c'est violent. C'est pas vrai, il y a de tout. Il y a de la poésie, il y a pour enfants, il y a pour adultes...
Je peux vous citer des mangas, d'une poésie.
Taniguchi, il fait des BD. C'est un homme qui se promène, quoi. Et puis, je peux vous citer des trucs très violents et des trucs très rigolos.
[00:17:44] Speaker A: Peut-être qu'en France, on a aussi une culture, en tout cas une vision du manga qui est celle qu'on reçoit.
[00:17:50] Speaker B: Oui, puis on a eu aussi l'après-Club Dorothée, où c'est vrai qu'il y avait Ken le survivant quand même, il y avait de la basson. Et puis Ken le survivant, ça y allait franco, quoi. Après, mon frère, il nous taquait en cinq points. Il disait, ça y est, t'es mort. Et c'est vrai qu'on n'avait pas le.
[00:18:09] Speaker A: Meilleur...
Même quand on jouait au volleyball, c'était violent, quoi.
[00:18:12] Speaker B: Oui, ça, c'est l'école, il faut se battre, etc. Mais c'est drôle parce que vous avez des trucs très rigolos, très poétiques, mais c'est peut-être pas ce qu'on montrait aux enfants.
[00:18:22] Speaker A: Et donc, du coup, tu perds l'envie de faire des BD à ce moment-là. Tu te dis, c'est pas sérieux.
[00:18:28] Speaker B: Alors en fait, à cette époque-là, en plus, comme je suis une femme, je me suis dit, il faut que je fasse de la jeunesse.
[00:18:32] Speaker A: Parce que c'est les femmes qui font des trucs pour les jeunes ?
[00:18:35] Speaker B: Non, pas forcément. Mais en gros, c'est une dévalorisation de la jeunesse. On dévalorise un peu trop la littérature jeunesse et qu'on pense que comme c'est pour les enfants, c'est facile. Par exemple, en Angleterre, c'est l'inverse. C'est des fois des universitaires qui font des livres pour enfants parce que c'est sérieux.
Mais peut-être que je me disais que ce serait plus facile, parce que ce serait une porte d'entrée plus facile. Mais en vérité, moi, je ne sais pas bien m'adresser aux enfants, je suis trop violente.
Mais c'est vrai que pour le coup, c'était pas si bête parce qu'il y a beaucoup de littérature, beaucoup de magazines jeunesse qui font beaucoup de turnovers avec des illustrateurs. Et c'est par là qu'on peut commencer à se faire connaître, faire du dessin de presse en jeunesse. Donc, on faisait beaucoup ça. Mais la BD, non, c'était un impensé. C'était pas bien. C'était pas très valorisé. Maintenant, il y a des écoles de BD, mais on le faisait surtout en autodidacte.
[00:19:33] Speaker A: Et t'as quand même commencé à faire ton blog, qui était un blog de vulgarisation scientifique, c'est ça ? On peut le décrire comme ça ?
[00:19:40] Speaker B: En fait, j'ai créé un blog pour que ce soit un peu une zone de récré, une bulle à moi, où j'ai le droit de le faire. Je pense que je n'aurais pas osé le présenter comme ça à un éditeur. C'est grossi, c'est sanglant, c'est irrévérencieux. Des fois, je testais des trucs, mais même graphiquement, où ce n'est pas très, super propre. Enfin, c'est fait à l'arrache sur du papier machine, ce n'est pas très jojo.
Et donc je pense que c'était une bulle un peu où je me défoulais à côté de la jeunesse, où vous ne devez pas faire n'importe quoi, et à côté j'y allais franco. Et j'utilisais ce que je lisais en science, dans les magazines de science, etc. Puisque je continuais à lire des révues scientifiques ou des livres, enfin juste des sujets qui m'intéressaient, je pouvais me faire aller au développement de l'œuf de la grenouille. Je l'ai fait.
[00:20:29] Speaker A: Tu l'as fait. Et ça s'appelle Tu mourras moins bête, mais tu mourras quand même. Ça veut dire que tu mets là aussi les pieds dans le plat, même avec le titre du blog. On comprend tout de suite.
[00:20:40] Speaker B: Oui, c'est mon optimisme. Oui, mais alors c'est marrant parce que c'est le souvenir que j'ai, qu'on me disait tu mourras moins bête, mais il y en a qui disent tu te coucheras moins bête. Je ne sais pas, peut-être que c'est ce qu'on disait dans l'Est de la France.
Non, je connais ça aussi.
Des expressions différentes. Mais ouais, ça c'est mon cynisme permanent. On mourra tous. Et en science, il y a un truc qui nous rappelle constamment qu'on est vivant et que, évidemment, c'est ce qui nous attend, qu'on est biologique, etc. Je suis un peu obsédée par ça, qu'on est de la biolo et qu'il faut gérer ça.
[00:21:14] Speaker A: Et donc c'est par ce blog qu'on en vient à la genèse du projet « Dans la combi de Thomas Pesquet ».
[00:21:20] Speaker B: Un peu, ouais.
[00:21:21] Speaker A: Et tu sais qu'il y a beaucoup d'invités qui citent ton ouvrage comme leur livre spatial préféré. Je leur demande à chaque fois. Et les invités disent « La BD de Mario Montagne dans la combi de Thomas Pesquet ».
[00:21:37] Speaker B: C'est marrant. Qu'est-ce que ça t'inspire ? ça me touche. Parce qu'en plus, ça veut dire qu'elle a fait son petit bonhomme de chemin, mais en plus, comme t'as un peu assisté à sa fabrication.
Oui. Moi, j'avais peur que les gens du spatial le trouvent ça... que je les maltraite un peu. Parce qu'en fait, je débarquais dans un milieu très différent du mien. J'écoutais encore Laura qui parlait de son travail. Et Laura, je l'ai vue, je l'ai vue entraîner Thomas sur une expérience et je ne me doutais pas.
Encore hier, je me suis dit, oh là là, je devais avoir l'air... Je me vois un peu comme un labrador débarqué dans le milieu spatial, à faire, bon alors, vous faites quoi ? Ça, c'est rigolo, j'ai fait un gag, alors que c'est à tout un protocole, point par point. Et donc, ça me touche qu'il y ait quand même cette sympathie de ce milieu qui a compris la démarche, qui était de...
de montrer leur travail, mais pas tant pour eux, mais plus pour l'extérieur, des gens qui ne connaissent pas. Le but, c'était de faire un livre vraiment pour les gens qui ne connaissent pas du tout le spatial, qui ne savent même pas que ça n'intéresse pas.
[00:22:41] Speaker A: Ou qui se disent que c'est chiant. Même pour eux, si je peux me permettre, ça va être juste.
Un documentaire, c'est drôle. Donc les gens du spatial, les gens du milieu, ont le droit de trouver.
[00:22:52] Speaker B: Ça juste très drôle. Deux fois je relis, je fais « oh putain, comment t'as représenté machin ? ». Ça me touche parce que c'est deux univers qui ne sont pas destinés beaucoup à se rencontrer.
[00:23:05] Speaker A: La BD de spatial ?
[00:23:06] Speaker B: Bah oui, ou l'artistique.
Mais moi, j'aime bien quand on efface un peu ces frontières, parce que moi, j'en ai souffert de cette frontière. T'es dessinatrice, donc t'es pas scientifique. Peut-être qu'il y a des chercheurs que j'ai rencontrés qui font beaucoup de musique, qui font beaucoup de sport. Les frontières sont plus floues que ça. J'ai souffert un peu des stéréotypes qu'on donne.
T'es une femme, tu vas faire du livre pour enfants.
Et moi, j'aime bien un peu flouter les deux, que ce n'est pas parce que vous êtes astronaute que vous n'avez pas d'humour ou que vous n'avez pas de recul sur vous. Moi, je suis dessinatrice, mais je peux essayer de comprendre ce que fait quelqu'un qui a un bac plus vite. Donc, j'aime bien quand ça s'échange comme ça.
[00:23:47] Speaker A: Je suis d'accord. Il y a, à mon sens, des ponts entre le monde artistique et le spatial, tout simplement parce que finalement le spatial, ou l'espace de manière générale, a quelque chose d'un bien culturel, quelque part. Et quand tu as quelque chose d'un bien culturel, t'es forcément lié à d'autres domaines de la culture.
Et ces ponts, ils sont peut-être pas toujours visibles, ils sont peut-être aussi bloqués par certaines personnes, certains mouvements, mais je pense que ça vaut toujours le coup de les rendre visibles en tout cas.
[00:24:22] Speaker B: Après, c'est un point de vue un peu... qui est le mien. C'est un point de vue qui... Je me suis beaucoup posé la question de mon point de vue en faisant cette BD-là. Quel regard j'ai sur cet univers ? Est-ce que je rigole sur des choses qui sont très sérieuses ? Je me suis posé plein de questions en serrant vraiment les fesses, en espérant que...
que je ne donne pas trop une image, je ne sais pas, ne serait-ce dilettante, alors que c'est hyper sérieux d'envoyer... C'est des gens qui risquent leur vie quand même. Donc, des fois, je me moque un peu de Thomas en faisant... Je vais le taquiner parce que tout le monde dit que c'est un super-héros, donc on va un peu gratiner ça. D'un autre côté, des fois, j'étais comme ça, j'étais à la tête, j'étais gonflée. Toi, tu n'arrives même pas à faire un créneau avec ta Twingo, quoi, que tu vas te moquer de pilotes qui sont juste...
C'est marrant. En fait, c'est aussi un regard qu'il faudrait envoyer plusieurs chercheurs, plusieurs dessinateurs à vous voir, à avoir des points de vue différents. Ce serait vraiment intéressant.
[00:25:24] Speaker A: Et donc, on a parlé de la genèse du projet où Thomas t'a créé un commentaire sur ton blog. C'est comme ça que finalement, dix mois après, on rentre en contact. Enfin, tu rentres en contact avec Thomas et puis il se met en place, comment on appellerait ça, un accompagnement un petit peu.
[00:25:41] Speaker B: De qui ? Qui accompagne quoi ?
[00:25:43] Speaker A: C'est-à-dire qu'à partir de là, en gros, nous, on a décidé de t'ouvrir les portes, Thomas. À l'époque, on en parle.
Lui, il était super enthousiaste à l'idée de faire quelque chose avec toi. Je pense qu'il adorait ton travail. Et nous, on a dit OK, écoute, on va faire ce qu'il faut. Donc, on a commencé à t'ouvrir les portes. Et ensuite, le processus est un peu plus mystérieux pour moi parce qu'on voulait laisser beaucoup de liberté aussi. Le but du jeu, ce n'était pas de faire un produit corporate, c'était de permettre l'émergence de quelque chose. Comment ça se passe à ce moment là concrètement pour toi ?
[00:26:19] Speaker B: Alors là, il y a Thomas, fin 2015, qui me dit si tu veux en savoir plus, il faudrait que tu ailles à Cologne. Cologne, t'as l'ISSE, facile. Donc, en février, je suis venue et c'est vrai que moi, il a fallu que je prenne plein de trucs en route. Déjà, que je comprenne la différence ESA.
Le CNES, pourquoi il est à Cologne ? Qu'est-ce qu'il fait là ? Je reprends tout en cours de route. Et c'est vrai que je rencontre surtout des Français à l'ESA.
[00:26:52] Speaker A: À Cologne, au Centre Européens des Astronautes.
[00:26:54] Speaker B: C'est là où je travaillais à l'époque. Je me souviens, vous étiez en train de regarder Tim Peake en direct à l'ISS.
[00:27:02] Speaker A: Oui, Tim Peake, l'astronaute britannique qui était dans l'espace à ce moment-là.
