Episode 11

May 18, 2025

00:22:09

[EXTRAIT] Le génèse de la BD culte "Dans la Combi de Thomas Pesquet" avec Marion Montaigne

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Jules Grandsire
[EXTRAIT] Le génèse de la BD culte "Dans la Combi de Thomas Pesquet" avec Marion Montaigne
Elles font l'Espace
[EXTRAIT] Le génèse de la BD culte "Dans la Combi de Thomas Pesquet" avec Marion Montaigne

May 18 2025 | 00:22:09

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Show Notes

« Dans la combi de Thomas Pesquet », ça vous parle ?

Marion Montaigne nous raconte la genèse de cette BD culte :
les coulisses, les galères, et même ses doutes les plus intimes.

Spoiler : c’est drôle, touchant… et ultra inspirant.

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Episode Transcript

[00:00:01] Speaker A: Elles font l'espace avec Jules Grandsire. Un petit bijou d'extrait avec Marion Montaigne. Elle nous raconte comment est née sa BD dans la combi de Thomas Pesquet, sa méthode, ses galères, ses doutes. Et toujours, vous allez l'entendre, sans l'humour. [00:00:20] Speaker B: Il y a eu un moment où je me suis retrouvée face à M. Clervoy. [00:00:24] Speaker A: Oui. [00:00:25] Speaker B: Et moi, j'ai vu M. Clervoy. [00:00:27] Speaker A: Jean-François Clervoy. [00:00:28] Speaker B: Jean-François. [00:00:28] Speaker A: Un astronaute bien connu de l'agence spatiale européenne. [00:00:31] Speaker B: Et je ne comprenais pas que les gens fassent... Ah ouais ? Enfin, même si vous ne connaissez pas... Mais astronaute, mince, attends ! Pour moi, c'était celui qui avait réparé Hubble. Et c'est là que je me suis dit, peut-être que tu t'es vraiment documentée, tu t'es intéressée à... à ce métier-là, alors que... Enfin, je ne comprenais pas que les gens ne soient pas épatés par ces gens qui vont dans l'espace et qui sont dans des lieux clos, hyper dangereux. [00:00:57] Speaker A: Et tu pensais que tu avais un biais, du coup, à l'époque ? [00:01:02] Speaker B: En fait, j'étais surprise que le fait que je dise que j'ai rencontré un astronaute, il y en a, ça... Pour moi, c'est comme si on disait un peu... J'ai dîné avec... Je ne sais pas... quelqu'un de politique. Enfin moi, ça ne me fait pas rêver les politiques, mais je ne sais pas, une sorte de... C'est quelqu'un d'important. [00:01:20] Speaker A: Donc tu t'es dit, j'ai peut-être un biais, je trouve ça super intéressant et en fait, tout le monde s'en fiche. [00:01:24] Speaker B: Ah non, moi, je me suis dit, c'est intéressant. Je vais juste vous montrer que c'est intéressant. Enfin, je ne vois pas, je ne comprends pas que vous ne pouvez pas trouver ça intéressant. Donc, j'ai dit à mon éditrice, c'est super intéressant. Au début, oui, il y avait un côté. Bon, ben, on ne sait pas qui, qui, Mario Montaigne, est allé nous chercher encore un chemin de Scurbonob. [00:01:43] Speaker A: Il fallait aller à Houston, il fallait payer des voyages. [00:01:46] Speaker B: Oui, j'avançais mes billets en me disant que ça allait être super. Non, ils commençaient à comprendre parce que là, on en parlait de la mission et tout. Mais c'est vrai que ça prenait de l'ampleur. Je pense qu'on s'est auto-effrayés. On est à 200 pages. Moi, j'étais très intimidée. Plus je devenais connue, plus je me disais que si je fais de la bousse, ça ne va pas passer ma partie. Là, j'avais super peur qu'on me dise que j'ai profité de la situation. Qu'on ait dit, ah bah, tu l'as suivi parce qu'il est connu. Et alors que je me disais, bah non, je l'ai suivi