Episode Transcript
[00:00:00] Speaker A: Et cette notoriété, elle ne fait pas partie du contrat quand t'as signé pour être astronaute ?
[00:00:05] Speaker B: Non, ça ne fait pas partie d'une chose, même. Une petite anecdote. Après le long processus de sélection en quatre 20 cinq, arrive ce jour de septembre quatre 20 cinq, où il y a l'annonce officielle des sept astronautes retenus dans la sélection. Et donc, on est tous dans une salle au CNES, derrière un pupitre, avec des journalistes en face. Et voilà, on présente chacun des individus et la question au journaliste. Et là, tous les micros se tournent. V. Moi. Et c'est là où j'ai découvert que j'étais la seule femme. Je n'étais pas du tout préparée à devenir un objet exotique. C'était déjà un peu exotique d'être astronaute.
[00:00:45] Speaker A: D'être astronaute, comme si ce n'était pas assez exotique.
[00:00:47] Speaker B: Mais voilà, il y avait une dimension que je n'avais pas du tout.
[00:00:54] Speaker A: Perçue. Aujourd'hui, dans elles font l'espace, je reçois Claudie Haigneré, qui est une des icônes françaises du spatial. Avec elle, on parle de ses souvenirs de sélection, on parle de son rapport à la notoriété, à la célébrité. On parle du problème épineux des débris spatiaux, de l'avantage de former un couple avec un autre astronaute, de la vie quotidienne à la cité des étoiles, près de Moscou. On parle aussi de la privatisation du secteur spatial. Et on parle beaucoup des années quatre 20 10. Bonjour, Claudie. Bonjour. Je suis ravi de te recevoir aujourd'hui. Merci beaucoup de venir nous voir. Je suis ravi parce qu'on a reçu ici des femmes, dans elles font l'espace, qui nous disent souvent j'ai mis du temps à trouver mon chemin. V. Le spatial, parce qu'il n'y avait pas de rôle modèle féminin. Et puis souvent, elles se reprisent en Ah, il y avait quand même. Claudie Haigneré, qu'est ce que ça t'inspire, ça ?
[00:01:52] Speaker B: Ça me fait toujours plaisir, effectivement, d'entendre qu'à un moment donné, j'ai pu donner l'audace ou l'envie de tenter ces carrières dans le monde du spatial. Ça me ramène un peu à ce qui, moi, m'a fait avancer. C'est vrai, je dis souvent, j'étais cet enfant de 12 ans quand en juillet 60 neuf, on a mis pour la 1ʳᵉ fois le pied humain sur la lune, et que c'était un moment tout à fait fascinant qui avait fait naître un rêve dans ma tête d'enfant. Mais qu'effectivement, le modèle, à l'époque, c'était quand même un pilote militaire avec son casque, son home les fumées, les chevaliers du ciel. C'était un peu ça le modèle, quelque chose qui attirait vraiment. Et puis j'ai eu la chance de rencontrer l'opportunité de candidater avec un appel à candidature qui cherchait des scientifiques pour mener à bien des programmes dans les stations spatiales. Donc en fait, comme j'avais le doctorat qui allait bien pour candidater, c'est vrai que je ne me suis pas posé la question. Essayer de copier un modèle qui ne correspondait pas. J'y allais pour faire à la fois quelque chose qui me passionnait, qui résonnait dans ma tête, et puis pour faire mon métier.
[00:03:07] Speaker A: Donc en fait, toi, t'as pas eu de rôle modèle. Il y avait Valentina Terechkova.
[00:03:11] Speaker B: Non, tu es trop petite pour qu'elle.
[00:03:13] Speaker A: Marche, elle n'était pas dans ton radar.
[00:03:15] Speaker B: Non, pas du tout.
[00:03:15] Speaker A: Donc pour toi, tu avais un doctorat.
[00:03:17] Speaker B: En neurosciences, c'est ça ? Alors j'avais un doctorat en médecine. En médecine, doctorat de base. Je suis médecin au départ et j'ai ensuite. Alors c'est peut être une caractéristique féminine que tu auras rencontrée avec d'autres intervenantes, pour m'assurer que j'avais tous les atouts pour mener à bien la mission qu'on allait me confier. J'ai effectivement fait un 2ᵈ doctorat et j'ai un doctorat de sciences en neurosciences.
[00:03:39] Speaker A: Mais c'était après une fois avoir été.
[00:03:40] Speaker B: Sélectionné en tant qu'astronaute, mais c'était encore.
[00:03:42] Speaker A: Pour renforcer ma légitimité, d'accord ?
[00:03:45] Speaker B: Ah oui, ça on voit le sujet.
[00:03:46] Speaker A: Féminin, on voit les caractéristiques. Effectivement. Et donc tu étais médecin, t'avais un doctorat en médecine, tu t'es dit c'est bon, ils cherchent des médecins.
[00:03:54] Speaker B: C'était rare, peut être à l'époque. C'était l'ouverture d'un nouveau champ de travail en orbite, puisque les laboratoires commençaient à être des véritables laboratoires où on pouvait expérimenter. Ce n'était plus seulement des besoins de pilotes ou d'ingénieurs d'essais, on avait besoin de scientifiques et de médecins pour vivre et travailler dans des stations. Ça s'ouvrait juste à ce moment là. C'était quatre, 20, cinq. J'en ai profité, la porte s'était entrouverte, je l'ai poussée.
[00:04:18] Speaker A: Et donc ça, c'est un sujet intéressant sur l'inclusivité du secteur spatial.
On voit bien que, à mesure que les missions évoluent, on ouvre justement. Au départ, on ne savait même pas si on pouvait survivre dans l'espace. Donc on a pris ces pilotes d'essai qui n'avaient peur de rien, qui étaient des machines. Et quand on a commencé à vouloir faire de la science, on a ouvert à des scientifiques, et d'autres qualités deviennent plus importantes. On n'était pas en quatre, 20, cinq encore à l'époque, de recruter un astronaute avec un handicap physique. Peut être que tu as rencontré John.
[00:04:55] Speaker B: MacFall, qu'on a recruté. Je ne l'ai pas rencontré personnellement, mais j'ai été très émue de le voir porter le drapeau des jeux paralympiques. Et j'en ai beaucoup entendu parler. Et je crois que c'est vraiment quelqu'un d'absolument extraordinaire. Des atouts, une capacité d'enthousiasme, de mobilisation, et puis bien sûr, une résilience extraordinaire dans son parcours. C'est effectivement une ouverture importante, parce que malgré tout, l'astronaute professionnel, ça reste quelqu'un de sélectionné, de suivi. On est presque quand même encore au zéro défaut sur le plan médical et sur la spécificité dans le comportement psychologique. Et donc, voilà, se dire qu'on peut peut être composer avec des profils très différents, non seulement sur le plan opérationnel, ou sur le plan de la compétence, mais aussi sur le plan physique, c'est une avancée dans ce xxiᵉ siècle.
[00:05:52] Speaker A: Oui. Je trouve que c'est vraiment intéressant pour ceux qui ne savent pas. John Macfall, c'est un astronaute de réserve, un membre de la réserve des astronautes de l'Esa, qui a été recruté l'année dernière, ou en tout cas en 2020 deux, et qui a cette caractéristique d'avoir un handicap physique. Il est amputé d'un membre inférieur, au dessus du genou. Au dessus du genou. Et il est aussi. Il a participé aux Jeux paralympiques avec une médaille de bronze. Avec une médaille de bronze, exactement. Et il a eu cet accident quand il avait 10, neuf ans. Et maintenant, il est non seulement chirurgien, mais il est membre de la réserve des astronautes. Et j'espère un jour pouvoir le voir voler dans l'espace dans une mission normale, pas dans une mission touristique. Ça, on sait qu'on peut le faire, mais vraiment contribuer à une expédition comme.