[00:27:05] Speaker B: Et je me souviens, vous étiez en train de discuter de ça. Donc moi, j'assiste à tout ça. Il faut que je reprenne tout en route. Et j'ai... Non, très vite, j'ai vu, je me suis dit, mais tout ce que je vois là, mais le grand public, on ne se rend pas compte. On s'imagine que...
Un astronaute, ça ne fait que des trucs fun, rapides, dans des avions à 100 000 à l'heure, alors qu'il a son bureau en face d'un autre astronaute, il tape des mails, ensuite il a un cours, ensuite il a du sport, on dirait un peu au lycée et tout, ensuite il change de salle, etc.
Et je me disais, il faut raconter ça. Et petit à petit, je lui dis, mais comment on fait ? Est-ce qu'il faut que je fasse relire, etc. ? Et c'est vrai qu'il a eu un côté, fais tes trucs, je m'occupe de l'interface avec l'ESA. Mais il a vite compris que je pense qu'il voulait que je garde le ton, que je ne m'interdise pas en me disant bon, c'est un truc institutionnel, il ne faut pas que je dise de gros mots. C'est ça. Alors qu'il y en a.
Et donc, j'ai eu une sorte de protection à ce niveau-là, mais de la part de tous les Français. Après, je pouvais aller voir Laura. Laura André-Boyer. Elle est super gentille parce que quand je ne pouvais pas suivre Thomas, il me consacrait par exemple deux heures. C'était vraiment cool dans son bureau. Je me souviens, il prenait une capsule Nespresso.
C'est le Soyouz. Ensuite, vraiment, il prend une orange. Ça, c'est la terre. On va faire ça. Et je fais mais c'est incroyable.
J'ai la chance d'avoir un cours et il me raconte plein de trucs. Bon, si on rate, on refait un tour.
Je note plein de trucs. Et après, il fait bon, j'ai kiné, je vais être en slip. Donc, tu vas voir Laura. Et moi, après, j'étais dans le bureau de Laura qui me prenait. Elle est trop gentille. J'avais l'impression d'être sa pauvre stagiaire de troisième. Je revisais mes Tout le monde a été super sympa, mais j'avais l'impression d'être chouchoutée. Tout un univers de l'ESA, je ne connaissais pas, parce qu'il y avait des Allemands, des Anglais, il y avait plein de monde. J'étais face à des humains super accessibles, tout en voyant qu'il y avait derrière une grosse machine, l'Agence spatiale européenne.
Et après, ce qui est drôle, c'est que ça a rajouté une couche parce que Thomas, il fait bon, t'as rien vu à Cologne, faut que t'ailles à Houston. Donc là, ça devenait de plus en plus grand. C'est vraiment une... C'est beaucoup de monde qui travaille autour de lui. Il fallait expliquer tout ça, toute cette machinerie qui est importante.
[00:29:33] Speaker A: Et donc, t'as fait le voyage à Houston, t'as fait le voyage aussi à la Cité des Étoiles, à côté de Moscou. Et même à Baïkonour.
[00:29:40] Speaker B: Oui, mais l'étape où il était où il était remplaçant.
[00:29:46] Speaker A: Six mois avant son décollage.
[00:29:48] Speaker B: Parce qu'à Moscou, j'ai fait une flébide, donc après, je n'ai pas pu aller à son décollage à lui. Je préférais pas trop prendre l'avion, donc j'ai raté son décollage. Et à vrai dire, frilos comme je suis, je crois que j'aurais été à moins 40 dehors. Oui, il faisait très froid.
[00:30:00] Speaker A: Pas moins 40, mais il faisait bien moins 20.
[00:30:03] Speaker B: Mais ouais, j'ai pas pu, mais c'était bien. Je l'avais vu le décollage d'avant, donc j'avais vu tout le processus en plein été et avec Thomas en remplaçant, donc encore plus disponible, disponible à trois mètres parce qu'il restait encore en quarantaine. Mais ouais, c'était... On pouvait quand même lui poser des questions en criant.
[00:30:26] Speaker A: Et donc, t'as rencontré non seulement Thomas, mais aussi l'équipage. Il y a beaucoup de gens autour de lui, mais en réalité, c'est une équipe.
[00:30:34] Speaker B: Mais je ne sais pas combien vous êtes derrière les astronautes en tout.
[00:30:37] Speaker A: C'est un peu difficile à quantifier parce qu'on ne s'occupe pas que d'une personne 24 heures sur 24, bien sûr, 100% du temps. Mais oui, c'est un travail d'équipe.
[00:30:46] Speaker B: Non, mais c'était intéressant aussi de voir. Oui, j'ai vu Oleg. Alors, je n'ai pas beaucoup parlé avec Oleg. Peggy, elle m'impressionnait trop.
[00:30:52] Speaker A: Peggy Whitson, qui a le surnom Space Ninja.
[00:30:56] Speaker B: Voilà. Je ne sais pas lui poser des questions. En plus, je n'avais pas confiance en mon anglais percutant. Mais j'observais beaucoup. Je regardais beaucoup. Comme je me greffais à une équipe de tournage, l'équipe de Pierre-Emmanuel, le goffe qui a fait Le film 16 levées de soleil.
[00:31:14] Speaker A: 16 levées de soleil.
[00:31:15] Speaker B: Oui, voilà. J'ai eu un doute. Mais moi, je me suis greffée à leur équipe et ils ont été cools parce que je me faisais la plus petite possible. Ils avaient plein de matos et moi, je me faisais vraiment... Je les aidais à porter du matos, mais j'observais beaucoup les questions qu'ils posaient, comment répondaient les astronautes. J'ai essayé de voir... Ouais, des fois, on essayait de faire même les questions ensemble.
dans la chambre d'hôtel, etc.
[00:31:41] Speaker A: Mais... Et tu te servais de tout ça, justement, pour prendre des notes, pour ensuite, le soir, faire des planches, faire des dessins ?
[00:31:46] Speaker B: Alors, je ne faisais pas beaucoup de planches le soir. Je prenais beaucoup de notes, en fait, parce que je me disais tout ce que je vois là, finalement, sur Internet, je peux retrouver de la doc. Je me mettais des petits trucs plus dans les détails. Par exemple, je me souviens, à la NASA, il y avait des gens, ils avaient des mugs pas possibles. C'était écrit plein de petits détails, mais de déco, parce qu'on s'imagine que la NASA, par exemple, c'est moi, je me dis, c'est high tech, c'est génial. Mais des fois, c'était un peu bricolé. Il y avait des posters Armageddon ou de Space Cowboy là. Et ça me faisait bizarre parce que je me disais, mais comment la NASA voit ces films là ? Donc, j'ai noté plein de petits détails, surtout.
ou comment ils se parlaient entre astronautes, parce que je me suis dit, je vais devoir les mettre en scène, moi, là-haut. Est-ce que Thomas, il parle à Peggy comme une figure... Après, je suppose que c'était idiot, puisqu'après, ils ne se parlent pas pareil. Ils se tapent dans le dos, mais j'essayais de voir s'ils se faisaient des blagues ou... Et Oleg, il avait l'air super cool. Non, j'essayais de... Ouais, beaucoup de petits détails débiles, pas débiles, mais les...
des patchs. Le prof de Soyouz, par exemple, il avait un mulet, il avait l'air cool. Tout ça, tous ces trucs-là.
[00:32:59] Speaker A: L'instructeur russe de la capsule Soyouz, tu dis, il avait un style un peu... Il avait un mulet, une coupe mulet.
[00:33:04] Speaker B: Oui, je crois.
[00:33:05] Speaker A: Mais ironique.
[00:33:06] Speaker B: Non.
[00:33:07] Speaker A: Un vrai coupe mulet.
[00:33:07] Speaker B: Oui, mais à l'époque. Mais je me souviens que Thomas l'aimait beaucoup. Enfin, il l'aimait bien.
Il le trouvait cool et il était très musculaire. Je notais plein de trucs. Pour les représenter, je leur posais des questions, mais ils ne parlent pas toujours très bien anglais. J'avais posé des questions aux couturières. C'est intéressant, à Moscou, on était là quand il a réessayé tout son équipement.
Il est dans une pièce un peu étrange, un peu...
avec les responsables, je ne sais pas si c'est vraiment les couturières, mais les responsables de la combi qui sont là. Ils retestent sa combinaison Soyouz et la pressurisent. Et là, il y a des petites dames qui regardent, qui attendent le résultat pour savoir s'il faut... J'avais parlé à l'une d'elles.
Et je me souviens, alors, dans un anglais un peu compliqué, mais c'est là que j'ai compris vraiment la fierté de ce qu'elle faisait. Elle m'explique les tableaux mûrs, mais en version plutôt l'angle soviétique, enfin russe. C'est marrant. Aux États-Unis, c'était « Yes, America ». Et là, c'était un autre angle, plus patriote. C'était marrant de voir les gens qui travaillaient autour. Mais je n'ai pas pu tout raconter.
C'est sans fin.
[00:34:26] Speaker A: T'as déjà fait 200 pages ? T'étais partie pour 200 pages au début ?
[00:34:29] Speaker B: Pas du tout ! Non, je crois que j'ai... Mon contrat, je l'ai négocié pour 110 pages, donc j'ai fait le double, mais c'est pas grave, je suis retombée sur mes pieds, mais... Mais non, non, j'ai... En plus, je savais pas du tout, parce que Thomas m'avait dit... Attention, hein, une... Je limite bien. Attention.
[00:34:48] Speaker A: Vas-y.
Vas-y, imitation de Thomas Pesquet dans 3.
[00:34:52] Speaker B: 2, 1... Oh ! Non, il m'avait dit... Une mission, ça ne s'arrête pas quand je reviens sur Terre, ça continue encore après. Donc il m'avait dit, ce serait bien que tu reviennes en juin, quand j'ai atterri, pour revoir et tout. Et là, je n'avais pas non plus pensé que... En fait, c'est une période hyper compliquée. Ils sont crevés.
Tout d'un coup, il y a aussi la notoriété. Alors, je pense que vous aviez 600 journalistes à gérer, ou je ne sais pas, toutes les interviews. Beaucoup, beaucoup. Il y a tous les chercheurs, médecins qui veulent les étudier. En plus, il faut... Il y a la famille qui suppose, dit, quand est-ce que tu viens voir un coup ? Et en plus, une autrice de BD qui vient en disant, alors, où est la couverture ? Donc, j'avais le rendu en septembre. Je n'avais pas fini la fin, la conclusion. J'avais une dizaine de pages. tout en mettant propre encore le milieu. J'étais sur trois niveaux en même temps avec un rendu.
[00:35:52] Speaker A: Deux mois plus tard. Oui, c'est ça.
[00:35:54] Speaker B: Il y avait l'été.
[00:35:56] Speaker A: Pour une sortie en novembre 2017.
[00:35:58] Speaker B: Mais il faut le rendre au moins en septembre. Il faut tout relire. Je crois que je l'ai relu en vacances. J'étais dans mon lit à relire. En relisant des PDF.
[00:36:09] Speaker A: Justement, la relecture, au niveau de la validation, ça s'est passé comment ? Parce que moi, je me souviens que, comme tu l'as très bien dit, On voulait te laisser vraiment libre de faire ton oeuvre. Ça, c'est la première chose. Ensuite, je me souviens d'un passage où j'étais avec Thomas à Moscou, et je lui demande des nouvelles. Il me dit, ben là, viens m'envoyer cette page.
C'est 7 pages sur le cacard dans l'espace. C'est possible ou pas ?
[00:36:39] Speaker B: Ah bon ? A Moscou ? Mais il était où ? Il était revenu ? Non, il n'était pas encore parti.
[00:36:45] Speaker A: Non, il n'était pas encore parti. Ça ne s'était pas en entraînement.
[00:36:48] Speaker B: Ok, j'en étais où ?
[00:36:49] Speaker A: Mais c'est comme ça que ça se passait ? Tu lui envoyais des planches ?