parce que c'est intéressant ce qu'il fait. Et j'avais super peur qu'on pense que... [00:02:25] Speaker A: Tu pensais qu'on allait se taxer d'opportunisme une fois que le boulot était fait, c'est ça ? [00:02:30] Speaker B: Moi, je me souviens de l'époque où on ne voyait pas du tout qui était ce monsieur. Dans ma famille, je faisais ces machins. Ou moi-même, je dois googliser, je fais « bon, il n'a pas une trop mauvaise tête, il a l'air sympa ». Je me souviens de tout ça, donc c'est marrant. [00:02:47] Speaker A: Et ce milieu du spatial, justement, au-delà de la personne de Thomas Pesquet, C'est un milieu que t'as découvert, t'en parlais tout à l'heure, Laura-Andrée Boyer qui était invitée aussi du podcast, d'autres personnes, les gens à Houston, les instructeurs du Soyouz. C'est un monde, un univers, une communauté que t'as réussi à vraiment découvrir. Tu as eu accès aussi, je dirais ? [00:03:12] Speaker B: Moi, j'ai jamais eu l'impression d'avoir tout compris, parce que déjà, je me greffais à certains moments de la mission. Ensuite, Thomas, il y avait son point de vue. J'essayais aussi de comprendre comment ça marchait. Moi, ce que j'ai surtout compris, je me disais, ce que les gens doivent comprendre, c'est qu'il y a beaucoup de monde derrière. qui travaille à l'aider, que c'est scientifique, parce que souvent on dit mais qu'est-ce qu'ils vont faire là-haut ? Il y avait plein de questions quand je parlais, je me disais je vais suivre Thomas Pesquet, c'est à quoi ça sert ? Où ça va ? Il y en a qui disent où est la station autour de la Lune ? Je vais devoir expliquer ça. Il part dans une navette ? Non. Je notais toutes les questions qu'on me posait. On parle beaucoup d'Elon Musk, etc. Mais finalement, il y a beaucoup de choses fondamentales qui ont été faites par le bien public, etc. Je voulais rappeler un peu ça, qu'il y a des recherches qui sont faites dans la station, qui vont être publiées pour un bien commun, qui vont être réutilisées, etc. C'est important. Et après, c'est dur d'expliquer au grand public. Peut-être qu'il y aura une application, peut-être dans votre vie ou pas, mais c'est la recherche. [00:04:20] Speaker A: Ça, c'est le problème de la recherche fondamentale, de manière générale. [00:04:23] Speaker B: Et je me disais aussi, parce que je pense que j'ai écouté quasiment toutes les interviews de Thomas, je me disais, alors radio, il est à la radio, il a à peine top chrono. Alors qu'est-ce que vous faites dans la station ? Et je sais comment c'est à la radio, vous avez 30 secondes. à l'expliquer en 30 secondes ce que moi, quelqu'un au 4 mots, ça a pris, les gens qui font les expériences, ça a pris une demi-heure, trois quarts d'heure à montrer à quoi un four à ionisation à un niveau technique, dans l'application, c'est impossible. C'est impossible. [00:04:57] Speaker A: Il y a quelque chose dans la recherche fondamentale. Toi, tu as beaucoup travaillé aussi dans d'autres domaines pour vulgariser cette recherche fondamentale. On ne peut pas toujours justifier la recherche fondamentale avec des exemples, avec des retombées. Il y a un moment où je crois qu'il faut juste accepter d'investir dans de la recherche fondamentale sans avoir un but précis. [00:05:18] Speaker B: C'est plus juste pour savoir, pour la connaissance. Mais là, ce qui est grave, c'est dans le financement. En ce moment, j'ai l'impression qu'on demande aux chercheurs maintenant de de chercher des recherches où il saurait tout de suite quelle application on fait. Or, une