[00:06:41] Speaker B: N'Importe quel autre astronaute de carrière. Oui, mais je crois que ça nous amène à prendre en compte le fait que la diversité, ça nous enrichit tous, ça ouvre notre esprit. Et puis ça donne aussi bien sûr aux ingénieurs qui sont là pour assurer la sécurité d'un vol, sa réussite, des nécessités de surmonter encore des limites et d'aller plus loin. Et c'est comme ça qu'on progresse. Et moi, je vois la diversité comme un enrichissement personnel et puis un progrès.
[00:07:10] Speaker A: Aussi qu'on apporte dans la sécurité et l'accès absolument, absolument. Et donc tu parlais de cette sélection en quatre, 20, cinq. C'est là que tu as donc candidaté pour la 1ʳᵉ fois. Tu en as des souvenirs, de cette sélection. Qu'est ce qui te revient comme image quand.
[00:07:33] Speaker B: Tu évoques ce passage ? Alors j'ai tendance, je le dis dès maintenant parce que ça va se reproduire, à ne garder que les bons souvenirs. C'est très bien ça. Je suis quelqu'un qui a oublié tous les mauvais souvenirs. Donc il n'y a pas eu de mauvais souvenirs, il n'y a que des bons souvenirs. Alors c'était le souvenir de passer d'un hôpital militaire à un autre, parce que c'était quand même une sélection bien manager par les militaires, et où on passait des épreuves de toutes sortes. Alors des épreuves, effectivement. Un screening médical complet. Alors bon, je vais quand même pas vous dire que la coléoscopie, c'est la meilleure partie de plaisir que j'ai jamais vécu. Mais bon, ça fait partie de ce qu'on examine ensuite. Vous avez des tests physique pour voir votre condition physique. Et moi, au delà d'être médecin rhumatologue, je suis aussi traumato sportive, enfin tout ce qui. Et je suis une sportive de compétition au départ. Donc voir comment fonctionne le corps et jusqu'où il peut aller, quelles sont ses limites, c'est quelque chose qui m'intéressait. Donc ça m'intéressait de voir comment j'allais réagir à un test en centrifugeuse, à une chambre des compressions ou au tabouret tournant. J'avais envie de me tester et de voir comment je pouvais performer, si on peut utiliser ce mot là, pendant la sélection.
[00:08:45] Speaker A: Donc ça me plaisait. Et le tabouret tournant. Il y a un astronaute de ta génération, dont je tairai le nom, avec qui je parlais un jour, et je lui disais Michel. Michel Tonini m'a dit Claudie, elle est incroyablement forte au tabouret tournant, et lui pas du tout.
[00:08:59] Speaker B: C'est vrai ou pas ? Je suis plutôt résistante, effectivement. Et je les agaçais, mes collègues masculins, parce que j'étais effectivement complètement résistante à tout mal des transports qu'on peut ressentir sur le tabouret du tournant. Et pour moi, c'était un plaisir d'y.
[00:09:15] Speaker A: Aller, alors que pour eux, c'était un cauchemar. Mais ça, c'est pas dangereux de ne pas réagir au mal de transport ?
[00:09:22] Speaker B: Le mal de transport, c'est un réflexe normal du corps. Non, c'est un réflexe, mais un réflexe justement, pour lequel une sélection ou un entraînement va vous permettre de trouver les mécanismes de compensation et d'arriver à ne pas le ressentir.
Ok. Et donc voilà, moi c'était inné cette façon de ne pas être incommodée par les perturbations sensorielles, effectivement, des différents organes qui vous permettent de vous repérer dans l'espace. Et sur un tabouret tournant, quand on vous fait bouger la tête, bien évidemment, ça met un peu un branle bas.
[00:09:57] Speaker A: Parfois difficile à contrôler. Donc ce tabouret tournant, juste pour expliquer, pour ceux qui ne connaissent pas, on.
[00:10:02] Speaker B: Est installé sur une chaise qui tourne, une chaise qui tourne. Et pendant la rotation, on vous demande de faire des inclinaisons de la tête. Et donc vous stimulez à la fois dans l'appareil vestibulaire ce qu'on appelle les canaux semi circulaires, qui vous permettent d'avoir la perception des accélérations. Et comme vous inclinez la tête, vous faites travailler aussi votre système otolithique. Les otolithes, c'est le petit capteur qui permet de déterminer la verticalité et non pas la rotation. Et donc voilà, vous entrez dans un système complètement conflictuel. Avec les yeux fermés ou les yeux ouverts ? Les yeux fermés. Ça vous enlève encore un.
[00:10:45] Speaker A: Un élément de repère.
[00:10:47] Speaker B: Et qu'est ce qui se passe ? Normalement ça déclenche ce que vous pouvez appeler le mal des transports, le mal de mer, le mal de l'espace. Et en le travaillant, on peut réussir à atténuer les symptômes. Contrôlant sa respiration, relaxant, ça se contrôle. Mais ce n'est pas le meilleur moment.
[00:11:09] Speaker A: Pour la plupart des candidats ou des astronautes en vol. Ça veut dire que toi tu n'es.
[00:11:13] Speaker B: Pas non plus sensible au mal des transports ? En voiture ou en bateau ? Non, je suis la bonne personne à emmener en bateau, c'est moi qui peux.
[00:11:21] Speaker A: Écoper et faire la soupe alors qu'il y a la tempête. Le jour où j'ai un bateau, je sais qui a plu, je suis là. Et donc du coup, dans l'espace, t'as.
[00:11:28] Speaker B: Pas non plus souffert de ce mal ? Non, pas du tout. Alors je ne vais pas dire qu'on est complètement opérationnel en arrivant en microgravité, parce que vous partez, vous êtes terrien, avec des repères de terriens, et vous arrivez dans un environnement en trois dimensions, donc sur le plan cognitif et sur le plan de l'organisation, de sa façon de marcher, de ressentir, de se positionner, c'est un petit peu perturbant. Et puis il n'y a plus de gradient de pression hydrostatique puisqu'on est en absence de gravité, donc le sang ne pèse plus rien, donc il y a une redistribution des fluides. V. La partie supérieure du corps. En général sur terre, c'est plutôt v. Le bas du corps. Heureusement, on a une pompe cardiaque qui nous permet de faire recirculer ça dans toutes les directions. Mais là, il y a un afflux sanguin v. Le haut de la tête. Donc les 1ʳᵉˢ 20 4 h, vous êtes à la fois un peu désorienté et puis un peu la tête cochon pondu. Mais ça, j'ai trouvé qu'on avait une capacité d'adaptation de notre corps tout à fait impressionnante. Et en 20 4 h, je me sentais tout à fait bien opérationnelle. Opérationnelle, adaptée à ce nouvel environnement de trois dimensions. Peut être encore quelques petits dérapages quand on ne contrôle pas tout à fait le mouvement pour aller d'un point à l'autre de la station, mais c'est venu très vite. Et ma 2ᵈᵉ mission, puisque j'ai eu la chance de voler deux fois dès l'arrivée en microgravité, je me suis retrouvée.
[00:12:57] Speaker A: Complètement dans mon élément, sans passer par la phase d'adaptation. Ça, c'était assez plaisant. Ça, c'est incroyable.
[00:13:03] Speaker B: Et donc pour revenir à la sélection, ok, donc le tabouret tournant, ses exercices physiques, la centrifugeuse, les caissons, et puis des tests psychologiques, à la fois psychotechniques, pour voir votre agilité intellectuelle et opérationnelle pour manipuler des chiffres ou des sollicitations, et puis de la psychologie de groupe, parce que bien évidemment, vous allez d'une part être amené à vous expatrier et à découvrir des cultures différentes dans votre entraînement. Et puis vous allez travailler en équipage, surtout. Et donc il faut se sentir à l'aise de s'intégrer dans un équipage où il y a de la diversité de genre, bien évidemment, pas toujours, le pourcentage de femmes est encore un peu insuffisant, bien évidemment, mais de la diversité de culture. Il y a des militaires, il y a des civils, il y a des ingénieurs, il y a des pilotes, il y a des chercheurs de toutes capacités, et puis culturelles, parce que c'est une station internationale et qu'on travaille en coopération internationale. Donc cette importance de la capacité à s'intégrer avec sa différence, en apportant quelque chose à un collectif qui doit réussir.