[00:36:52] Speaker B: Oui. Oui, oui, oui. Oui.
[00:36:54] Speaker A: Alors je ne sais pas si c'était vraiment 7 pages, mais...
[00:36:57] Speaker B: Alors oui. Alors c'est drôle, si. Si, alors je faisais en même temps les voyages, je devais commencer à faire des brouillons. Le tout premier brouillon, je me souviens, je lui ai montré avant d'aller à...
à Houston et je ne savais pas du tout comment commencer et j'étais très mal à l'aise à mettre la première personne à sa place, lui. Et je lui avais montré Brouillon et après, j'avais envie de mettre en boule sous la table. Il a juste tourné comme ça. Il a dit c'est moi le copilote. Je l'avais dessiné en copilote dans un avion. Et je lui ai dit oui.
Il faut que je le dise, ça va m'empêcher de dormir. Qu'est-ce que j'ai fait ? J'étais déjà en train de vomir à l'intérieur de peur.
Et il dit, en fait, le copilote, il est à droite, pas à gauche. Je sais tout.
Il fait oui.
Et en fait, après j'ai tout remanié. Après ce rendez-vous, j'étais rassurée. En fait, il n'avait pas de problème avec le fait qu'il soit à la première personne. Je pense qu'il avait vu que je partais sur un long cours. C'est vraiment une intro avec une... Ce n'était pas juste une petite note de blog, donc il était OK là-dessus.
Et en plus, il m'avait rajouté des anecdotes en mode, on fait des fois les cons entre nous. Donc, il était en mode, tu peux y aller vraiment, n'aie pas peur. Donc, après, j'étais un peu au parti rassuré. Et oui, après, j'ai commencé vraiment à mettre en scène. Et oui, peut-être qu'il a reçu En fait, oui, des brouillons là-dessus. Et je me souviens, avant son décollage, peut-être en octobre 2016, je l'ai revu à une brasserie avec Anne, sa compagne, et je lui ai remontré des brouillons. Et en fait, je raconte qu'il y ait Peggy et qu'ils sont re-rentrés dans l'atmosphère à une mission précédente.
un peu de manière... C'était chaud, enfin... Balistique, c'est ce qu'on appelle balistique.
[00:38:53] Speaker A: C'est-à-dire qu'on rendait l'atmosphère de manière très rapide et surtout, on atterrait à un endroit qui n'est pas prévu au départ.
[00:38:59] Speaker B: Qui n'est pas prévu, ils se prennent digés. Enfin, je pense qu'ils ont... On a un peu les jetons. Et donc, j'essaye de le représenter, ça, avec la capsule qui tourne dans tous les sens. J'avais lu des trucs, donc... Et il regarde, il fait... Et après, je me suis dit, il décolle dans un mois. Je suis vraiment dégueulasse de lui faire relire le passage où ça ne se passe pas bien. Je me suis dit, tu comptes après que c'était peut-être un peu stressant ou vache, mais il a été cool et il m'a encore rajouté des anecdotes en disant, mais vas-y, tu peux te foutre de notre...
En fait, je n'arrivais pas à vraiment aller à fond. Donc, j'ai repassé plusieurs couches où ils me racontaient, tu peux y aller, quoi. Et donc, OK, il y a eu plusieurs passes comme ça. Mais oui, il y a peut-être un passage où il fallait y passer. Sur les toilettes, il fallait y passer parce que tout le monde leur pose la question.
[00:39:54] Speaker A: Peut-être pas cette page, par contre.
[00:39:56] Speaker B: Ah oui, je vois la cassette.
[00:39:59] Speaker A: D'accord. 7 pages, Julia.
[00:40:01] Speaker B: On en a retiré.
[00:40:02] Speaker A: Il y en avait plus. Oui, une page.
[00:40:06] Speaker B: Tu pourrais être éditeur, parce que mon éditrice a pris son feutre rouge, elle a fait bon, ça suffit, on a compris.
[00:40:13] Speaker A: Mais tu parles des blagues et c'est vrai.
D'ailleurs, ce n'est pas vraiment un secret, chaque classe d'astronaute à l'ESA a un nom. Et cette classe-là, la classe de Thomas, mais il y a Tim Peake qu'on a évoqué tout à l'heure, Alexander Gerst, Samantha Cristoforetti, Andreas Morgensen, Luca Parmitano pour tous les citer.
eux ont décidé de se nommer les shenanigans, qui veut dire en anglais des blagues, des vannes, mais des blagues plus pratiques, des vacheries qu'on se fait les uns aux autres. Donc c'est public ça, on le sait que c'est une bande de... c'est un de l'humour en tout cas.
[00:40:55] Speaker B: Oui oui, mais je pense que j'avais encore du respect.
[00:40:58] Speaker A: T'étais pleine de révérence, c'est ça ?
[00:41:00] Speaker B: Oui, puis je voulais pas que... En plus, il fallait que j'apprenne à connaître parce que je cernais quand même qu'il y avait de l'humour.
On pouvait y aller. Mais en même temps, je me disais, c'est pas ce que voient les gens, en fait. Des fois, même après, il y a encore des gens qui me demandent... Il dit des gros mots, Thomas Pesquet. Jamais. C'est...
Donc, il y a aussi cette image un peu surprenante. Moi-même, j'étais un peu surprise en me disant, il l'a vraiment dit ça ? Mais moi, des fois, je pense que j'étais tellement un peu intimidée, parce que je pense que j'étais intimidée quand même, parce que j'ai quand même, malgré ce qu'on voit, un peu de respect.
Une fois, je crois qu'il m'a fait une blague, mais il m'en faisait plein en plus. Je ne sais pas si je peux vous le dire. En fait, je lui pose une question, je ne sais plus, et il me répond un faux mail, failure, mail, failure, machin là. Je fais ah, c'est bizarre, mon mail n'est pas passé. Et en dessous, c'est écrit, désolé, Thomas Pesquet est trop occupé à se la péter, à faire de la centrifugeuse à Moscou. Il vous répondra quand il aura le temps. Et pendant deux, trois minutes, je me suis dit, il saoule moi.
Il a fallu que je fasse lire à mon mari et il fait bah oui, c'est vous de toi, c'est complètement con.
Il était mort de rire. Ah ouais ? Et en fait, j'avais du mal à me dire mais c'est marrant. Ah ouais, il me fait des blagues. Ah ouais, on a le droit. Tellement, c'est sérieux. Enfin, le spatial et tout, c'est des gens, ils pilotent, ils font des trucs. Mais j'ai plein de trucs hyper drôles comme ça où à un moment, je fais Si j'ai eu le droit d'en laisser, je suis con. Entre l'image, des fois, je ne connais pas.
[00:42:49] Speaker A: Ce n'est pas si compliqué à comprendre finalement. Pour soi, en plus, qui est bain dans l'humour, qui a produit de l'humour.
C'est-à-dire que quand on a un métier à une forte pression, avec du danger, il faut s'adapter en permanence à d'autres personnes, à d'autres cultures.
Il y a besoin de se faire des blagues.
[00:43:07] Speaker B: Mais c'est ce que j'ai essayé de montrer, mais je ne savais pas jusqu'où, parce que moi, j'avais ça, j'avais des mails complètement n'importe quoi. Et après, j'avais à la télé, Monsieur Pesquet qui répond super bien, avec toutes les mamies qui font J'avais à côté des grosses vannes. Je fais mais c'est lequel que je dois montrer ? Mais c'était drôle. Je me suis bien marrée quand même.
[00:43:34] Speaker A: J'étais bien marrée.
[00:43:35] Speaker B: Je me suis bien... J'ai beaucoup stressée parce que j'ai vu que ça prenait de l'ampleur. Après, je fais... Même l'éditeur, il fait.
[00:43:41] Speaker A: Mais c'est qui ? Oui, parce qu'en 2015, Thomas n'est pas extrêmement connu. Je me rappelle avoir baigné là-dedans. Dans ma famille, on me disait, mais tu sais, les astronautes, Jules, Tout le monde s'en fout aujourd'hui, je vois pas. Mais comme j'avais fait la mission de Luca Parmitano, celle d'Alexander Gerst, en Allemagne, je vivais en Allemagne à l'époque, j'avais vu la puissance, le potentiel qu'il y avait. Et je leur disais, moi je pense que s'il y a un Français qui part, Thomas Pesquet en plus, il y a une certaine forme de charisme qui peut faire la différence. Mais c'est vrai qu'en 2015, quand tu commences, C'est un astronaute, c'est tout.
[00:44:27] Speaker B: Oui, c'est tout. C'est déjà, moi, astronaute, ça, c'est pas rien.
[00:44:30] Speaker A: Oui, mais il n'est pas pour le grand public ce que c'est devenu ensuite.
[00:44:35] Speaker B: Non, mais même j'ai eu la chance de faire un vol zéro G et il y a eu un moment où je me suis retrouvée face à M. Clairvoy.
Oui, et moi, je fais.
[00:44:47] Speaker A: Jean-François Clairvoy, un astronaute, un astronaute bien connu de l'agence spatiale.
[00:44:50] Speaker B: Et je ne comprenais pas que les gens fassent. Ah ouais. Enfin, même si vous ne connaissez pas... Mais astronaute, mince ! Pour moi, c'était celui qui avait réparé Hubble. Et c'est là que je me suis dit, peut-être que tu t'es vraiment documenté, tu t'es intéressé à ce métier-là. Je ne comprenais pas que les gens ne soient pas épatés par ces gens qui vont dans l'espace et qui sont dans des lieux clos, hyper dangereux.
[00:45:16] Speaker A: Et tu pensais que tu avais un biais, du coup, à l'époque ?
[00:45:19] Speaker B: En fait, j'étais surprise que le fait que je dise que j'ai rencontré un astronaute, il y en a, c'est comme si on disait un peu, j'ai dîné avec quelqu'un de politique. Moi, ça ne me fait pas rêver les politiques, mais je ne sais pas, c'est quelqu'un d'important.
[00:45:39] Speaker A: Donc tu t'es dit, j'ai peut-être un biais, je trouve ça super intéressant. Et en fait, tout le monde s'en fait chier.
[00:45:43] Speaker B: Ah non, moi, je me suis dit, c'est intéressant. Je vais juste vous montrer que c'est intéressant. Enfin, je ne vois pas, je ne comprends pas que vous ne pouvez pas trouver ça intéressant. Donc, j'ai dit à mon éditrice, c'est super intéressant. Au début, oui, il y avait un côté, bon, ben, on ne sait pas qui, qui, Mario Montaigne, allait nous chercher encore un schurbonhomme.
[00:46:02] Speaker A: Il fallait aller à Houston, il fallait payer des voyages.
[00:46:05] Speaker B: Oui, j'ai avancé mes billets en me disant que ça allait être super. Non, ils commençaient à comprendre parce que là, on en parlait de la mission et tout. Mais c'est vrai que ça prenait de l'ampleur. Je pense qu'on s'est auto effrayé.
On est à 200 pages. Moi, j'étais très intimidée. Plus je devenais connue, plus je me disais que si je fais de la bouse, ça ne va pas passer ma partie.
Là, j'avais super peur qu'on dise que j'ai profité de la situation, qu'on ait dit « Ah ben, tu l'as suivi parce qu'il est connu ». Et alors que je me disais « Ben non, je l'ai suivi parce que c'est intéressant ce qu'il fait ». Et j'avais super peur qu'on pense que….
[00:46:44] Speaker A: Tu pensais qu'on allait se taxer d'opportunisme une fois que le boulot était fait, c'est ça ?
[00:46:49] Speaker B: Moi, je me souviens de l'époque où on ne voyait pas du tout qui était ce monsieur. Dans ma famille, je fais ces machins. Ou moi-même, je dois googliser où je fais « bon, il n'a pas une trop mauvaise tête, il a l'air sympa ». Je me souviens de tout ça et donc c'est marrant.