recherche fondamentale, c'est juste pour la connaissance. On veut savoir, je ne sais pas comment fonctionne un fluide, mais on ne sait pas encore ce que ça va donner. Peut-être que plus tard, cette recherche sera utilisée. Et je trouve que c'est même se tirer une balle d'en pied, parce que c'est prendre le problème à l'envers. C'est essayons de comprendre comment le monde fonctionne. Et après, on essaiera de trouver des applications. Là, on demande, trouvez une application de suite à ce que vous cherchez. Un truc que je n'avais pas estimé, c'est que derrière, il y a plein de chercheurs qui essaient de créer une expérience dont l'astronaute sera une main derrière. Il fallait montrer tout ça. [00:06:11] Speaker A: Oui, c'est ça. Tu disais tout à l'heure, il y a beaucoup de gens autour de l'astronaute. Et en réalité, on se rend compte aussi par rapport à la BD, c'est pas tout à fait ça. C'est plutôt que l'astronaute fait partie d'une équipe qui est beaucoup plus grande, que c'est l'équipe de la mission. L'objectif, ce n'est pas simplement de l'envoyer dans l'espace, c'est qu'il puisse faire ses expériences dans l'espace. Pour ça, il faut le préparer, l'envoyer, etc. Mais c'est vraiment un travail d'équipe. [00:06:39] Speaker B: C'est pour ça que je pense qu'il voulait que j'y aille après, le voir. Parce qu'après, il y avait tous les examens médicaux et son corps était au service de toute la recherche qui était en place. Il y avait vraiment les médecins qui voulaient voir. C'était aussi montrer comment lui, sa personne, est une continuité même d'un objet d'étude. Ça aussi, c'était impressionnant. Je n'avais pas vu. Je pense que j'avais beaucoup l'esprit à l'étoffe des héros, mais c'était une autre époque où là c'était de la conquête, là c'est vraiment on étudie dans l'espace, on travaille dedans, on fait de la science. Donc c'est tout ça que j'ai dû apprendre et essayer de comprendre comment ça s'organisait, essayer de retranscrire, juste comprendre que c'est beaucoup mieux. [00:07:23] Speaker A: Et t'as dessiné aussi des gens qui sont autour de Thomas dans l'émission. T'as dessiné Laura d'ailleurs, parce qu'on parle de... [00:07:28] Speaker B: Mais je me suis demandé si j'ai dessiné... Mais je dessine tellement mal les gens ! Non ! Je crois que je t'ai dessiné mais on reconnaît juste une mèche. [00:07:33] Speaker A: Ouais mais moi j'ai la mèche. [00:07:37] Speaker B: Jaune fluo. [00:07:37] Speaker A: Jaune fluo, tu t'as fait la couleur de mes cheveux. Mais par contre, non, il y a des gens qu'on reconnaît. Romain Charles, qui est un ami à moi, on le connaît. Yuri Kergapoulov, on le connaît. [00:07:47] Speaker B: Bien sûr, très gentil, qui m'a offert des petits biscuits. [00:07:51] Speaker A: Voilà, qui est un peu le chef des astronautes européens. [00:07:57] Speaker B: Et oui, il y a des gens un peu emblématiques comme ça. Déjà, ceux qui m'ont reçu, que j'ai rencontrés et qui ont des statues que je cernais un peu autour de Thomas. Puis c'était aussi un clin d'œil pour les remercier de m'avoir un peu reçu, pris du temps en fait. J'ai un peu mangé de leur temps aussi. [00:08:17] Speaker A: Les autres astronautes aussi, tu les as dessinés. [00:08:20] Speaker B: Je ne trouve pas que je suis une très bonne portraitiste. Je m'excuse auprès de Luca Parnitano, que j'ai dessiné un peu. Il est très allongé, il n'a pas de cou. Je l'ai beaucoup dessiné parce que Thomas aimait bien parler de Luca. J'ai essayé moi-même pour me retrouver dans les personnages. Et