[00:14:16] Speaker A: Une mission, et c'était intéressant pendant les phases de sélection. Et réussir une mission, ça veut dire aussi résoudre des problèmes, comment on résout.
[00:14:22] Speaker B: Les problèmes à deux, à trois, à quatre, à cinq. Absolument. C'est pour ça que j'ai employé le mot d'intelligence collective, c'est arriver à trouver ensemble des solutions qu'on aurait peut être abordées que partiellement si on avait été seul. Et donc on s'enrichit là aussi de la diversité Zweitausendein, des compétences, de la façon de penser. Et je pense que la diversité de genre est un élément tout aussi important que la diversité des compétences, de culture, de génération aussi. Il y a des astronautes 1ʳᵉ mission, les rookies de l'espace, et puis des astronautes qui sont des vétérans, qui ont déjà quatre vols, cinq vols, six vols. Donc ils arrivent avec une expérience qui n'est pas la même. Mais pour moi, chaque fois, cette diversité a été quelque chose de formidable, que j'essaie un peu, dans la vie de tous les jours, dans toutes les autres.
[00:15:09] Speaker A: Carrières que j'ai pu avoir, en dehors de celle d'astronaute, de maintenir. C'est important. Et tu parles de tes deux missions, donc de quatre 20 cinq, de la sélection. Ta 1ʳᵉ mission, c'est en quatre 20 16 ? Oui. À bord de Mire. À bord de mire. Et donc sur un vol Soyouz, Soyouz Mir, quand on vole sur Soyouz pour.
[00:15:31] Speaker B: Aller sur Mir, ça veut dire entraînement à la cité des étoiles. J'ai passé 10 ans de ma vie en Russie. Cité des étoiles, à 40 km de Moscou, c'est effectivement le lieu d'entraînement, la cité des entraînements, et puis ensuite, le pas de tir. Il y a au Kazakhstan, à Baïkonour, mais ça, on y va quelques fois pendant l'entraînement, et puis 15 jours avant.
[00:15:53] Speaker A: La mission, pour tout mettre au point avant le décollage. C'est deux lieux absolument mythiques, à l'ambiance unique. J'ai envie de dire, que ce soit la cité des étoiles, Ÿousand ou Baïkonour, moi, personnellement, à chaque fois que j'y suis allé. Malheureusement, aujourd'hui, accès est plus compliqué, mais ce sont des endroits vraiment chargés à la fois d'histoire et d'une culture. Je sais pas, tu vas me dire ce que tu en penses, mais j'ai même pas l'impression que c'est une culture.
[00:16:24] Speaker B: Fondamentalement russe, mais une culture complètement étrangère, unique, peut être. Qu'est ce que tu dirais ? E f. Alors, cet endroit est effectivement très marqué par toutes les phases de la conquête spatiale, du vol habité russe. Vous arrivez des statues de Gagarine partout. Gagarine, voilà l'idole de ce lieu, et c'est important, on le retrouve partout. Mais il y avait encore, quand j'y suis arrivée. Moi, je suis arrivée à l'entraînement en quatre 20 12, et on habitait au même endroit que les cosmonautes russes. Il n'y avait pas beaucoup d'autres nationalités que des russes et des français, dans le cadre de la coopération franco russe à cette époque là. Mais j'avais la chance de vivre dans le même immeuble que Valentina Terechkova ou que Alexis leonov. Donc non seulement c'était un lieu où ils étaient passés, mais je vivais avec eux. C'était la porte d'à côté, elle était ouverte pour aller prendre un thé ou demander un conseil ou demander une aide à un moment donné. Donc c'est mythique aussi pour ça. C'est des endroits où on a l'impression d'entrer dans quelque chose qui est au delà du réel. Moi j'ai vraiment eu ce sentiment au départ, après on s'habitue, on pensait repère, on est complètement engagé dans l'entraînement. Donc là c'est des successions de cours, d'examens, de simulateurs, bien évidemment. Mais il y a eu aussi toute cette période absolument formidable à vivre entre quatre 20 12, où je suis arrivée, et 2001, qui était ma dernière mission. J'ai passé près de 10 ans en Russie. C'était aussi cette Ÿousand, ouverture à la coopération internationale en quatre 20 12, juste après l'Union soviétique. On peut imaginer que c'est propus que pour entrer. Volga noir commissaire politique tout était là et les micros partout. C'était l'atmosphère de quatre 20 12. Et puis l'arrivée des européens, tu le sais bien, les 1ᵉʳˢ vols Euromir et qui se sont passés, l'arrivée des américains avec le shuttle qui venait s'amarrer à la station Mir, quand même des objets à 20 8000 km h en orbite qui ont fait un amarrage réussi. C'était quelque chose d'assez extraordinaire. Et puis la décision de faire ensemble la station spatiale internationale. Donc petit à petit l'ouverture à d'autres nationalités, japonais, les Canadiens et bien sûr les Américains. Donc c'était aussi une aventure humaine et.
[00:19:00] Speaker A: Alors toujours avec très peu de femmes. Pour revenir au sujet du podcast, oui, parce qu'on a cette image ÿ de la rue, enfin cette image qui est, tu vas me le dire peut être, peut être juste de la culture soviétique ou la culture russe, comme une culture quand même assez macho, ou en tout.
[00:19:16] Speaker B: Cas dominée encore plus par les hommes. Mais je sais pas si c'est ton impression, tout à fait, parce que il y avait quand même, en particulier sur les sujets scientifiques et sujets médicaux, beaucoup, beaucoup de femmes à des postes de grande responsabilité, et puis des femmes ingénieures dans les équipes opérationnelles à Kaliningrad, qui est le centre de contrôle des missions spatiales, qui avaient des postes tout à fait importants.
[00:19:43] Speaker A: Donc il y avait des femmes en Russie.
[00:19:46] Speaker B: Pas parmi les astronautes, ça, par contre, pas parmi les astronautes par choix.
Ou c'était peut être quand même un petit peu macho, je pense, sur l'image de l'astronaute qui était encore imprégné de cette culture de Gagarine, des pionniers.
[00:20:07] Speaker A: C'était quand même les pionniers de la conquête spatiale, complètement pas les pionnières, les pionniers, les pionniers.
[00:20:15] Speaker B: Et même si Valentina Terechkova faisait partie de ce 1ᵉʳ groupe sélectionné, finalement, probablement.
[00:20:21] Speaker A: Un petit peu de la philosophie soviétique à l'époque, de montrer son avancée. Et c'est vrai, quand tu évoques Gagarine, ça, c'est vraiment frappant à la cité des étoiles, Gagarine est partout, dans tous les bâtiments orange, la 1ʳᵉ chose qu'on.
[00:20:34] Speaker B: Voit, c'est un portrait très idéalisé de Gagarine, avec le.
Le sourire, avec le sourire, cette.
[00:20:48] Speaker A: Image de l'homme simple et qui a accompli quelque chose qu'on pensait impensable, inatteignable. C'est une époque à laquelle tu repenses souvent avec joie, avec nostalgie, avec ces.
[00:21:00] Speaker B: 10 ans un petit peu hors du temps, comme ça. Star City, alors j'y repense avec nostalgie à cause de la période actuelle, parce que moi, j'y ai vécu vraiment une famille et une fraternité. Et donc ça, c'est compliqué à vivre aujourd'hui, parce que les communications ne sont pas faciles, on ne peut pas y aller, c'est difficile de parler, parce qu'il n'y a pas tout à fait cette liberté d'exprimer les choses. Mais pour moi, c'est une famille.
Oui. J'ai vécu 10 ans dans la grande famille des cosmonautes, comme on dit en Russie, et c'était de très belles périodes d'amitié, de solidarité, coopération et d'entente, même dans des situations complexes, parce qu'il faut imaginer quand même vous avez des équipes d'ingénieurs, des équipes opérationnelles qui ont une culture française ou une culture soviétique, pour arriver à écrire ensemble des procédures, signer des protocoles. C'est quand même un apprentissage qui prend du temps et où la confiance se constitue. Ÿ avec le temps, ce qu'on a eu la chance de vivre longtemps là.