[00:47:06] Speaker A: Et ce milieu du spatial, justement, au-delà de la personne de Thomas Pesquet, C'est un milieu que t'as découvert, t'en parlais tout à l'heure, Laura-André Boyer qui était invitée aussi du podcast, d'autres personnes, les gens à Houston, les instructeurs du Soyouz. C'est un monde, un univers, une communauté que t'as réussi à vraiment découvrir. Tu as eu accès aussi ?
[00:47:31] Speaker B: Moi, j'ai jamais eu l'impression d'avoir tout compris, parce que déjà, je me greffais à certains moments de la mission. Ensuite, Thomas, il y avait son point de vue. J'essayais aussi de comprendre comment ça marchait. Moi, ce que j'ai surtout compris, je me disais, ce que les gens doivent comprendre, c'est qu'il y a beaucoup de monde derrière.
qui travaille à l'aider, que c'est scientifique, parce que souvent on dit mais qu'est-ce qu'ils vont faire là-haut ? Il y avait plein de questions quand je parlais, je me disais je vais suivre Thomas Pesquet, c'est à quoi ça sert ? Où ça va ? Il y en a qui disent où est la station autour de la Lune ? Je vais devoir expliquer ça. Il part dans une navette ? Non.
Je notais toutes les questions qu'on me posait.
On parle beaucoup d'Elon Musk, etc. Mais finalement, il y a beaucoup de choses fondamentales qui ont été faites par le bien public, etc. Je voulais rappeler un peu ça, qu'il y a des recherches qui sont faites dans la station, qui vont être publiées pour un bien commun, qui vont être réutilisées, etc. C'est important. Et après, c'est dur d'expliquer au grand public. Peut-être qu'il y aura une application, peut-être dans votre vie ou pas, mais c'est la recherche.
[00:48:39] Speaker A: Ça, c'est le problème de la recherche fondamentale, de manière générale.
[00:48:42] Speaker B: Et je me disais aussi, parce que je pense que j'ai écouté quasiment toutes les interviews de Thomas, je me disais, wow, alors radio, il est à la radio, il a à peine top chrono. Alors qu'est-ce que vous faites dans la station ? Et je sais comment c'est à la radio, vous avez 30 secondes.
à l'expliquer en 30 secondes, ce que moi, quelqu'un au 4 mots, ça a pris, les gens qui font les expériences, ça a pris une demi-heure, trois quarts d'heure à montrer à quoi un four à ionisation à un niveau technique, dans l'application, c'est impossible. C'est impossible.
[00:49:16] Speaker A: Il y a quelque chose dans la recherche fondamentale. Toi, tu as beaucoup travaillé aussi dans d'autres domaines pour vulgariser cette recherche fondamentale. On ne peut pas toujours justifier la recherche fondamentale avec des exemples ou avec des retombées.
Il y a un moment où je crois qu'il faut juste accepter d'investir dans de la recherche fondamentale sans avoir un but précis.
[00:49:38] Speaker B: C'est plus pour savoir, pour la connaissance. Mais là, ce qui est grave, c'est dans le financement. En ce moment, j'ai l'impression qu'on demande aux chercheurs maintenant de de chercher des recherches où ils sauraient tout de suite quelle application on fait. Or, une recherche fondamentale, c'est juste pour la connaissance. On veut savoir comment fonctionne un fluide, mais on ne sait pas encore ce que ça va donner. Peut-être que plus tard, cette recherche sera utilisée.
Et je trouve que c'est même se tirer une balle d'en pied, parce que c'est prendre le problème à l'envers. C'est essayons de comprendre comment le monde fonctionne et après, on essaiera de trouver des applications. Là, on demande, trouvez une application de suite à ce que vous cherchez. Un truc que je n'avais pas estimé, c'est que derrière, il y a plein de chercheurs qui essaient de créer une expérience dont l'astronaute sera une main derrière. Il fallait montrer tout ça.
[00:50:30] Speaker A: Oui, c'est ça. Tu disais tout à l'heure, il y a beaucoup de gens autour de l'astronaute. Et en réalité, on se rend compte aussi par rapport à la BD, c'est pas tout à fait ça. C'est plutôt que l'astronaute fait partie d'une équipe qui est beaucoup plus grande. C'est l'équipe de la mission. L'objectif, ce n'est pas simplement de l'envoyer dans l'espace, c'est qu'il puisse faire ses expériences dans l'espace. Pour ça, il faut le préparer, l'envoyer, etc. Mais c'est vraiment un travail d'équipe.
[00:50:58] Speaker B: C'est pour ça que je pense qu'il voulait que j'y aille après, le voir. Parce qu'après, il y avait tous les examens médicaux et son corps était au service de toute la recherche qui était en place. Il y avait vraiment les médecins qui voulaient voir. C'était aussi montrer comment lui, sa personne, est une continuité même d'un objet d'étude.
Ça aussi, c'était impressionnant. Je n'avais pas vu.
Je pense que j'avais beaucoup l'esprit à l'étoffe des héros, mais c'était une autre époque où là, c'était de la conquête. Là, c'est vraiment, on étudie dans l'espace, on travaille dedans, on fait de la science. Donc, c'est tout ça que j'ai dû apprendre et essayer de comprendre comment ça s'organisait, essayer de retranscrire, juste comprendre que.
[00:51:41] Speaker A: C'Est beaucoup Et t'as dessiné aussi des gens qui sont autour de Thomas dans la mission ? T'as dessiné Laura d'ailleurs ? Parce qu'on parle de...
[00:51:47] Speaker B: Mais je me suis demandé si j'ai dessiné... Mais je dessine tellement mal les gens ! Non ! Je crois que je t'ai dessiné mais on reconnaît juste une mèche.
[00:51:52] Speaker A: Ouais mais moi j'ai la mèche.
[00:51:55] Speaker B: Jaune fluo.
[00:51:56] Speaker A: Jaune fluo, voilà, tu t'as fait la couleur de mes cheveux.
Mais par contre, non, il y a des gens qu'on reconnaît. Romain Charles, qui est un ami à moi, on le connaît. Biru Karjapoulov, on le connaît.
[00:52:06] Speaker B: Bien sûr, très gentil, qui m'a offert des petits biscuits.
[00:52:10] Speaker A: Voilà, qui est un peu le chef des astronautes européens.
[00:52:16] Speaker B: Et oui, il y a des gens un peu emblématiques comme ça. Déjà, ceux qui m'ont reçu, que j'ai rencontré et qui ont des statues que je cernais un peu autour de Thomas. Puis, c'était aussi un clin d'œil pour les remercier de m'avoir un peu reçu, pris du temps. En fait, j'ai un peu mangé de leur temps aussi.
[00:52:36] Speaker A: Les autres astronautes aussi, tu les as dessinés.
[00:52:39] Speaker B: Je ne trouve pas que je suis une très bonne portraitiste. Je m'excuse auprès de Luca Parnitano, que j'ai dessiné un peu. Il est très allongé, il n'a pas de cou. Je l'ai beaucoup dessiné parce que Thomas aimait bien parler de Luca.
J'ai essayé moi-même pour me retrouver dans les personnages. Et puis c'est des gens, des fois même, je me demande si je ne mettais pas leur nom. Donc autant les dessiner. J'en ai dessiné quelques-uns.
[00:53:14] Speaker A: Et donc en 2017, en novembre 2017, je crois que c'est le 23 novembre, aujourd'hui on est le 26 novembre 2024.
[00:53:20] Speaker B: J'ai pas vu l'exact.
[00:53:22] Speaker A: Donc c'est presque jour frais, en 2017 paraît enfin cette BD de 200 pages qui finit par s'appeler dans la comédie de Thomas Pesquet. Il y avait d'autres titres, d'ailleurs, parce que je me rappelle que c'est une discussion qu'on avait eue quand on s'est vus la première fois à Cologne en 2015. Tu réfléchissais aux titres ?
[00:53:43] Speaker B: Alors, ce n'est pas évident parce qu'en édition, vous avez un peu les commerciaux qui aiment bien se dire qu'il faut que ça...
ça marche en mots-clés, comme ça, sur Internet, vous allez trouver. Donc il faudrait le mot « astronaute », il faudrait le mot « Thomas Pesquet », si tu peux, limite « Odyssée », et on n'arrivait pas à tout caser. Et surtout, ça ne donnait pas l'esprit. En fait, ça faisait des titres un peu trop pompeux. « La mystérieuse aventure ».
[00:54:15] Speaker A: Tu voulais que ça ressemble à la BD, il fallait qu'il y ait un esprit.
[00:54:18] Speaker B: Ouais, mais en juin, j'ai ramené une couverture vraiment moche à Thomas avec un titre pourri. C'était quoi ? Je ne sais plus. C'était l'Odyssée. L'Odyssée de Thomas Pesquet. Et je n'étais pas contente. Je n'étais pas non plus contente de la combi. Je voulais faire un clin d'œil à Tintin sur la lune. Donc, en fait, c'était en contre-plongée. C'était trop compliqué. C'était moche. Et surtout, c'est Alice Vinocourt qui m'avait accompagnée.
[00:54:45] Speaker A: Alice Vinocourt qui a fait le film Proxima.
[00:54:48] Speaker B: Proxima, avec qui j'ai fait deux déplacements. Je me souviens, elle était dans le thalys, elle fait... Ouais...
[00:54:54] Speaker A: Très honnête.
[00:54:55] Speaker B: Ouais, très honnête. Elle fait, ben en fait, on comprend pas, on voit pas que dedans, ça va être rigolo, en fait. Il faut que ça se voit sur la couverture. Non, très honnête et tout. Et Thomas, il a fait...
Mais en vrai dire, je pensais aussi la même chose. Et en fait, j'ai tout rechangé. Mais je crois que j'avais eu même une réunion de commerciaux où en limite, ils l'avaient ou avec les libraires, où c'est normalement la présentation au libraire. C'est là-dessus qu'ils vont devoir tout communiquer. Et je fais non, j'ai tout changé. J'ai tout changé. Et en fait, c'est un copain à son anniversaire à moitié, un peu pompette. Mais tu t'embêtes pas. Tu me mets dans la combi de ma chambre. OK.
Et il les remerciait d'ailleurs, dans les remerciements.
[00:55:43] Speaker A: Et dans la combi de Thomas Pesquet c'était...
une référence à quoi, finalement ? Pour moi, j'ai pensé à Dans la peau de John Malkovich. Oui, un peu, oui.
[00:55:53] Speaker B: Il y avait ça ? Dans la peau, un petit côté, on l'accompagne, mais sauf que le truc emblématique, c'est la combinaison. Mais il fallait que j'abandonne tous les autres termes de mission, d'épopée, d'héroïsme, etc. et qu'on arrête de se mentir. On se marre, on le suit.
[00:56:12] Speaker A: On se moque un peu de soi-même.
[00:56:13] Speaker B: Et j'ai refait une, je ne sais pas, une assez vite. J'ai eu un, je ne peux pas dire un flash, mais un peu mon cerveau a fait aller hop, on fait sérieux et après que tout le monde me dit c'est pourri, j'ai tout refait.
[00:56:27] Speaker A: Et donc en 2017, en novembre 2017, paraît la BD 2 avec 200 pages, avec cette nouvelle couverture. Et c'est peu de dire que ça marche.
Puisque c'est indéniablement un best-seller. Rapidement en plus.
[00:56:43] Speaker B: Il a été épuisé assez vite. Ils ont pris un peu de cours en plus, l'éditeur, il fallait qu'il réédite. À un moment, il y avait des libraires, ils s'étaient épuisés des stocks. C'était avant Noël. Moi, je vois ça et tout. Et je crois qu'on était la deuxième meilleure vente derrière Astérix et Obélix de l'année.