puis c'est des gens, des fois même, je me demande si je ne mettais pas leur nom. Donc autant les dessiner. J'en ai dessiné quelques-uns. [00:08:55] Speaker A: Et donc en 2017, en novembre 2017, je crois que c'est le 23 novembre, aujourd'hui on est le 26 novembre 2024. J'ai pas vu l'exact. Donc c'est presque jour frais. En 2017 paraît enfin cette BD de 200 pages qui finit par s'appeler dans la comédie de Thomas Pesquet. Il y avait d'autres titres d'ailleurs, parce que je me rappelle que c'est une discussion qu'on avait eue quand on s'est vu la première fois à Cologne en 2015. Tu réfléchissais aux titres ? [00:09:24] Speaker B: Alors, ce n'est pas évident parce qu'en édition, vous avez un peu les commerciaux qui aiment bien se dire qu'il faut que ça... ça marche en mots clés, comme ça, sur Internet, vous allez trouver. Donc il faudrait le mot astronaute. Il faudrait le mot Thomas Pesquet, si tu peux. Limite odyssée et tout. Et on n'arrivait pas à tout caser. Et surtout, ça ne donnait pas l'esprit. En fait, ça faisait des titres un peu trop pompeux. La mystérieuse aventure. [00:09:56] Speaker A: Tu voulais que ça ressemble à la BD, il fallait qu'il y ait un esprit. [00:09:59] Speaker B: Ouais, mais en juin, j'ai ramené une couverture vraiment moche à Thomas avec un titre pourri. C'était quoi ? Je ne sais plus, c'était l'Odyssée. Et l'Odyssée de Thomas Pesquet. Et je n'étais pas contente. Je n'étais pas non plus contente de la combi. Je voulais faire un clin d'œil à Tintin sur la lune. Donc, en fait, c'était en contre-plongée. C'était trop compliqué. C'était moche. Et surtout, c'est Alice Vinocourt qui m'avait accompagnée. [00:10:26] Speaker A: Alice Vinocourt qui a fait le film Proxima. [00:10:29] Speaker B: Proxima, avec qui j'ai fait deux déplacements. Je me souviens, elle était dans le talis, elle fait... Ouais. [00:10:35] Speaker A: Très honnête. [00:10:36] Speaker B: Ouais, très honnête. Elle fait, bah en fait, on comprend pas, on voit pas que dedans, ça va être rigolo. En fait, il faut que ça se voit sur la couverture. Non, très honnête et tout. Et Thomas, il a fait... Mais en vrai dire, je pensais aussi la même chose. Et en fait, j'ai tout rechangé. Mais je crois que j'avais eu même une réunion de commerciaux où en limite, ils l'avaient ou avec les libraires, où c'est normalement la présentation au libraire. C'est là-dessus qu'ils vont devoir tout communiquer. Et j'ai fait non, j'ai tout changé. J'ai tout changé. Et en fait, c'est un copain à son anniversaire à moitié un peu pompette. Mais tu t'embêtes pas. Tu me mets dans la combine, machin. Et puis voilà. OK. Et il les remerciait d'ailleurs, dans les remerciements. [00:11:22] Speaker A: Et dans la combi de Thomas Pesquet, c'était... une référence à quoi, finalement ? J'ai pensé à Dans la peau de John Malkovich. Oui, un peu, oui. [00:11:34] Speaker B: Il y avait ça ? Dans la peau, un petit côté, on l'accompagne, mais sauf que le truc emblématique, c'est la combinaison. Mais il fallait que j'abandonne tous les autres termes de mission, d'épopée, d'héroïsme, etc. et qu'on arrête de se mentir. On se marre, on le suit. [00:11:53] Speaker A: On se moque un peu de soi-même. [00:11:54] Speaker B: Et j'ai refait une, je sais pas, une assez vite. J'ai eu un, je vais pas dire un flash, mais un peu mon cerveau a fait aller hop, on fait sérieux et après que tout le monde m'ait dit c'est pourri, j'ai tout refait. [00:12:08] Speaker A: Et donc en 2017, en novembre 2017, paraît la BD 2 avec 200 pages, avec