[00:22:07] Speaker A: Bas, cette confiance, elle était là, et c'est quelque chose qui s'efface pas, en tout cas. Et cette collaboration, moi, je l'ai vécue à Baïkonour, vraiment très intensément aussi dans cet endroit qui est au milieu du désert des steppes, où à l'occasion d'un décollage, on se retrouve avec une centaine de personnes, des américains, des européens, des russes, comme une famille, enfin, comme un village peut être, on pourrait dire, si.
[00:22:38] Speaker B: C'Était une centaine de personnes complètement isolées.
[00:22:40] Speaker A: Complètement dépendants les uns des autres aussi. Et tous réunis pour réussir la mission. Oui. Et souvent réunis parce qu'on a soit un collègue ou une collègue qui va partir, soit pour certains, c'est un ami, une amie, une mère, un père. Donc il y a vraiment cet aspect très, très fort de la collaboration internationale. La coopération dans ces moments là, là, et le fait qu'on soit isolé, en plus dans le désert. Je trouve que ça renforce.
[00:23:12] Speaker B: Encore cet aspect là de ne plus vivre ça aujourd'hui. Je trouve ça dur. Et puis je ne connais pas très bien Houston et la façon dont sont préparés les astronautes côté américain. Mais il y a beaucoup de rituels côté russes qui sont dérivés de l'époque soviétique et qui sont des rituels qui placent l'humain au cœur de l'aventure. Alors je vais. On l'a déjà dit souvent, il y a un film que tous les cosmonautes regardent la veille au soir du départ. Le soleil blanc dans le désert. Bieleason Cfpoustier. Et il faut surtout pas partir avant la fin parce que c'est le film à voir. Ça porterait malheur de ne pas voir la fin du film. J'ai quand même vu plusieurs fois, peut être me suis je endormi. Certaines femmes. Je ne suis jamais sorti avant la fin. Après, on plante un arbre dans l'allée des cosmonautes pour que l'homme laisse quelque chose de son union avec la nature qui marque son passage. Bien évidemment, l'autobus, c'est presque celui de Gagarine. Pas tout à fait, Dieu merci. C'est un autobus un petit peu rénové aujourd'hui, mais avec des arrêts spécifiques avant d'arriver au pas de tir. Le salut de la préparation à l'équipe des militaires des forces armées qui vous donne le go pour le départ. Bon, tout ça, ce sont quand même des éléments qui sont des rites de passage. Du statut candidat astronaute. Tout peut arriver jusqu'au dernier moment. On prépare toujours deux équipages pour partir. L'équipage numéro un, un équipage doublure, au cas où.
[00:24:57] Speaker A: Donc c'est le rite de passage au statut d'astronaute. C'est important, ces rites. De l'extérieur, ils ont l'apparence d'une superstition. Quand je les regarde, je me dis oui, ok. On a dit. On a fait ça une fois, ça, ça a bien marché.
Surtout, il faut rien toucher.
[00:25:15] Speaker B: On continue. Mais c'est intéressant ce que tu évoques dans leur rôle de passage. Finalement, ah oui. Moi, je le ressens comme ça. C'est quelque chose qui nous fait passer. Déjà. Tu l'as évoqué toi même en disant l'isolement à Baïkonour. L'isolement. On part avec les deux équipages et le dernier jour, il n'y a plus que l'équipage numéro un, le 2ᵉ étant plutôt en retrait. Donc petit à petit, on se sépare de ce qui vous a accompagné tout au long de la préparation pour vous amener Zweitausendein à devenir le cosmonaute. Et l'isolement en fait partie. Ce petit groupe qui se rétrécit pour à un moment donné, hop. Lâcher prise, si je dirais, et monter.
[00:25:59] Speaker A: Dans l'autobus qui va vous conduire sur.
[00:26:01] Speaker B: Le pas de tir. Oui. Parce que quand on est dans l'autobus, on sait qu'on part.
Oui, oui.
[00:26:10] Speaker A: Même quand on a déjà testé complètement le scaphandre dans la salle de préparation. Après ta 2ᵈᵉ mission spatiale en 2001, à bord de l'Iss, tu reviens et.
[00:26:22] Speaker B: Tu es appelé dans l'équipe ministérielle pour.
[00:26:24] Speaker A: Devenir ministre délégué à la recherche.
[00:26:25] Speaker B: C'est ça, recherche. Et aux nouvelles technologies. Et aux nouvelles technologies. On a appelé ça nouvelle technologie en 2001. Ça n'a pas duré longtemps.
[00:26:34] Speaker A: Il y en a trop de nouvelles tous les jours, en fait aujourd'hui. Et comment ça se passe déjà, quand.
[00:26:40] Speaker B: On est appelé à rejoindre une équipe ÿ gouvernementale, on t'envoie un fax, on t'appelle. Alors c'était un coup de fil. Ce n'est pas tout à fait un hasard et c'est pas complètement tombé du ciel dans la ligne de téléphone. Quand on a la chance de s'entraîner pour une mission spatiale, quand en plus, effectivement, j'étais la 1ʳᵉ femme en France ayant déjà réussi une 1ʳᵉ mission, 1/2 mission réussie, il y avait une atmosphère de coopération entre la France et la Russie, au niveau spatial, bien évidemment, mais au niveau politique aussi à cette époque. Et donc il y avait des visites, des échanges, et j'étais un peu une icône de la coopération franco russe en étant présente sur place. Donc j'étais amenée à faire partie de ce groupe de responsables politiques ou de responsables de compagnies qui pouvaient passer en Russie. Il y a une connaissance mutuelle et une confiance qui a commencé à s'installer pendant les quelques années où ça s'est passé. Et puis ensuite, réussir de mission spatiale, ça change le regard des autres sur vous. Ils ne vous considèrent plus tout à fait comme une personne ordinaire qu'on ne connaît pas. On vous accorde la confiance dans votre capacité être un trouveur de solutions. Parce qu'un astronaute, c'est avant tout un trouveur de solutions. Et donc la confiance, plus la reconnaissance des compétences font que j'ai été contactée, sollicitée pour rejoindre cette équipe. Et mon engagement à l'époque a été un engagement de conviction sur un sujet qui était mon sujet personnel, celui de la recherche, puisque j'étais médecin et chercheur et que c'était ma communauté. J'ai été intégrée dans la communauté académique. Bien évidemment, avec cet engagement, en se disant je peux peut être apporter une impulsion, aider à fabriquer des solutions pour.
[00:28:52] Speaker A: Faire évoluer la communauté de la recherche et des technologies. C'est pour ça que j'ai accepté. Et tu as même ajouté 1/2 engagement.
[00:29:00] Speaker B: Quelques années plus tard, en devenant ministre délégué aux affaires européennes. C'est ça. Ça, c'est un peu mes deux étoiles. Ÿousand, de la recherche et de la technologie, bien évidemment, c'est toute ma vie, toute ma carrière, ça l'a été encore après la carrière d'astronaute, et puis l'Europe. Oui, parce qu'on ne l'a pas dit encore, mais j'ai été sélectionnée par la France en quatre 20 cinq et en quatre 20 10 neuf, l'ensemble des astronautes de toutes les nationalités européennes ont été regroupés au European Astronaut Center dans le corps des astronautes européens. Donc j'ai rejoint l'agence spatiale européenne Ÿousand, en quatre 20 10 neuf. Donc ma 2ᵈᵉ mission à bord d'Iss était une mission organisée à la fois par l'Esa et le Cnes sur la fusée Soyouz, là encore. Donc l'Europe, je l'ai vécu, je dirais dans le concret, dans l'opérationnel Euromir. Ensuite, les expériences que j'ai menées, c'était des expériences de la Communauté scientifique européenne. Il y en avait qui arrivaient des Pays Bas, d'Allemagne, d'Italie, Ÿousand. On travaillait pour une communauté complètement européenne, donc je pratiquais l'Europe. Donc pour moi, apporter cette conviction, et là encore, cet engagement sur le sujet européen pour qu'il soit ambitieux, bien conçu, et qu'il soit facteur de faire avancer, et la diversité, j'y reviens encore, parce que la diversité a été importante pour moi sur ces sujets là. Donc effectivement, j'ai accepté la responsabilité de.