Et ce n'est pas ça qui m'inquiétait. Moi, ce qui m'inquiétait, c'est de faire la presse, de faire beaucoup de presse, de promos et d'en faire avec Thomas. On a fait deux télés et j'ai eu l'impression... Comme là, en ce moment, je toussais, mais je toussais. J'ai pris de la cortisone avant et je me retrouvais en maquillage, mais avec une tronche.
Et Thomas qui était comme ça...
Ah, tu tousses encore ?
[00:57:34] Speaker A: C'était l'hiver en même temps.
[00:57:36] Speaker B: Non, mais je tousse tout le temps au promo. Et c'était très nouveau pour moi de faire des télés à côté de Thomas. En plus, j'avais l'impression d'être, pas une potiche, mais d'être à côté, comme un petit Labrador, avec quelqu'un qui savait très bien manier les caméras, qui se tenait très bien.
[00:57:56] Speaker A: Le Labrador, c'est ton animal totem, j'ai l'impression.
Ça fait trois fois que tu te compares à un Labrador.
[00:58:02] Speaker B: Non, mais moi, j'étais étonnée de tout. Ce n'était pas les premières télés, mais j'étais très intimidée encore de ce côté. Tu t'es greffée à la personne qui marche et c'est pour ça que ta BD marche. En fait, j'avais très peur qu'on me dise ah ben voilà, la petite meuf qui s'est accolée au gars à succès pour faire sa BD, qu'on a profité.
[00:58:21] Speaker A: Alors que c'est l'inverse, en fait.
[00:58:22] Speaker B: Mais oui, j'avais plus de... Je dis souvent que j'avais plus de followers que lui avant. Et après, j'ai calculé, j'ai dû faire 35 heures de dédicaces en moins d'un mois, jusqu'à Angoulême. Donc j'étais...
[00:58:41] Speaker A: Et donc ça, encore une fois, quand on est autrice, auteur de BD, j'imagine que faire un best-seller, c'est le graal, non ?
[00:58:51] Speaker B: C'est pas désagréable parce que déjà, financièrement, c'est rassurant. Ça met du beurre dans les épinards.
[00:58:59] Speaker A: Vous savez, tes parents étaient rassurés du coup.
[00:59:03] Speaker B: Et encore. Oui. Mais non, ça peut encore...
Tout peut se casser la gueule du jour au lendemain. Non, ils étaient un peu contents. Non, non, moi, ça m'a un peu mis confiance en moi parce que c'est un sujet. Donc, c'est vrai que ça pose un peu dans la profession. Après, j'ai eu un prix à Angoulême. Donc, évidemment, quand vous avez un prix à Angoulême, Vous avez un projecteur qui fait une flèche en disant, bon, la petite meuf, si ça se trouve, c'est peut-être pas si mal ce qu'elle fait. Elle dessine très mal.
[00:59:32] Speaker A: Elle dessine très mal.
[00:59:35] Speaker B: Non, ça aide pas mal pour le futur, parce que c'est sûr que les éditeurs, maintenant, ils me font plus confiance. C'est vrai que si je viens avec un sujet, je pense que mon éditeur, il me pose plus la question. Mais qu'est-ce que t'es allé chercher ? Qui c'est que t'as intéressé ? C'est vrai que ça... Ça t'a fait.
[00:59:50] Speaker A: Changer de statut, tu dirais, ce succès, cette réussite ?
[00:59:53] Speaker B: Je pense que mon éditrice, maintenant, elle voit comment je fonctionne. Elle se dit, bon, on va peut-être la garder. Et ouais, je pense que je pense qu'ils sont contents quand même. Non, je pense qu'ils ont plus confiance dans ma manière de travailler parce que je suis un peu full track. J'ai en disant, je vais vous faire un sujet. Il est possible que ça parte en cacahuètes. J'étais partir sur un truc scientifique sur Mars. C'est parti sur la vie d'un astronaute. Donc, je peux être un peu comme ça. Attention.
Donc, ils me regardent faire... Je ne vais pas leur taper sous Word un scénario tout fini, ça va être du terrain et des trucs comme ça. Mais maintenant, je pense qu'ils ont compris que je vais retomber sur mes deux pattes. Non, c'est marrant, c'est même un peu risqué. En fait, après, j'ai dit à mon éditorialiste, attention, ce n'est pas parce que je vends des palettes que maintenant, il va falloir que tu acceptes... Ça, c'est ma phobie. Ça peut arriver qu'après, quand vous vendez bien, en gros, on ne vous le dise plus. Ça, ça ne va pas. Ça, ça ne va pas.
[01:00:48] Speaker A: Ah oui.
[01:00:49] Speaker B: On a peur que vous partiez, que vous fassiez votre star et que vous disiez « ah bah t'aimes pas ». Eh ben je vais aller chez les concurrents, ils ont super peur de ça donc ils font « tout est bien ».
[01:00:57] Speaker A: Mais toi t'as besoin quand même qu'on.
[01:00:58] Speaker B: Te cadre, qu'on te dise que ça va pas. Je reste avec mon éditrice et je lui dis « tu me dis ». Parce que c'est très tentant, vous pouvez être à un festival, vous avez un peu bu, vous faites « alors je vais faire un truc avec des poneys nazis » et vous avez en effet un éditeur qui fait « je t'ai entendu hier soir, c'est très intéressant ».
[01:01:12] Speaker A: Cette histoire de poney nazi, parlons-en.
[01:01:14] Speaker B: Voyons-nous à Paris. Non, je ne sais plus. Je crois que j'avais dit je vais faire une histoire. On va suivre Judas et on va montrer qu'il a voulu sauver Jésus. C'était un soir n'importe quoi. Et il y en avait un qui avait écouté et fait c'est une bonne idée. Non, non. Donc, je veux que des gens me disent, tu parles en cacahuètes ou des trucs comme ça.
[01:01:36] Speaker A: Ou le spatial d'ailleurs, on ne t'a pas demandé, puisque tu as fait dans la combi de Thomas Pesquet, est-ce que tu ne veux pas faire d'autres trucs sur l'espace, l'astronomie, Mars justement, parce que c'était ton idée de départ, le soleil, je ne sais quoi.
[01:01:50] Speaker B: Ah si, il y a des gens qui m'ont proposé des trucs en astrophysique, mais j'ai aussi eu des propositions d'autres autobios, de cuisiniers célèbres ou de... de gens plus ou moins célèbres. J'ai appris que j'avais été pressentie pour Mbappé, mais j'ai appris...
[01:02:08] Speaker A: En BD ?
[01:02:10] Speaker B: Oui, j'ai appris sur Twitter. J'ai appris sur Twitter que j'avais été citée. Non, c'est l'éditeur qui a fait, qui m'a expliqué après que ça allait être vraiment compliqué parce que l'idée... Mais je ne sais pas tout, je ne sais pas à quel niveau ça s'est passé. Alors déjà, moi, ça allait être non parce que moi, le foot, le foot, même pas depuis que je suis enfant.
[01:02:27] Speaker A: Mais toi, t'adores ?
[01:02:28] Speaker B: Je déteste le foot, mais je suis une petite fille, je n'avais pas le droit de jouer au foot. Je me suis pris des ballons de foot dans la tête. Ce n'est pas aujourd'hui que je vends des livres. Un footballeur va me demander de dire que c'est chouette le foot. Je n'aime pas le foot. On ne s'aime pas, donc on ne va pas se forcer. Mais c'est aussi dans la démarche, c'est-à-dire, je me suis dit, quand vraiment, c'est des gros stars comme ça, je pense qu'il y a trop d'avocats. Il y a des avocats qui gèrent ça, l'image, et là, c'est compliqué. C'est ça qui a vraiment été cool avec Thomas, c'est que je l'avais en discussion directement lui, ou des gens avec qui il disait, je veux ci, je veux ça. Là, le problème, c'est que soit vous passez par l'institution, si vous voulez faire un truc sur un homme poétique, etc..
[01:03:13] Speaker A: Il faut...
Ça devient une œuvre sans intérêt.
[01:03:17] Speaker B: Ça devient un truc que plusieurs personnes vont relire, vont négocier. Et moi, je ne vais pas négocier avec un avocat sur une blague. J'aurais pu avoir un avocat qui... Alors, la blague sur le caca dans l'espace, ça ne va pas du tout.
Ça aurait pu être ça. Donc, c'est là où je me suis dit, en fait, c'est marrant. Ils n'ont pas compris aussi la démarche de Thomas, qui a été d'être assez cool pour dire, je vais peut-être être représenté, de se marrer sur son image. Je pense qu'a posteriori, il y en a qui ont dit, moi aussi, je veux mon livre, mais il faut accepter.
en amont la démarche. Non, j'ai eu des propositions sur d'autres gens, mais je me suis dit que ce n'était pas intéressant. Pour moi, je n'allais pas refaire le même processus.
[01:04:04] Speaker A: Toi, on a compris, ta passion, c'est la science, c'est la technique, c'est comprendre ce que tu ne comprends pas et de l'exprimer en bande dessinée.
Ce n'est pas non plus classique dans le monde de la BD. T'as un statut particulier ? On te demande de réparer des frigos ou des trucs comme ça ?
[01:04:20] Speaker B: Non, non, non. Non, mais en fait, c'est drôle parce qu'il y a des gens qui m'ont demandé si j'avais fait une sorte d'étude de marché du milieu de la BD et que j'avais remarqué que c'était un manque, la science. On m'avait demandé ça. Je ne suis plus une journaliste, mais je n'ai pas du tout les moyens d'analyser sociologiquement de quoi ont besoin les gens. Je fais ce que j'aimais.
Et au début, j'avais des éditeurs qui disaient, c'est des trucs de niche. Enfin, s'intéresser à des trucs scientifiques, c'est comme faire un livre sur la pêche à la mouche. Enfin, vous allez intéresser 2000 personnes et pas plus. Après, il y a eu une vague de BD, ce qu'on appelle la BD du réel, où on refait du terrain, on va voir dans des labos et des choses comme ça. Et j'ai des confrères qui font ça, comme Mathieu Burniat, lui, qui a fait des même des livres hyper techniques sur la physique quantique avec Thibaut Damour. Donc je ne suis pas la seule. Mais c'est vrai qu'il y a eu une période un peu de défrichage, je ne dis pas que j'y suis arrivée toute seule, mais où il a fallu prouver que oui, les gens sont intéressés par le monde des questions.
[01:05:27] Speaker A: Oui, parce que niche, quand tu as fait une BD sur les robots, par.
[01:05:30] Speaker B: Exemple, Oui, l'intelligence artificielle.
[01:05:32] Speaker A: Ce n'est pas niche, quand même, l'intelligence artificielle.
[01:05:35] Speaker B: Non, ça, c'était déjà un peu plus tard, quand j'avais déjà un peu prouvé par Tumoura Mabet que non, ça intéressait les gens, la vulgarisation. D'ailleurs, c'est une collection qui s'est faite après, où on a compris que non, les gens étaient intéressés. Il ne fallait pas prendre les gens pour des idiots, ils sont intéressés par des questions même très techniques.
Mais c'est tout le défi de l'édition, c'est de flairer ce qui va marcher ou pas. On ne sait jamais, il faut essayer.
[01:06:05] Speaker A: En tout cas, pour l'espace, encore une fois, pour l'espace en France, on n'écrit pas un best-seller sur ce sujet-là, sur le sujet de l'exploration spatiale, sans transformer quelque part l'image de ce secteur dans la société.
[01:06:22] Speaker B: Il n'y a pas que BD, il y a aussi Thomas qui a aussi.
[01:06:26] Speaker A: Beaucoup fait...
Bien sûr. La responsabilité du phénomène de la mission Proxima dans les ventes de ta BD, on peut en discuter, c'est peut-être un sujet, mais en tout cas, la BD, elle existe. Elle a été vendue à plus de 500 000 exemplaires. Un demi-million, on pourrait dire, si on voulait.