cette nouvelle couverture. Et c'est peu de dire que ça marche. Puisque c'est indéniablement un best-seller. Rapidement en plus. [00:12:25] Speaker B: Il a été épuisé assez vite. Ils ont pris un peu de cours en plus, l'éditeur, il fallait qu'il réédite. À un moment, il y avait des libraires, ils s'étaient épuisés des stocks. C'était avant Noël. Moi, je vois ça et tout. Et ouais, je crois qu'on était la deuxième meilleure vente derrière Astérix et Obélix de l'année. Et ce n'est pas ça qui m'a inquiétée. Moi, ce qui m'a inquiétée, c'est de faire la presse, de faire beaucoup de presse, de promos et d'en faire avec Thomas. On a fait deux télés et j'ai eu l'impression... Comme là, en ce moment, je toussais, mais je toussais. J'ai pris de la cortisone avant et je me retrouvais en maquillage, mais avec une tronche. Et Thomas qui était comme ça... Ah, tu tousses encore ? [00:13:15] Speaker A: T'es livée en même temps. [00:13:17] Speaker B: Non, mais je tousse tout le temps au promo. Et oui, c'était très nouveau pour moi de faire des télés à côté de Thomas. En plus, j'avais l'impression d'être, pas une potiche, mais d'être à côté, comme un petit labrador, avec quelqu'un qui savait très bien manier les caméras, qui se tenait très bien. [00:13:37] Speaker A: Le Labrador, c'est ton animal totem, j'ai l'impression. Ça fait trois fois que tu te compares à un Labrador. [00:13:43] Speaker B: Non, mais moi, j'étais étonnée de tout. Ce n'était pas les premières télés, mais j'étais très intimidée encore de ce côté. Tu t'es greffée à la personne qui marche et c'est pour ça que ta BD marche. En fait, j'avais très peur qu'on me dise ah ben voilà, la petite meuf qui s'est accolée au gars à succès pour faire sa BD, qu'on a profité. [00:14:02] Speaker A: Alors que c'est l'inverse, en fait. [00:14:03] Speaker B: Mais oui, j'avais plus de... Je dis souvent que j'avais plus de followers que lui avant. Et après, j'ai calculé, j'ai dû faire 35 heures de dédicaces en moins d'un mois, jusqu'à Angoulême. Donc j'étais merde. [00:14:22] Speaker A: Et donc ça, encore une fois, quand on est autrice, auteur de BD, j'imagine que faire un best-seller, c'est le Graal, non ? [00:14:32] Speaker B: C'est pas désagréable parce que déjà, financièrement, c'est rassurant. Ça met du beurre dans les épinards. [00:14:40] Speaker A: Vous savez, tes parents étaient rassurés du coup. [00:14:44] Speaker B: Et encore. Oui. Ben non, ça peut encore... Tout peut se casser la gueule du jour au lendemain. Non, ils étaient un peu contents. Non, non, moi, ça m'a un peu mis confiance en moi parce que c'est un sujet. Donc, c'est vrai que ça pose un peu dans la profession. Après, j'ai eu un prix à Angoulême, donc évidemment, quand vous avez un prix à Angoulême, Vous avez un projecteur qui fait une flèche en disant bon, la petite meuf, si ça se trouve, c'est peut-être pas si mal ce qu'elle fait. Elle dessine très mal. [00:15:14] Speaker A: Elle dessine très mal. [00:15:16] Speaker B: Non, ça aide pas mal pour le futur, parce que c'est sûr que les éditeurs, maintenant, ils me font plus confiance. C'est vrai que si je viens avec un sujet, je pense que mon éditeur, il me pose plus la question. Mais qu'est-ce que t'es allé chercher ? Qui c'est que t'as intéressé ? C'est vrai que ça... Ça t'a fait. [00:15:31] Speaker A: Changer de statut, tu dirais, ce succès, cette réussite ? [00:15:35] Speaker B: Je pense que mon éditrice maintenant, elle voit comment je fonctionne. Elle se dit bon, on va peut-être la garder. Et ouais, je