[00:30:31] Speaker A: Prendre en charge les affaires européennes entre 2004 et 2005. Ÿ et tu parlais de ta notoriété, justement après ta 2ᵉ mission spatiale, et certainement après ta 1ʳᵉ mission spatiale aussi. Tu es en France, finalement, une des rares personnalités du spatial qui a vécu tous ces différents types de notoriété, de la notoriété dans ton domaine, à la.
[00:30:58] Speaker B: Notoriété dans le spatial, à une certaine.
[00:31:00] Speaker A: Forme de célébrité même, ensuite suite, mais Dieu merci.
[00:31:02] Speaker B: Et pas les réseaux sociaux, ça t'aurait pas plu ? Je crois pas. Je suis d'ailleurs pas sur aucun réseau social aujourd'hui. Je trouve que c'est compliqué à vivre aujourd'hui, la notoriété à l'époque, pas moi, j'ai vécu que des aspects positifs, alors parfois une charge sur les épaules et une responsabilité. Parce que quand vous devenez un peu quelque part, non pas un modèle, mais en tout cas un exemple qui puisse inspirer, motiver, il y a quand même beaucoup de sollicitations qui vous arrivent. Et donc parfois c'est des choix à faire, des responsabilités, des charges à accepter aussi pour répondre à ces sollicitations. C'est pas toujours facile, c'est parfois lourd. Mais je pense que la densité des choses, l'instantanéité aujourd'hui des réseaux sociaux rendent sûrement encore plus complexe la façon de le vivre en sérénité. Moi je l'ai vécu assez sereinement.
[00:32:04] Speaker A: Je pense que c'est beaucoup plus difficile aujourd'hui.
[00:32:08] Speaker B: Il faut avoir des protections autour du style, la famille, les amis, la famille.
[00:32:13] Speaker A: Les amis, les structures, enfin l'agence spatiale européenne fait ça pas mal quand même, parce qu'on peut. La notoriété, la célébrité, c'est quand même en général quelque chose qui isole.
[00:32:29] Speaker B: Un peu, qui change la personne. Tu ne l'as pas vécu comme ça du tout, alors ça l'isole peut être pas, parce que par ailleurs ça vous fait rentrer dans des tas de cercles. Oui. Et moi j'ai ce plaisir aujourd'hui, je suis en retraite de mes activités, mais d'être toujours connecté avec des écosystèmes très différents, que justement cette notoriété, cette reconnaissance m'a permis de m'y introduire. Celui de la communauté académique, c'était depuis longtemps celui de la techno, des ingénieurs, des grandes entreprises, celle de l'innovation, celle de la politique, celle de l'éducation aussi, puisque c'est quand même beaucoup œuvré à partir de l'inspiration que peut être le spatial apporte, pas peut être, quelle façon évidente le spatial apporte. Donc c'est aussi une des missions et un des engagements et une des convictions qu'on a tous astronautes, de partager, de transmettre et de donner envie et de titiller la curiosité. Donc tous ces écosystèmes, je n'aurais pas pu tous les avoir dans les bras et j'essaie de les garder ouverts, justement parce que ça me permet souvent de mettre en relation des gens d'un écosystème à l'autre, alors qu'ils avaient quand même peu de chance de se rencontrer. Moi j'ai la chance d'avoir gardé ces portes ouvertes. Donc, c'est pas quelque chose qui isole.
[00:33:59] Speaker A: Pour moi, c'est plutôt quelque chose qui.
[00:34:04] Speaker B: M'A donné de l'ouverture. Après, ça vous donne des devoirs. Oui. Tu parlais de responsabilité ? Il y a responsabilité, oui. Responsabilité d'être un peu comme le personnage.
[00:34:16] Speaker A: Que les gens pensent que vous êtes. Donc parfois un petit décalage.
[00:34:21] Speaker B: Il y a quand même une duplicité, tu dirais, entre le personnage et toi.
[00:34:26] Speaker A: Alors il faut essayer de la réduire au minimum, parce que sinon, c'est très inconfortable.
[00:34:31] Speaker B: En ramenant le personnage v. Soi, ou en tirant soi même v. Le personnage, en faisant comprendre aussi à ceux qui vous voient différemment comment vous êtes réellement. Je veux dire, l'authenticité, c'est quand même quelque chose d'important.
[00:34:45] Speaker A: Sinon, si, au moment où ça devient compliqué, je préfère me faire tomber dans ces situations là. Parfois, les gens vous voient comme. Voient une version idéalisée de soi même. C'est aussi une muse intéressante, ce personnage.
[00:34:59] Speaker B: D'Essayer de se tirer soi même v. Une version plus. Allez, plus valeureuse de soi même. Ça peut être aussi une motivation. Oui. Alors ça, ça donne de l'exigence, ça. C'est vrai que je suis souvent amenée à intervenir ou à faire des papiers, ou à prendre la parole. J'essaie de le préparer pour porter au niveau, non pas d'excellence, mais au meilleur niveau possible, ce que je peux apporter. Et ça, c'est effectivement. Mais tant mieux. Je veux dire, on grandit tous les jours de sa vie. Et si c'est l'extérieur, il vous pousse à grandir, c'est très bien, parfois grandit.
[00:35:45] Speaker A: De l'intérieur, mais parfois, c'est des sources qui vous amènent à grandir. J'accepte.
Et cette notoriété, elle ne fait pas partie du contrat ? Quand t'as signé pour être astronaute, c'était pas tout à fait ça.
[00:35:56] Speaker B: Ça faisait pas partie du job, en fait, au départ. Ou alors c'est quelque chose à laquelle tu t'attendais ? Non, ça fait pas partie d'une chose, même. Une petite anecdote. Après le long processus de sélection en quatre 20 cinq, arrive ce jour de septembre, quatre 20 cinq, où il y a l'annonce officielle des sept astronautes retenus dans la sélection. Et donc, on est tous dans une salle au CNES, derrière un pupitre, avec des journalistes en face. Et voilà, on présente chacun des individus et la question au journaliste. Et là, tous les micros se tournent v. Moi. Et c'est là où j'ai découvert que j'étais la seule femme. Femme.
[00:36:38] Speaker A: Je n'étais pas du tout préparée à.
[00:36:41] Speaker B: Devenir un objet exotique. C'était déjà un peu exotique d'être astronaute. Comme si c'était pas assez exotique, il y avait une dimension que j'avais pas du tout perçue. Et après, quand je parlais de responsabilité, ça veut dire qu'on l'accepte. Certains peut être ne l'acceptent pas. D'ailleurs, il y a parfois des astronautes qui se mettent en retrait d'une vie plus ça existe. C'est un choix exigeant. Comme je le disais tout à l'heure, moi, je l'ai accepté pour les femmes, je l'ai accepté pour les enfants, inspiré.
[00:37:19] Speaker A: La jeune génération, je l'ai accepté pour la science, et je l'ai accepté pour.
[00:37:26] Speaker B: L'Europe. Parce que tu t'es dit que c'était justement, comme tu l'as expliqué, un des meilleurs moyens de apporter une contribution, de faire comprendre que la diversité, la présence des femmes, c'était quelque chose d'important. Qu'en débloquant parfois certains des barrières inconscientes ou que d'autres vous mettent, on peut avancer et on peut aller sur un chemin qui est un rêve, quelle que soit la nature du rêve, enfin, en tout cas le désir de sa vie, et que voilà, on peut le faire pour la jeune génération. Et je pense que c'est de plus en plus important aujourd'hui, continuer à lui garder sa capacité de curiosité, d'émerveillement, qu'elle ne soit pas blasée, qu'elle soit pas uniquement virtuelle, mais qu'elle soit aussi dans la réalisation, dans le faire. Et donc ça, c'était quelque chose d'important pour moi. L'Europe, avec son ambition et la nécessité de coopérer, d'avoir des stratégies qui vous permettent d'avancer au bon niveau, l'ambition de tous les talents et les capacités européennes, donc, oui, oui, effectivement, je me suis engagée sur ces sujets en sachant que je pouvais contribuer, parce que les discours, c'est bien, mais la vraie personne qui vous parle de son expérience, de sa vie, c'est important, ça peut changer les choses. Quand je suis sur une estrade, à parler à des étudiants ou à des enfants, ou quand on me demande d'inaugurer un groupe scolaire à mon nom, et ça arrive très souvent, c'est bien. C'est parce qu'on veut voir des images de femmes scientifiques. Je l'accepte volontiers.