Donc ça, ça change forcément quelque chose dans le paysage. C'est pour ça que je voulais te recevoir aussi, parce que c'est ce qu'on fait ici, c'est qu'on reçoit des femmes qui portent une voix dans le spatial. Ce qui m'a surpris en lisant des articles sur toi, sur ton travail, c'est quand on compare beaucoup à des autrices de BD.
ton style, ton humour, etc. Ça m'a surpris qu'on te compare systématiquement à des femmes, à d'autres femmes.
Qu'est-ce que ça t'inspire ? Ça te surprend ?
[01:07:26] Speaker B: En tant qu'autrice ? C'est drôle parce qu'en fait, c'est vrai que j'ai surtout lu des hommes. Moi, je pense que j'ai un peu digéré des trucs genre du Gottlieb et du Dr Slump, qui est aussi un prof, qui fait un peu n'importe quoi. Oui, on veut, par exemple, me rattacher souvent à Claire Brétéchère. Brétécher, je ne sais jamais.
Mais en fait, c'est des auteurs que je n'avais pas trop le droit de lire.
[01:07:48] Speaker A: Tu les lisais quand même ou pas ?
[01:07:52] Speaker B: Oui, en cachette. Pour le trait, c'est vrai, je ne suis pas loin du dessin de presse, mais ce n'est pas des auteurs que j'ai vraiment beaucoup regardé. Rizer, je me souviens, je vois la comparaison.
Mais dans l'esprit, c'est vrai que c'est plus Léonard le génie, Akira Toriyama. Je suis un peu étonnée parce que les femmes, je les ai lues plus tard, après, puisque ce n'était pas dans le paysage de mon enfance.
Donc non, c'est plutôt des parentés qu'il y a eu, des collègues où on a des choses en commun. Mais c'est pas des... Je pense pas que ce soit... J'ai été très inspirée par des femmes en fait. C'est vrai que j'avais surtout des références venant d'hommes.
[01:08:39] Speaker A: D'autant plus étonnant ou surprenant peut-être que justement tu t'attaques à un sujet comme l'espace à l'époque. Et un autre sujet qui est un peu le deuxième grand sujet des grandes passions des enfants des années 80, ça a rapport avec ton actus, c'est les dinosaures.
[01:08:55] Speaker B: Ouais.
[01:08:56] Speaker A: Il paraît que tu as refait une BD de 200 pages.
[01:08:58] Speaker B: Oui, alors après j'ai beaucoup tâtonné, parce qu'après la combi, je me suis dit, j'ai eu ma petite crise existentielle où je me suis dit bon, je vais décevoir tout le monde maintenant.
[01:09:09] Speaker A: C'est le moment.
[01:09:10] Speaker B: Alors, il est où le futur ?
[01:09:11] Speaker A: Le moment est arrivé de décevoir.
[01:09:12] Speaker B: Qu'est-ce que j'ai d'équivalent ? Oui, il y a eu un moment de tâtonnement où soit je reprenais ma série Tu m'en rends ma bête, mais je me suis dit bon, on fait quoi après ça ? Ça va forcément décevoir mon éditeur, je ne vais pas faire les mêmes chiffres. Il va être déçu le pauvre. Non, mais j'ai vraiment cherché plein de sujets. Alors ça, c'est aussi un luxe quand vous avez fait un succès, c'est que vous avez un peu le temps de chercher aussi. Vous avez un confort qui fait que... Il y a un moment, je voulais faire un drame à Fukushima sur la...
Pendant le confinement, je pense que j'avais besoin de doc.
[01:09:47] Speaker A: De penser à des choses positives.
[01:09:48] Speaker B: Ouais, de penser à des choses hyper négatives. Non, j'ai lu tous les... Non, mais vraiment, je pense que c'était pour pas penser à ce qui se passait. Je me suis acheté tous les compléments, tous les trucs d'enquête.
[01:10:00] Speaker A: Sur Fukushima ?
[01:10:01] Speaker B: En fait, ils ont publié l'école des mines. Il y a deux chercheurs qui ont publié le témoignage de Masao Yoshida, qui est celui, le directeur de la centrale, qui a tout dirigé pendant la crise. Et comme il y a eu un scandale au Japon, ils ont décidé de publier son témoignage. son témoignage. Et c'est hyper intéressant parce que c'est Gala des mines qui étudie les catastrophes industrielles. Non, mais vraiment. Non, mais des fois, je suis... J'aime bien. C'est comme une enquête. Le directeur, il parlait de pression, de HPCI, de CI, de Taurus et tout. Il fallait que je me dise bon, je vais étudier comment est foutue une centrale à eau bouillante. J'ai tout lu sur la centrale pour comprendre ce que disait le directeur. Mais ça m'a occupé pendant le confinement.
[01:10:46] Speaker A: T'as fait ta petite enquête ?
[01:10:48] Speaker B: J'ai fait ma petite enquête jusqu'à ce que je pige ce qu'il raconte et j'ai essayé de l'expliquer. J'ai fait un storyboard mais déprimant 4000. Mais vraiment, ça ne me ressemblait pas en fait. Mais je pense que ça m'a hyper occupé esprit. C'était vraiment comme une une enquête de comprendre. Moi, je voulais vraiment comprendre la problématique des gars. C'est pourquoi il fallait mettre machin à 12 PCI, les pressions, etc. Pourquoi les mecs... Parce que je l'avais suivi, moi, la catastrophe. Je me souviens, ça m'avait angoissé 4000 et je me souviens, j'avais tout suivi.
à la télé et j'étais contente qu'il y ait un hélicoptère qui envoie du sable avec du borome, je crois, dessus. Enfin, je crois que c'est ça. Je me suis bien documentée.
[01:11:33] Speaker A: Tu peux nous expliquer comment marche un réacteur ?
[01:11:36] Speaker B: Ouais, ouais, à fond. Où il y avait eu des explosions, etc. Et je peux vous expliquer. Et le directeur qui dit, cet hélicoptère, c'était comme une cigale qui pisse sur un incendie. C'était drôle, parce que moi, sur le moment, je me disais, super, ils agissent. En fait, ça servait à rien. Et donc, Ouais, on voit l'anxieuse qui essaye de comprendre ce qui se passe à la prochaine catastrophe. Moi, je pourrais vous expliquer pourquoi ça a sauté et pourquoi ce n'était pas si mal des fois que ça saute.
[01:12:00] Speaker A: Cette BD sur Fukushima, elle est sortie quand du coup ?
[01:12:02] Speaker B: Non, allez, j'ai fait une storyboard de 100 pages et j'ai tout jeté au déconfinement. Enfin, j'ai pu sortir et voir les oiseaux et un peu le ciel. Je me suis dit, mais c'est de la merde. Non, mais en fait, j'avais un peu le fantasme. Je me suis dit, tiens, est-ce que tu essaierais pas de faire de la fiction et de faire tout l'inverse ? Fiction et catastrophe, pas rigolo du tout.
Et en fait, je me suis dit, arrête de te mentir, tu fais de la vulgarisation marrante, etc. Et en fait, j'ai relu un auteur que j'aime beaucoup qui s'appelle Bill Bryson et qui a fait un livre qui s'appelle Une histoire de tout ou presque. C'est génial. Il raconte le monde en entier. Il n'est pas scientifique. Il dit, je ne comprends rien. Et il raconte super bien et il insiste beaucoup sur l'aspect humain des chercheurs qui se tuent en labours, qui se font des sales coups.
qui se mettent des bâtons dans les roues. Je crois que c'est Hubble qui n'est pas un gars super non plus, qui est un peu prétentieux. Et donc, il raconte tout ça. Et il y a un chapitre sur les dinosaures qui est génial. Et je me suis dit, mais c'est drôle parce que j'avais lu d'autres trucs. Et en fait, de fil en aiguille, je suis repartie là-dessus. Je voulais un peu mettre un pied dans l'autobiographie parce que ça...
Ça rejoignait des interrogations que j'avais eues en tant que dessinatrice. À un moment, j'ai voulu être dessinatrice scientifique. Pendant mes études, je me suis dit quitte à être dessinatrice et avoir un métier, il faut que je sois sérieux.
J'étais allée voir les étudiants. J'avais été draguée par un prof qui voyait bien J'aimais bien ces petites anecdotes d'opérations chirurgicales parce que lui, il était prof en section des sciences scientifiques. Donc vraiment, c'était des étudiants qui allaient assister à des opérations, qui avaient des cours avec des étudiants en médecine. Et eux, c'était vraiment...
C'est sérieux, c'est une opération à coeur ouvert, dessinée. Et moi, je me suis dit, je ne peux pas faire ça, je ne suis pas assez rigoureuse. J'aurais pu faire de la vulgarisation, je n'y avais pas pensé, mais je me suis dit, je vais mettre n'importe quoi, je vais mettre des gags, même dans les tripes.
[01:14:11] Speaker A: Je ne vais pas pouvoir m'en empêcher.
[01:14:13] Speaker B: Il y a plein de gags à faire en plus. Evidemment, si je vais dans une opération, je vais plus raconter le chirurgien qui fait des vannes que la chirurgie. Et je me suis dit non, tu n'es pas assez rigoureuse ton dessin. C'est ce qu'on appelle du dessin analytique. Je sais le faire, mais ce n'est pas ce qui me passionne le plus. Mais les dinosaures, il y avait cette problématique de la représentation qu'on donne du dinosaure, c'est-à-dire qu'on a eu besoin d'artistes à un moment pour dire voilà, il faut représenter Un dinosaure, on n'en a jamais vu.
[01:14:43] Speaker A: En quoi c'est un problème ?
[01:14:45] Speaker B: De quoi ? Parce que vous n'avez qu'une dent. Par exemple, le mégalosaure, vous n'avez qu'une dent. L'iguanodon, vous avez juste une grosse canine. Et on dit aux scientifiques, peut-être même ceux qui ont trouvé cette dent, qui se sont dit, on va essayer de le dessiner. A quoi il ressemblait ? Si c'est une dent d'iguane, mais énorme, ça devait être un gros iguane. Mais bon, s'il était gros, il fallait plus de muscles.
Mais ils faisaient ça bien. En Angleterre, ils sont au Crystal Palace, il y a des grosses sculptures de gros iguanes, on dirait des gros lézards des Varancomodo, mais vraiment patapouf.
Et en fait, c'est bien fait. J'ai lu une étude qui montre, regardez les dorsaux, il les a renforcés en se disant, comme il est gros, il faut qu'il tienne au sol. Et en fait, c'était vraiment un travail artistique, analytique, de dessinateur scientifique. C'est marrant.
Ça me rappelait des problématiques que je me suis posées, etc. Et le rôle de l'artiste dans la représentation que va avoir Jurassic Park, on l'a tous en tête, mais c'est qu'une représentation parmi des milliers.
[01:16:01] Speaker A: C'est ça, et on parlait pour l'espace d'un rôle culturel. Et là, c'est exactement ça. Le dissenteur est un endroit clé, finalement, de la création de tout un monde imaginaire qui va rentrer dans la culture. Quand on parle de dinosaures aujourd'hui, toi, moi, les enfants, on a tous la même image, finalement, de ce que c'est un dinosaure. Alors que, comme tu l'as dit, personne n'en a jamais vu.
[01:16:27] Speaker B: Et puis, c'est une interprétation qui avait 20 ans de retard déjà dans Jurassic Park. Et puis, c'est marrant, c'est à cheval entre un peu la science, mais aussi entre nous, notre job de dessinateur ou d'artiste ou de scénographe pour Spielberg, c'est qu'il faut qu'il amène des gens dans une salle Sa problématique, c'est aussi de faire peur aux gens, donc il faut qu'ils mentent un peu. Donc nous, on ment tous un peu. Moi aussi, je vais un petit peu mentir dans mon dessin.