pense que je pense qu'ils sont contents quand même. Non, je pense qu'ils ont plus confiance dans ma manière de travailler parce que je suis un peu foutraque. J'ai en disant je vais vous faire un sujet. Il est possible que ça parte en cacahuètes. C'était partir sur un truc scientifique sur Mars. C'est parti sur la vie d'un astronaute. Donc, je peux être un peu comme ça. Attention. Donc, ils me regardent faire... Je ne vais pas leur taper sous Word un scénario tout fini, ça va être du terrain et des trucs comme ça. Mais maintenant, je pense qu'ils ont compris que je vais retomber sur mes deux pattes. Non, c'est marrant, c'est même un peu risqué. En fait, après, j'ai dit à mon éditorialiste, attention, ce n'est pas parce que je vends des palettes que maintenant, il va falloir que tu acceptes... Ça, c'est ma phobie. Ça peut arriver qu'après, quand vous vendez bien, en gros, on ne vous le dise plus. Ça, ça ne va pas. Ça, ça ne va pas. On a peur que vous partiez, que vous fassiez votre star et que vous disiez « ah bah t'aimes pas, et bah je vais aller chez les concurrents ». Ils ont super peur de ça, donc ils font « tout est bien ». [00:16:38] Speaker A: Mais toi t'as besoin quand même qu'on te cadre. [00:16:40] Speaker B: Je reste avec mon éditrice et je dis « tu me dis ». Parce que c'est très tentant, vous pouvez être à un festival, vous avez un peu bu, vous faites « alors je vais faire un truc avec des poneys nazis ». Et vous avez en effet un éditeur qui fait « je t'ai entendu hier soir, c'est très intéressant ». [00:16:53] Speaker A: Cette histoire de poney nazi, parlons-en. [00:16:55] Speaker B: Voyons-nous à Paris. Non, je ne sais plus. Je crois que j'avais dit je vais faire une histoire. On va suivre Judas et on va montrer qu'il a voulu sauver Jésus. C'était un soir n'importe quoi. Et il y en avait un qui avait écouté et fait c'est une bonne idée. Non, non. Donc je veux que des gens me disent, tu parles en cacahuètes ou des trucs comme ça. [00:17:17] Speaker A: Ou le spatial d'ailleurs, on ne t'a pas demandé, puisque tu as fait dans la combi de Thomas Pesquet, est-ce que tu ne veux pas faire d'autres trucs sur l'espace, l'astronomie, Mars justement, puisque c'était ton idée de départ, le soleil, je ne sais quoi. [00:17:31] Speaker B: Ah si, il y a des gens qui m'ont proposé des trucs en astrophysique, mais j'ai aussi eu des propositions d'autres autobios, de cuisiniers célèbres ou de... de gens plus ou moins célèbres. J'ai appris que j'avais été pressentie pour une vidéo de Mbappé, mais j'ai appris... [00:17:50] Speaker A: En BD ? [00:17:51] Speaker B: Oui, j'ai appris sur Twitter. Non, j'ai appris sur Twitter que j'avais été citée. Non, c'est l'éditeur qui a fait, qui m'a expliqué après que ça allait être vraiment compliqué parce que l'idée... Mais je ne sais pas tout, je ne sais pas à quel niveau ça s'est passé. Alors déjà, moi, ça allait être non parce que moi, le foot, le foot, m'aime pas depuis que je suis enfant. [00:18:08] Speaker A: Mais toi, t'adores ? [00:18:09] Speaker B: Je déteste le foot, mais je suis une petite fille, je n'avais pas le droit de jouer au foot. Je me suis pris des ballons de foot dans la tête. Ce n'est pas aujourd'hui que je vends des livres. Un footballeur va me demander de dire que c'est chouette le foot. Je n'aime pas le foot. On ne s'aime pas, donc on ne va pas se forcer. Mais c'est aussi dans la démarche, c'est-à-dire, je me suis dit, quand vraiment, c'est des gros stars comme ça, je pense qu'il y a trop