[00:39:13] Speaker A: Le fait que je parle et j'incarne cette aventure, cette volonté, cet enthousiasme, on m'en remercie beaucoup. Je voulais te demander, moi, pour avoir suivi beaucoup d'astronautes en entraînement, de la génération de 2009 notamment, c'est toujours un moment long et assez difficile pour les familles, pour les gens qui les entourent, pour leurs conjoints.
[00:39:34] Speaker B: Et toi, tu as une particularité, que ton mari est aussi astronaute. Oui. Ça facilite beaucoup, beaucoup les choses, c'est sûr. Alors, Jean Pierre Haigneret. Donc mon mari, qui a volé deux fois lui aussi, deux fois sur la station Mir, en quatre 20 13 et en quatre 20 10 neuf, on a été sélectionné en même temps avec des profils très différents, puisque lui, général de l'armée de l'air, pilote de chasse, pilote d'essai, et que moi j'étais catégorie chercheur, et travaillant donc dans des domaines différents sur des lieux différents. Donc on se connaissait pas avant. Mais il est parti à l'entraînement, lui, en quatre 20 11, et moi je.
[00:40:10] Speaker A: L'Ai rejoint en quatre 20 12. J'étais sa doublure pour son vol de quatre 20 13.
[00:40:17] Speaker B: Ça veut dire que, à Baïkonour, tu étais avec lui en tant qu'équipage. Doublure ? Oui. J'ai été deux fois sa doublure. J'ai été doublure de son vol de quatre 20 13. J'étais la doublure de son vol de quatre 20 10. Il a jamais été ma doublure. Mais pour lui. Et donc bien évidemment, voilà, notre histoire s'est vraiment concrétisée pendant ces années d'entraînement.
Et on partageait la même vie, les mêmes passions, les mêmes difficultés, on s'épaulait mutuellement. Parce que bien évidemment, apprendre, en ce qui me concerne, moi, médecin, les plateformes gyrostabilisées ou l'amarrage de deux objets à 20 8000 km h dont il faut annuler la vitesse relative, ça fait pas partie de mes cours de médecine. Lui, par contre, un pilote d'essai, il a pu m'éclairer parfois sur quelques obscurités des cours théoriques. Donc bien évidemment, ça rend les choses, ça donne de la proximité. Et puis moi, par ailleurs, je pouvais l'accompagner sur des relations avec les expérimentations scientifiques.
[00:41:30] Speaker A: Comment se faire une coupe quatre cavités avec un échographe, ça m'était plus évident que ça ne l'était pour lui, parce.
[00:41:34] Speaker B: Qu'Il en a fait, lui, pendant ces six mois à bord de la station, des expériences en physiologie humaine, voilà. On est multitâche quand on est à bord en fait. Donc cet entraînement, il est complexe, il est long, parce qu'il faut apprendre des tas de choses et monter en savoir, en connaissance, et monter en savoir faire et en capacité opérationnelle. Donc ça, c'est le but de l'entraînement. Et donc on s'épaulait mutuellement par nos différences et puis par l'excitation de l'aventure. C'est quand même quelque chose de tout à fait magique d'être à la cité des étoiles, parmi ces mythes, ces héros, de participer à une aventure tout à fait exceptionnelle on est, je pense, 604 20 dans le monde à avoir été.
[00:42:20] Speaker A: En orbite, ou un petit peu moins.
[00:42:25] Speaker B: J'ai mis ma petite orbite, d'ailleurs, sur ma veste. Ça c'est le pins de l'association des Space Explorers.
[00:42:33] Speaker A: Association of Space Explorer.
[00:42:34] Speaker B: Et quand on fait un vol orbital.
[00:42:37] Speaker A: Et bien, on a un pinz numéroté. Tu connais ton numéro par cœur ?
[00:42:39] Speaker B: Non, j'ai pas amené la boîte. Il est sur la boîte. Il est pas gravé derrière ? Non, il n'est pas gravé.
[00:42:50] Speaker A: D'accord.
[00:42:51] Speaker B: Il est sur la boîte du pin's. Donc voilà, c'était non seulement beaucoup plus facile, mais c'était extraordinaire de le vivre à deux.
Et je comprends la difficulté d'une expatriation, en particulier vis à vis de sa famille proche, si vous avez des enfants. On a même. Donc une fille qui est née en quatre 20 10 huit, entre mon 1ᵉʳ vol et mon 2ᵉ vol, et qui a passé trois ans, quatre ans de sa vie à la cité des étoiles, à aller Dietzuke sa de le jardin d'enfants des cosmonautes, et qui répondait aux journalistes qui lui demandaient, ça ne te fait pas tout drôle d'avoir un papa et une maman astronautes ? Et elle, du haut de ses trois ans, mais tous les papas et tous les mamans sont astronautes, puisqu'elle n'était qu'avec des enfants de cosmonautes pendant sa vie.
[00:43:49] Speaker A: À l'école, au jardin d'enfants. Donc tout ça était ça. Oui. Ça a densifié encore le caractère extraordinaire de cette aventure, de bonheur, j'imagine.
On parlait des exemples pour les jeunes générations. Et effectivement, pendant très longtemps, tu as été la seule femme astronaute en France. Ensuite, on a eu Samantha Cristoforetti, l'italienne.
[00:44:09] Speaker B: 2ᵉ femme européenne astronaute.
Et dans cette nouvelle sélection, nous avons Sophie Adenault, qui est française elle même. Tu l'as rencontrée, j'imagine ? Oui.
[00:44:22] Speaker A: Alors j'ai eu ce plaisir et privilège.
[00:44:24] Speaker B: Aussi d'être contactée par pas mal de jeunes femmes qui voulaient se lancer dans la candidature. Ah, donc tu l'as rencontré avant moi, donc je l'ai rencontré, oui. Pour toi, j'en ai rencontré d'autres aussi. Quand tu parlais d'inspiration, d'exemples, quand je parlais d'incarner vraiment, c'est à dire de raconter les plus et les moins, et d'expliquer ce que c'est, comment c'est, moi, j'ai eu plein de contacts avec des gens, ÿousand jeunes femmes qui se présentaient à la sélection. On a passé du temps. Des hommes aussi. Des jeunes gens passaient du temps à expliquer un petit peu ce que ça pouvait représenter. C'est quand même un engagement dans une carrière professionnelle qui va quand même transformer votre vie. Il faut être au courant. Et vous êtes parti pour 15 ans de carrière au minimum. Donc il y avait toutes ces interrogations. Et Sophie faisait partie des jeunes femmes qui m'ont contactée et beaucoup de jeunes femmes tout à fait formidables. C'est vrai que Sophie était particulièrement exceptionnelle et rayonnante et enthousiaste et motivée. Donc ça a été un vrai bonheur de la suivre un petit peu. C'est vrai que je suis très sensible au fait qu'elle dise que mon exemple a pu l'aider à se dire que dans son orientation de carrière. Mais elle est pilote d'essai, 1ʳᵉ femme française, enfin, 1ʳᵉ femme, peut être même européenne, pilote d'essai d'hélicoptère. Dire tester une machine infernale dans des domaines de vol qui n'ont pas encore été explorés, c'est quand même quelque chose de top niveau, avec plein d'autres compétences et puis des qualités humaines.