[01:16:56] Speaker A: Je vais te demander dans ton dessin, justement, est-ce que tu prends le parti de représenter les dinosaures tels qu'on s'attend à les voir sur une page ou est-ce que tu prends le parti de dire non, non, je vais utiliser la dernière étude scientifique que j'ai lue.
pour représenter quelque chose d'au plus près de ce qu'on pense.
[01:17:11] Speaker B: Je ne pouvais pas. En fait, je suis allée voir un paléontologue. Et c'est drôle parce que ce jour-là, il y avait une vraie dessinatrice scientifique et le paléontologue travaillait déjà sur un dinosaure. Je ne savais pas qui c'était. Et il lui donnait des détails. Ils en étaient à un débat sur une vertèbre.
à la base du coup, qui était tel qu'il était dessiné trop penché en avant, il fallait qu'il le relève, et on en était à détail comme ça. Et je me suis dit, en BD, si j'essaie de faire du dessin analytique, il sera faux. Déjà, je ne suis pas dessinatrice analytique, je suis...
plus cartoon, donc il sera faux. Alors après, j'ai essayé de le représenter tel qu'on l'est dessiné dans les gravures. Ça, c'est rigolo, mais je me suis dit c'est sans fin. En fait, ils sont tout le temps en train de refaire le T-rex. Là, quand je parlais de ça au paléontologue, il me dit bah là, en ce moment, il y a des études pour voir s'il avait des lèvres, par exemple. Est-ce qu'on voyait ses dents ou il a l'air bien méchant comme un croco ou il avait ses lèvres et finalement, il avait...
[01:18:10] Speaker A: Tout comme un hippo.
[01:18:11] Speaker B: Ah oui, il a eu une rhinoplastie aussi récemment, le T-rex. Il a les nénarines, même les narines.
[01:18:16] Speaker A: Il y a un débat sur les narines.
[01:18:19] Speaker B: Et le Palaeontopoe que j'ai rencontré, Bruno Alain, il a... C'est marrant parce qu'il me dit, mais tu sais, le T-rex que j'ai découvert dans les bouches du Rhône, il est dans le dernier Jurassic Park. C'est le pyroraptor. Il est français. C'est le raptor qu'on voit marcher sur la glace. Il est rouge. Alors, il me dit, bon, Allez, on regarde le dernier Jurassic Park ensemble. On l'a regardé un peu en accéléré. Et c'est assez drôle parce que je me suis dit, il allait tout critiquer. En fait, il a vraiment de la sympathie. Il fait mais je ne peux pas critiquer, c'est grâce à Jurassic Park que je suis devenue paléontologue. Donc, ce ping-pong entre l'artistique et le scientifique.
Bien sûr. Il fait bon.
Bon, alors il est trop grand mon pyroraptor. En fait, il est comme ça.
Ensuite, il est vraiment méchant et il devrait avoir peur du bruit de l'avion. Mais bon, OK. Ensuite, il dit ça, c'est intéressant parce qu'à un moment dans le film, il casse la glace et il va sous l'eau. Il fait ça, c'est intéressant. En gros, il fait en ce moment, il y a une mode. On veut qu'il plonge dans l'eau. Il y a des modes comme ça dans la représentation. Je ne sais plus à quoi c'est dû. Il y a des modes où il faut les représenter en train de courir.
[01:19:30] Speaker A: Ou.
[01:19:32] Speaker B: Dans les années 90, ils étaient bodybuildés. Il fallait prouver qu'ils étaient à sang chaud. Donc, ils font des sauts pas possibles. Et là, en ce moment, on veut qu'ils plongent dans l'eau. Ils font des trucs dans l'eau. Et en fait, je me suis dit, mais c'est sans fin. C'est de la science en marche. Et en fait, même si je fais la représentation actuelle, La BD sort, c'est déjà plus ça. Et en fait, j'ai zappé tout un chapitre où je discute avec le paléontologue parce que c'était un peu hors cadre. Mais ouais, je me suis beaucoup posé la question de où on en est dans la représentation aujourd'hui des fameux T-Rex, etc. Et en fait, je ne sais même pas. En fait, je crois qu'il a un plus gros bidon aussi. Ils se sont rendus compte que les côtes flottantes sont beaucoup plus basses. Donc, ça va plus. Il a peut-être des lèvres. Il a le nez retroussé.
Et maintenant, il crie comme un canard, donc c'est assez drôle. Mais l'artiste, c'est des représentations toujours qui parlent de nous en tant qu'humains, ce qu'on projette sur les animaux, ce qu'on projette sur les astronautes, sur la peur.
[01:20:37] Speaker A: Le respect, la révérence.
[01:20:39] Speaker B: Des fois, c'est comme les astronautes, ça me fait marrer la représentation qu'on a. C'est drôle, quand je vois les gens en dédicace, des fois je suis surprise.
Il y en a qui disent, je leur dis, mais ça vous donne encore envie d'aller dans l'espace, ma BD. Il y a des gamins qui font oui, oui, oui.
Il y a des grand-mères, moi j'ai vu en dédicace, il y a des grand-mères, elles ouvrent mon livre, elles font, je préfère le vrai.
[01:21:04] Speaker A: Ah oui, pourquoi ? Parce qu'il dit des gros mots ou quoi ?
[01:21:09] Speaker B: Oui, c'est ça. Puis bon, il est dessiné, c'est une sorte d'archétype, il ne se ressemble pas vraiment, c'est une sorte de Tintin. Je ne peux pas aller dans le portrait pur. J'ai fait une sorte de mélange pour que ce soit lui et pas lui, parce qu'il représente un archétype d'astronaute. J'ai mélangé plusieurs astronautes dedans, en fait, mais avec un peu son humour, des anecdotes d'autres personnes aussi. C'est marrant.
[01:21:35] Speaker A: Et du coup, tu as eu la problématique du titre aussi pour cette BD de 200 pages sur les dinosaures. Ça s'appelle Dans la combine des dinosaures ?
[01:21:41] Speaker B: Non, c'était Nos mondes perdus. Non, un peu moins. Le grand sujet, c'est la couverture.
Comment la couverture va retranscrire ce que vous dites, ce que ça raconte, le ton, etc. Il fallait que ça parle à la fois des dinosaures, mais il y a quand même un personnage. Donc, c'était pour montrer que c'était une sorte de mise en abîme. Il va y avoir des voyages entre le présent et le passé, un regard du présent. Mais ce n'est pas évident chez eux. La couverture, c'est toujours un truc. C'est un projet dans le projet.
[01:22:13] Speaker A: En tout cas, je te félicite parce que tu as réussi à sortir de l'espace pour te reponger dans les dinosaures qui, encore une fois, sont vraiment les cartons pleins sur les passions des enfants.
[01:22:23] Speaker B: Qui étaient autour de moi dans l'école.
[01:22:27] Speaker A: En classe, à l'école, il y avait deux trucs. C'était l'espace, les dinosaures.
[01:22:30] Speaker B: Oui, mais j'avais peur de les décevoir parce que ça allait vraiment raconter l'histoire de comment on les a représentés. C'était pas des fiches animalières sur Jurassic Park. C'était vraiment, on allait voir des gars, on allait parler de bûchons, de Jefferson, etc. Donc j'avais peur qu'ils soient un peu déçus. Mais c'est peut-être pas forcément pour les enfants.
[01:22:52] Speaker A: Ah non, pas forcément, je pense.
[01:22:54] Speaker B: Après, il y a peut-être trop d'astronautes et d'astronautes, il faut passer à autre chose. Non, mais j'avoue qu'au bout de deux ans, c'est rigolo parce que j'ai une petite saturation. De ta part, toi ? Oui, mais quand je me documente pendant deux ans, que j'écoute toutes les interviews, etc., je suis contente de passer à autre chose. Oui, j'imagine. Oui, il y a un moment où je crois que je rêve d'astronaute. J'ai fait des rêves en mangeant.
[01:23:23] Speaker A: Et puis quand tu fais un best-seller comme ça, j'imagine que les gens doivent t'en parler en plus dans la rue, dans les signatures, tout le temps. On m'en parle pas.
[01:23:28] Speaker B: On me demande est-ce que Thomas Pesquet est gentil ? Oui.
[01:23:33] Speaker A: Evidemment, c'est ce que tu réponds.
[01:23:34] Speaker B: Non, non, on me demande beaucoup. J'y reçois beaucoup de mails. J'ai l'impression... Comment le contacter ? Est-ce que vous pouvez lui faire suivre ça ? J'ai pas vraiment son attaché de près.
[01:23:47] Speaker A: Oui, ils t'ont confondu les gens.
[01:23:49] Speaker B: Mais non, vraiment, souvent, c'est est-ce qu'il est gentil ?
[01:23:53] Speaker A: Il y a des doutes, du coup.
[01:23:54] Speaker B: Bah, ce qui est rigolo, c'est que si vraiment il est méchant, je vais pas dire... Non, on me dit, est-ce que vous avez un peu de off que vous n'avez pas le droit de dire ?
[01:24:01] Speaker A: Ah, ça aussi, on m'a demandé ça plein de fois.
[01:24:03] Speaker B: Soit oui et j'ai pas le droit de dire, soit non et j'en dis pas. C'est rappé, mais...
Mais souvent je réponds, et c'est vrai, je pense que l'existence de cette BD est bien la preuve qu'on a quand même quelqu'un qui a un peu d'humour, parce que je ne pense pas que j'aurais pu faire ça.
[01:24:20] Speaker A: Mais avoir de l'humour, ce n'est pas un défaut. Ce que les gens veulent quand ils te demandent ça, c'est surtout quel est le défaut.
[01:24:26] Speaker B: Ah, les défauts ? Ah, je dois leur donner un défaut ?
[01:24:29] Speaker A: Non, non, non, surtout pas.
[01:24:29] Speaker B: Vas-y, toi premier. Attends, t'en connais depuis plus longtemps.
[01:24:32] Speaker A: Ah non, mais moi, j'allais te dire. Moi, on m'a demandé plusieurs fois.
Allez, il a bien un défaut quand même.
[01:24:38] Speaker B: Non, mais tu réponds comme...
[01:24:39] Speaker A: Je réponds, un, je dis perfectionniste.
[01:24:43] Speaker B: Comme Carla Bruni, tu réponds, il a les défauts de ses qualités.
[01:24:51] Speaker A: Non, mais c'est drôle que les gens soient absolument, veuillent absolument savoir ce qui ne va pas, alors que...
Ça nous.
[01:24:59] Speaker B: Met dans une position compliquée parce que moi, je ne considère pas que je le connais très, très bien. Finalement, je ne sais pas en cumuler combien je l'ai vu. Je ne me considère pas comme une amie proche. En plus, je l'ai beaucoup vu en lui posant des questions beaucoup à lui.
Mais je ne sais pas, je lui envoie mes BD pour dire tiens, regarde, voilà un peu de moi. Tiens, je ne vais pas envoyer la dernière. Mais c'est vrai que c'est un peu à sens unique, par exemple. Et j'avais conscience aussi que j'avais... Moi, je me suis souvent dit, tu serais suivi par une autrice de bande dessinée qui raconte ta vie. Je ne sais pas si j'arriverais à être 100% moi. Enfin, j'avais conscience aussi que moi, ma présence était un peu particulière. J'aurais un biographe, je serais là.
Non, je me tiendrais à carreau. Enfin, je dirais quelques vannes, mais ils ne verraient pas les jours où je dis... Je dis des heures. Mais c'est difficile aussi comme position d'être autant écoutée avec des gens qui vous épient en notant des choses. Enfin, ça doit être particulier quand même.
[01:26:01] Speaker A: Faut être à l'aise. Faut être à l'aise avec soi, c'est sûr.