d'avocats. Il y a des avocats qui gèrent ça, l'image, et là, c'est compliqué. C'est ça qui a vraiment été cool avec Thomas, c'est que je l'avais en discussion directement lui, ou des gens avec qui il disait, je veux ci, je veux ça. Là, le problème, c'est quand, soit vous passez par l'institution, si vous voulez faire un truc sur un homme poétique, etc.. [00:18:54] Speaker A: Il faut... Ça devient une œuvre sans intérêt. [00:18:58] Speaker B: Ça devient un truc que plusieurs personnes vont relire, vont négocier. Et moi, je ne vais pas négocier avec un avocat sur une blague. J'aurais pu avoir un avocat qui... Alors, la blague sur le caca dans l'espace, ça ne va pas du tout. Ça aurait pu être ça. Donc, c'est là où je me suis dit, en fait, c'est marrant. Ils n'ont pas compris aussi la démarche de Thomas, qui a été d'être assez cool pour dire, je vais peut-être être représenté, de se marrer sur son image. Je pense qu'a posteriori, il y en a qui ont dit, moi aussi, je veux mon livre, mais il faut accepter. en amont la démarche. Non, j'ai eu des propositions sur d'autres gens, mais je me suis dit que ce n'était pas intéressant. Pour moi, je n'allais pas refaire le même processus. [00:19:45] Speaker A: Toi, on a compris, ta passion, c'est la science, c'est la technique, c'est comprendre ce que tu ne comprends pas et de l'exprimer en bande dessinée. Ce n'est pas non plus classique dans le monde de la BD. Tu as un statut particulier ? On te demande de réparer des frigos, des trucs comme ça ? [00:20:01] Speaker B: Non, non, non. Non, mais en fait, c'est drôle parce qu'il y a des gens qui m'ont demandé si j'avais fait une sorte d'étude de marché du milieu de la BD et que j'avais remarqué que c'était un manque, la science. On m'avait demandé ça. Je ne suis plus une journaliste, mais je n'ai pas du tout les moyens d'analyser sociologiquement de quoi ont besoin les gens. Je fais ce que j'aimais. Et au début, j'avais des éditeurs qui disaient, c'est des trucs de niche. Enfin, s'intéresser à des trucs scientifiques, c'est comme faire un livre sur la pêche à la mouche. Enfin, vous allez intéresser 2000 personnes et pas plus. Après, il y a eu une vague de BD, ce qu'on appelle la BD du réel, où on refait du terrain, on va voir dans des labos et des choses comme ça. Et j'ai des confrères qui font ça, comme Mathieu Burnia, lui qui a fait des... même des livres hyper techniques sur la physique quantique avec Thibaut Damour. Donc, je ne suis pas la seule, mais c'est vrai qu'il y a eu une période un peu de défrichage. Je ne dis pas que j'y suis arrivée toute seule, mais où il a fallu prouver que oui, les gens sont intéressés par le monde des questions. [00:21:08] Speaker A: Oui, parce que niche, quand tu as fait une BD sur les robots, par exemple, C'est pas niche, quand même, l'intelligence artificielle. [00:21:16] Speaker B: Non, ça, c'était déjà un peu plus tard, quand j'avais déjà un peu prouvé par Tumoura Mabet que non, ça intéressait les gens, la vulgarisation. D'ailleurs, c'est une collection qui s'est faite après, où on a compris que non, les gens étaient intéressés. Il ne fallait pas prendre les gens pour des idiots, ils sont intéressés par des questions même très techniques. Mais c'est tout le défi de l'édition, c'est de flairer ce qui va marcher ou pas. [00:21:47] Speaker A: Si cet extrait vous a donné envie d'en entendre plus, l'épisode complet vous attend sur toutes les plateformes de podcast et sur YouTube.

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