Des qualités humaines, des qualités dans des compétences qui sont pas simplement celles de l'ingénierie. Rappelle que la Master of Science du MIT en neurosciences. Donc c'est quand même quelqu'un de très, très haut niveau. Des qualités humaines. Ÿ des qualités de vie et d'organisation de vie, parce qu'elle a quand même ce recul, cette distance, cette façon de s'organiser, qui sont tout à fait formidables. Et je suis très, très heureuse que Sophie soit vraiment, vraiment sur le bon chemin de l'aventure, puisqu'il est prévu qu'elle vole en début 2020 six. Elle a des qualités humaines qui font qu'elle est fidèle aussi.
Et c'était pas simplement avant, c'est maintenant encore aujourd'hui, on a des liens, on communique, elle se souvient de choses. Et elle est à la fois dans cette certitude d'être la bonne personne, et il faut l'être, déterminé pour avancer, mais aussi dans la reconnaissance et dans l'humilité, à poser des questions. Une très, très belle personne avec beaucoup de compétences. Et on est très, très fiers. Je veux dire que c'est tout le monde, tous les européens.
[00:47:26] Speaker A: Je pense que tu es d'accord avec moi. Et puis la jeune génération, il le voit bien que c'est une étoile, elle brille, elle inspire. Pour te dire, moi, je faisais partie du jury de sélection de la dernière étape de la sélection, c'est à dire qu'on était cinq, et on a vu passer les 50 meilleurs candidats de 2020. Deux. Je vais pas dévoiler de secret, bien sûr, de cette étape de sélection. Mais je peux te dire, quand Sophie est entrée dans la salle, qu'elle s'est assise, on en avait déjà vu pas mal, et donc on avait une bonne idée du niveau global qui était déjà très haut. Sophie s'est assise, elle nous a regardé, elle a commencé à répondre aux 1ʳᵉˢ questions. Il y avait quelque chose d'autre. Tu parles.
[00:48:06] Speaker B: Moi, je parlais toujours de Ÿousand, la lampe torche allumée.
[00:48:08] Speaker A: Je disais toujours est ce que celui.
[00:48:11] Speaker B: Là ou celle là, elle a la.
[00:48:14] Speaker A: Lampe torche allumée ou pas ? La lumière sort par ses yeux. Alors là, c'était incroyable. Oui.
[00:48:20] Speaker B: Sophie est unique, vraiment. Non, mais c'est ce qu'on a vu tout de suite. Ça suffit pas pour être astronaute, mais c'était une qualité qui était essentielle. On la suit et on est heureux qu'elle puisse apporter sa contribution, parce que c'est important, et puis réaliser son rêve, parce que vraiment, c'est un rêve qui était un rêve d'enfant pour Sophie, pour moi. J'ai dit que j'avais un rêve, quelque.
[00:48:44] Speaker A: Part, mais que c'est surtout l'opportunité qui m'a fait devenir astronaute.
[00:48:48] Speaker B: C'était quoi, ton rêve, Sophie ? Elle est née astronaute. Toi, c'était quoi ton rêve, au départ de vie, quand tu étais petite ? Je sais pas. J'avais des facilités à l'école.
[00:48:57] Speaker A: Je ne vais pas écraser les petits enfants.
[00:49:03] Speaker B: Qui vont nous écouter. Mais bon. Tout le monde sait qu'on m'a surnommée bac 10 neuf, puisque j'ai lu ça il n'y a pas très longtemps. Voilà. J'étais 1ʳᵉ major, major majeure.
Donc le parcours de la bûcheuse, quoi. Donc, en fait, tout m'était ouvert. Parfois, on n'a pas cette chance, que tout puisse vous être ouvert. Donc voilà, j'avais pas vraiment de rêve. Le sport m'intéressait beaucoup. Ça, clairement. Mais d'ailleurs, la connaissance du corps et le plaisir du corps en microgravité, c'était quelque chose qui, dans mon cas, a été particulièrement jouissif. Thomas Pesquet dit. On a des super pouvoirs pendant qu'on est en vol.
[00:49:53] Speaker A: Ça, c'est vrai. C'est quand même des super pouvoirs hyper plaisants.
[00:49:57] Speaker B: Enfin, moi, je suis retombée en enfance quand j'étais.
C'est à dire que tu as commencé à jouer, à t'organiser des jeux de microgravité. Des jeux on. Oui. De révéler des capacités de son corps, de sa façon de se comporter avec les objets qu'on n'a pas au sol, au sol, on est coincé par le facteur de gravité dans le champ de.
[00:50:23] Speaker A: Gravité, tout tombe, chute, on se cogne, on est déséquilibré. On gagne des degrés de liberté absolument extraordinaires, et donc des super pouvoirs temporaires. C'est quelque chose dont tu te [sos/eos] te souviens ?
J'ai entendu un jour alexander Gerst, qui est un collègue de l'Agence spatiale européenne, un astronaute, à qui on posait la question qu'est ce que ça fait d'être en impesanteur dans la station ? Et il a répondu en disant c'est un peu comme si vous me demandiez, comme si je vous demandais qu'est ce que ça vous faisait il y a.
[00:50:59] Speaker B: Trois semaines, quand vous étiez debout dans votre salle de bain. Tellement normal que j'aurais du mal à vous expliquer ce que c'est le cas ou pas. Oui, ça revient à ce que c'est ces capacités d'adaptation qu'on peut avoir qui m'ont étonné. La rapidité, la complétude avec laquelle on devient adapté à cet environnement, qui n'est pas du tout un environnement habituel pour un Ÿousand.
La capacité à mon 2ᵈ vol d'être immédiatement adaptée, comme si quelque part il y avait des schémas que j'avais eu la possibilité de révéler et de réexploiter. Ça, c'est quelque chose, effectivement, qui m'a passionnée, intéressée. Intéressée aussi sur le plan médical, parce que se dire que peut être on peut trouver des mécanismes de débloquement ÿousand de certaines choses qui pourraient vous permettre.
[00:52:00] Speaker A: De mieux vous adapter, de réparer, de compenser, et donc ça donne aussi des ouvertures sur des innovations potentielles dans le monde du médical et de la santé. Et tu parlais de ton 2ᵉ vol. Évidemment, quand tu découvres ou que tu redécouvres l'absence de pesanteur dans ton 2ᵉ vol, tu es dans la capsule Soyouz encore. Mais après l'arrivée, tu ouvres la porte d'une station complètement différente. En quatre, 20, 16, tu voles à bord de Mir. Et en 2001, tu abordes la station spatiale internationale, qui n'est pas ce qu'elle est aujourd'hui.
[00:52:28] Speaker B: Elle est beaucoup plus embryonnaire à cette époque là, mais quand même. Le style est différent, la couleur, la lumière est différente. Est ce que tu as un souvenir de ça ? Alors ? J'ai le souvenir d'avoir vécu l'entrée dans la station Mir comme entrée dans un immense volume. Elle était énorme, la station mire à l'époque. Il y avait des modules dans tous les sens, à droite, à gauche, en haut, en bas, en arrière, en avant. Donc quand je parle de désorientation et de petites perturbations cognitives à l'arrivée, c'est lié à ça aussi. C'est lié à ça. Et puis c'est lié à 1ᵉʳ regard par le hublot de voir l'Afrique au dessus de l'Espagne. C'est pas naturel. On fait le tour du hublot pour remettre ça dans le sens de l'atlas, celle qu'on a appris dans sa géographie classique. Ça, ça va assez vite, ensuite. Après ça va mieux, mais. Donc c'était entré dans un énorme volume avec cette sensation que c'était une maison qui avait été habitée par des tas.
[00:53:31] Speaker A: De gens, des tas d'équipages. Il y avait des trucs partout, il.
[00:53:34] Speaker B: Y avait des photos, des cassettes vidéos. Bien sûr, à l'époque, c'était habité comme une maison de famille, parce que les équipages avaient laissé des choses avant de repartir. Oui. Et puis elle avait vécu longtemps cette station, déjà plus de 10 ans qu'elle était en orbite. Donc c'était une grande maison où les gens étaient passés, où ils avaient laissé des traces, où c'était le bazar aussi quand même. C'est comme une grande coloc un peu. Ouais, ouais, c'était une grande coloc pas toujours bien rangée. Je pense que heureusement, la station spatiale est mieux rangée aujourd'hui, où on a plus d'outils pour bien, bien rangé. Mais c'était ça. Et quand je suis rentrée dans la station spatiale internationale, deux modules seulement en 2001, c'était le tout début, c'était embryonnaire, nœud de jonction et puis un sas de décompression pour les sorties extravéhiculaires. Je suis rentrée dans un truc tout longitudinal et tout propre. Il n'y avait rien sur les murs, donc c'était aussi. C'était deux endroits tout à fait différents, et puis après on y vit.