[01:26:04] Speaker B: Moi, je pense que 24-24, je partis en... Déjà en interview, il y a des trucs.
[01:26:12] Speaker A: Et tu sais, il y a un round de questions rapides à la fin de chaque entretien avec les femmes avec qui je parle ici. Ça commence toujours par la question « moins plus ». C'est en gros la question, qu'est-ce que tu aurais aimé faire moins dans ta carrière, dans ta vie jusqu'à présent ? Qu'est-ce que tu aurais aimé faire plus.
[01:26:33] Speaker B: Si c'était à refaire ? moins grossier. Quand je me relis, je fais « oh la vache, t'es vraiment une chartière ». Mais c'est bien, c'est la preuve que j'évolue, mais peut-être moins dans certains gags où je dis « oh, c'est pas finot », où j'insiste trop sur des trucs, mais c'est vraiment plus avec le recul, mais moins, moins, je ne vois pas tout de suite, c'est peut-être moins trash.
Ouais, des fois, on sent le défouloir. On sent la fille un peu énervée qui se...
Je ne sais pas quoi. Je fais des fois wow. Mais après, c'est marrant parce que c'était... Je dois assumer le fait que ça a un peu baissé en tranches d'âge. Au début, je faisais vraiment le blog en pensant à dos adulte avec mon éditrice. On est à partir de 15 ans et en fait, on s'est rendu compte qu'on était lus, que j'étais lue en fait... 8, 9 ans même. Maintenant que ça reste dans les familles, il y a un petit excès en vidéo sur YouTube, l'adaptation. Il y a un petit glissement de terrain. Des fois, je fais oula !
[01:27:43] Speaker A: Du coup, ça te rajoute de la pression, de la responsabilité ?
[01:27:48] Speaker B: Non, pas à ce niveau-là, parce que je pense que ça y est, c'est foutu. C'est foutu, je crois que... Non, de faire moins des références politiques. Non, pas politiques, mais d'actualité. Je me suis rendu compte que j'en fais moins parce que, pas pour du politique non correct, c'est que ça date.
[01:28:06] Speaker A: Ça vieillit mal.
[01:28:08] Speaker B: Ouais. Maintenant, je vois des gens même qui sont morts.
Michael Jackson, je ne sais pas, mort. Julia Lee Day, mort. En fait, plus je les dessine, plus ils meurent.
Non, ça date le truc, ça vieillotte. Il faut rester sur des trucs un peu où vraiment des références qu'on aura tous. Mais ça, il faut que je me méfie. Mais après j'assume aussi que je vieillis avec... Je vieillis quoi, je vais pas faire semblant d'être une jeunes quoi. Je vais pas...
J'ai essayé de mettre le mot banger.
[01:28:38] Speaker A: Déjà de dire jeunes, déjà ça fait.
[01:28:41] Speaker B: Frais, ça fait mieux. Ou n'importe nawak. Enfin des fois je me vois écrire, je fais mais qui écrit ça ? On dirait... Donc j'essaye de mettre des termes.
[01:28:50] Speaker A: C'est quoi le top termes ? Les top termes ?
[01:28:52] Speaker B: J'arrive pas à...
[01:28:53] Speaker A: Tu fais plus jeune, ça fait quoi ?
[01:28:54] Speaker B: J'ai essayé de mettre banger.
[01:28:58] Speaker A: Il faut l'employer pour tout, absolument tout.
[01:28:59] Speaker B: J'ai eu l'impression d'être vraiment Juppé qui essaye de faire un tip-top. Tip-top ? Non, qu'est-ce qu'il avait dit ? Il avait essayé de faire jeûne en sortant des expressions et ça tombait totalement à l'eau. Je crois que je vais vieillir avec mon public. Et puis si des trucs, les trucs qu'on a tous en commun, comme les blagues sur la maladie, ça, ça ne va pas changer. Les dinosaures et tout, ça, ça va parler.
[01:29:27] Speaker A: Eux, ils sont déjà morts, donc t'es tranquille.
[01:29:29] Speaker B: Je ne vais pas mentir. Je ne vais pas parler. Il y a des trucs que j'intègre en écoutant des podcasts ou des Oui, je choisis des trucs comme ça, de manière naturelle, je les intègre, mais je ne vais pas faire semblant, je ne vais pas mentir.
[01:29:43] Speaker A: Et plus, alors qu'est-ce que tu aurais aimé faire plus ? Qu'est-ce que tu aurais voulu faire plus ?
[01:29:47] Speaker B: Aller plus loin dans certains trucs techniques, je pense qu'on peut aller plus loin. Des fois, je me dis qu'il faudrait même un chouï un peu plus compliqué, des fois.
Il ne faut pas hésiter, mais c'est du boulot. Non, plus de visite de labo, ça fait longtemps que je n'en ai pas fait et je sais que c'est assez intéressant. Je sais que ça prend plus de temps.
Il y a des sujets vraiment techniques qui sont hard. Les molécules, j'ai vu des tons de molécules, des ADN génétiques. Il y a des sujets qui m'intimident un peu.
[01:30:21] Speaker A: Je comprends. Et donc la rubrique dans laquelle ton livre a été cité plusieurs fois, c'est la rubrique livre spatial préféré. Est-ce que tout à l'heure, tu as cité déjà quelques livres ?
[01:30:33] Speaker B: Je n'ai pas cité moi-même, non.
[01:30:35] Speaker A: Est-ce que tu as un livre spatial préféré que tu as lu ?
[01:30:39] Speaker B: Je me souviens avoir raté des stations de métro en lisant l'étoffe des héros au passage où le singe Ham est dans l'espace. J'étais tellement...
Je crois que je me rongeais les ongles. La description et tout, je me souviens, je ne savais plus... Je crois que j'ai raté 3, 4 stations de métro. Je le lisais partout. En ça, dans la captation, l'étoffe des héros, j'ai adoré.
Après, professionnellement, il y a le Packing for Mars de Mary Roche qui m'a beaucoup influencée. Je dirais à l'étoffe d'héros, même si c'est un certain aspect de la conquête spatiale qui est différent.
[01:31:22] Speaker A: Dont tu as pris un peu le contre-pied d'ailleurs, on pourrait dire.
Et film ? Est-ce que tu as un film spatial ? Il y a eu beaucoup de films d'ailleurs sur les astronautes récemment. Depuis 2013-2014, il y a eu beaucoup, presque un par an, puis des séries.
[01:31:38] Speaker B: Des choses comme ça. C'est marrant comment ça a imprégné les pubs, les affichages dans le métro.
[01:31:46] Speaker A: Ta pub spatiale préférée, 4 par 3. Ton film spatial préféré, t'as un film spatial culte ?
[01:31:53] Speaker B: J'avais bien aimé Gravity. C'est sûr que je l'avais vu dans un super cinéma, Dolby Sound et tout. Mais j'étais outrée qu'elle retire sa combinaison comme ça, sans un système de refroidissement. C'est inacceptable.
[01:32:06] Speaker A: Pas assez rigoureux.
[01:32:06] Speaker B: Sans dépressurisation, elle aurait dû prendre quatre heures à sortir son truc. Donc là, j'ai fait inacceptable.
[01:32:12] Speaker A: Logique.
[01:32:13] Speaker B: Mais dans le son, le son est assez ouf. Oui, en plus, ce qui m'a agacée, c'est qu'aussi, Georges Clooney gâche autant de carburant dans son petit truc à faire n'importe quoi. Je pense que la NASA ne laisserait pas un mec faire... Donc je l'ai vu à la fois en étant dedans et à la fois en disant...
Non, alors First Man, aussi pareil, j'ai bien aimé le côté, je trouve que ce qui est bien retranscrit. Enfin, je ne sais pas, je ne suis pas allée dans l'espace, mais j'ai bien aimé le côté brinqueballant quand il est vraiment dans la fusée, ça vibre de partout, c'est n'importe quoi, on entend presque les vis qui vibrent. Et là aussi, il y a un truc avec le son qui est barge, mais j'hésite avec Seul sur Mars. Non, j'ai préféré le livre. Attendez, je cherche. Je suis assez critique en En cinéma. En cinéma. Ouais, je suis... En plus, après, à la Combi, quand j'ai revu Gravity, je me disais, mais qu'est-ce que c'est que ça ? C'est le Soyouz, mais pourquoi il y a un deuxième Soyouz ? C'est vraiment chiant.
[01:33:11] Speaker A: Gravity, c'était un bon film de cinéma, mais c'est vrai que c'était pas le film le plus rigoureux. Tu dis que t'es chiante.
Moi, j'avais invité l'ensemble du personnel du Centre Européens Astronautes pour voir ce film.
[01:33:23] Speaker B: J'ai vu Claire Voix parler avec...
Il était, il disait que c'était génial.
[01:33:29] Speaker A: Je pense que la voix parlait du son, le son qui était extraordinaire.
Mais je peux dire que dans la salle, effectivement, là, à droite, à gauche, les commentaires sur le Soyouz, la pressurisation, les orbites, le scénario, c'était pas facile de se concentrer sur le film.
[01:33:48] Speaker B: La musique est hyper flippante.
[01:33:50] Speaker A: Donc pas de film On Zap, cette question-là ?
[01:33:52] Speaker B: Non, je cherche sur le spatial. En fait, c'est vrai qu'après la documentation, j'ai eu un peu de mal. Oksima, j'y suis allée à la fin.
Mais j'ai un rapport particulier parce que j'étais avec Alice à Baïkonour. J'ai suivi de loin le film, mais c'est une approche vraiment intéressante. Avant le vol, c'est mon petit chouchou. En plus, je l'ai vu le se faire. Enfin, je l'ai vu, Alice, sur son scénario, pendant que moi, j'étais sur mon... On a même brûlé un, pas un cierge, mais dans une église orthodoxe à Baïkonour. On a chacune brûlé une bougie pour nos projets respectifs.
[01:34:33] Speaker A: Mme Proxima de l'Issunoku.
[01:34:35] Speaker B: Ouais. J'espère qu'elle viendra.
[01:34:37] Speaker A: Marion.
[01:34:38] Speaker B: Bah écoute, bah oui.
[01:34:39] Speaker A: Je te remercie.
[01:34:40] Speaker B: On aurait beaucoup de questions à te poser en fait.
[01:34:42] Speaker A: À me poser ?
[01:34:42] Speaker B: Ah oui, les hommes qui font l'espace.
[01:34:44] Speaker A: Bah non, les hommes qui font l'espace, c'est l'histoire.
[01:34:47] Speaker B: Non mais sur ton métier, les coulisses, etc. Les astronautes.
[01:34:50] Speaker A: Les coulisses d'astronautes ?
[01:34:52] Speaker B: T'en connais autant que moi. Gérer les journalistes.
[01:34:57] Speaker A: Tout est très agréable.
[01:35:00] Speaker B: La diplomatie.
[01:35:02] Speaker A: Bon bah écoute, je viendrai avec volontiers dans ton podcast.
[01:35:06] Speaker B: Ah bah oui, oui, oui !
[01:35:07] Speaker A: Volontiers.
[01:35:08] Speaker B: D'accord, les hommes !
[01:35:11] Speaker A: Merci en tout cas de cet épisode très spécial avec toi Marion.
[01:35:15] Speaker B: Merci.
[01:35:16] Speaker A: Et à très bientôt.
[01:35:17] Speaker B: Bah ouais, à bientôt.
[01:35:19] Speaker A: Merci d'avoir écouté cet épisode de Elles font l'espace avec le soutien de l'Académie spatiale d'Île-de-France. Cet épisode était produit et réalisé par François Bonnet, Cyril Nobillet et Yann Famoutri.
Si vous avez aimé, n'hésitez pas à le partager et à nous mettre plein d'étoiles. Et nous, on se retrouve très vite sur vos plateformes préférées pour un nouvel épisode de « Elles font l'espace ».