[00:54:40] Speaker A: Donc ça devient. Bien sûr. Mais le module russe de la station spatiale internationale était très proche du module russe de vie de la station Mir. C'était quand même copie.
[00:54:53] Speaker B: C'Était une copie. Est ce que tu as un attachement différent à l'une ou l'autre des stations, personnellement ? Je veux dire, en gros, tu préfères Mir ou tu préfères l'iss ? Aujourd'hui je réponds comme. Comme une forme astronaute qui a suivi l'évolution de tout ce qui s'est passé depuis 20 ans. Mon drivole c'est 2001, presque 20, cinq ans. Moi je l'ai suivi comme opérationnel et dans le domaine de la recherche, des innovations qu'on pouvait. Je l'ai suivi aussi depuis 20 ans, avec le passage d'activités strictement institutionnelles à des activités où on commence à envisager de la R. D, de la recherche et développement privé. Donc je suis attachée à ce que cette infrastructure énorme qui est en orbite aujourd'hui soit un magnifique et unique laboratoire où on a vraiment des opportunités extraordinaires en tant que médecin et chercheur. Moi, j'ai vécu une station spatiale où décrit privaient les phénomènes d'adaptation. Ah ouais. Et des troubles cognitifs. Ah oui. Il y a de la fonte musculaire. Ah oui. L'os paraît plus fragile. C'était descriptif. On ne pouvait pas entrer dans la compréhension, dans les mécanismes, et ça, c'est frustrant de se dire oui, on voit que c'est pas pareil, mais on sait pas. On comprend pas pourquoi. Et aujourd'hui, on est en capacité d'entrer dans ces mécanismes, de comprendre, d'aller très profondément et même de proposer des innovations tenant compte de ce caractère particulier de la 3ᵉ dimension, de l'absence des effets de la gravité, qui fait que ce soit en culture en trois dimensions, que ce soit en cristallisation. Il y a des tas de choses qui sont aujourd'hui possibles parce qu'on a.
[00:56:49] Speaker A: Des outils à perfectionner.
[00:56:51] Speaker B: Donc je vais peut être un petit peu frustrée de ne pas avoir eu l'occasion d'exercer mes compétences de chercheur et médecin avec la qualité des infrastructures.
[00:57:00] Speaker A: Ÿousand.
[00:57:01] Speaker B: Je comprends, je comprends. J'aimerais bien y retourner pour utiliser tous ces beaux labos et faire cette belle recherche avant 2030.
[00:57:12] Speaker A: Oui, 2031. J'ai lu que ça avait glissé un petit peu.
[00:57:15] Speaker B: Et puis dans la nostalgie complète, j'ai trois regrets. Trois regrets seulement, j'ai pas fait de.
[00:57:19] Speaker A: Vol de longue durée.
[00:57:22] Speaker B: Oui. C'est à dire plus de trois mois. En gros, l'époque longue durée. Donc j'ai pas eu le temps d'apprendre la terre par cœur en regardant par le.
[00:57:34] Speaker A: D'accord.
[00:57:35] Speaker B: 1ᵉʳ regret. J'ai pas fait de sortie extravéhiculaire. J'ai pas été ce petit satellite aux avant postes de l'humanité dans le cosmos infini.
[00:57:42] Speaker A: Et j'ai pas marché sur la lune. Alors que j'ai été fascinée par le 1ᵉʳ pas de l'homme sur la lune. J'ai bien vécu des belles aventures. Tu as trois regrets que tu peux partager avec beaucoup, Ÿousand. Beaucoup de gens. Sans.
[00:57:58] Speaker B: Doute. Mais c'est vrai, la lune, c'est quelque chose qui te fascine encore. Quand tu la regardes la nuit, tu te dis j'ai été astronaute, j'aurais pu être destiné à faire ça, je savais que je ne le ferais pas parce qu'on n'était pas dans cette période où les programmes lunaires étaient relancés encore. Mais il est clair que d'une part sur le plan professionnel, aujourd'hui, je suis toujours très impliquée sur des groupes de travail qui concernent les infrastructures lunaires et tout ce qui peut s'y développée, parce que voilà, je trouve que c'est passionnant et qu'il y a des opportunités formidables. Et puis c'est vrai que je suis sensible à la beauté du ciel, que je suis sensible à la belle lune bleue qu'on a eue au mois d'août qui était vraiment complètement extraordinaire, et que ça, quand je regarde le ciel, j'ai eu la chance de passer l'été en Provence, et donc les ciels étoilés de Provence, c'est quelque chose de formidable, ils sont très beaux. Ÿ mais quand vous êtes dans une station spatiale, que vous regardez par le.
[00:59:01] Speaker A: Hublot côté cosmos et pas le hublot côté terre, vous êtes dans la voie lactée, vous êtes dans la voûte céleste.
[00:59:09] Speaker B: Et cette 3ᵉ dimension, elle est là aussi. Et je t'ai demandé de nous apporter un objet qui symbolise ton attachement au spatial. Et est ce que tu peux nous dévoiler cet objet ? Oui, je vais dévoiler cet objet qui.
[00:59:26] Speaker A: Me tient à cœur, parce que voilà, je pense qu'on n'est pas beaucoup à l'avoir.
[00:59:30] Speaker B: C'est un petit passeport bleu qu'on m'a remis avant de monter dans la fusée Soyouz pour mon 1ᵉʳ vol, avant de monter dans la fusée, donc vraiment le jour du décollage ou la veille, je ne sais plus dire exactement. Un petit passeport sur lequel il y a ma photo, il y a mon nom, il y a la date que j'ai monté avec moi qui est tamponné des tampons n'existants que dans la station spatiale, donc c'est certifié, ça prouve que j'ai volé. D'ailleurs, tiens, si je veux démentir les fake news qui disent que j'ai jamais volé, j'ai le tampon de la station sur mon petit passeport.
Et ce passeport, c'est un témoignage que ces êtres humains qui ont la chance d'aller dans l'espace, ou le privilège d'aller dans l'espace, sont des êtres humains qui sont des ambassadeurs du Ÿousand, et que si toutefois à un moment donné il y a une situation d'urgence sur la mission qui fait que vous allez atterrir à un endroit qui n'est pas l'endroit où les équipes de secours vous attendent en cas d'atterrissage ou les équipes en.
[01:00:34] Speaker A: Cas d'amerrissage avec les nouvelles capsules.
[01:00:34] Speaker B: Tout le monde doit vous porter secours parce que vous êtes un représentant de l'humanité.
[01:00:39] Speaker A: C'est à ça que ça sert. Mon petit passeport d'être humain, donc c'est à ça que ça sert concrètement. Il ne me sert pas à aller aux États Unis ou. Non, malheureusement. Bien sûr. Mais. Mais c'est un vrai truc. Tu l'as vrai truc.
[01:00:56] Speaker B: Tu l'as dans ton.
[01:00:58] Speaker A: Pendant, ta mission spatiale, au cas où tu atterrisses dans un endroit qui n'est.
[01:01:05] Speaker B: Pas prévu et l'humanité a obligation de te porter secours.
C'est incroyable. J'adore. Je l'ai juste pour toi. J'adore. Je peux l'avoir dans les mains ? Ça c'est quand même incroyable.
[01:01:18] Speaker A: La FAI.
[01:01:18] Speaker B: Donc on voit.
[01:01:23] Speaker A: Fai. C'est la Fédération astronautique internationale. C'est ça. Donc c'est internationalement. Je sais plus si ça se fait toujours aujourd'hui. Ça a peut être un autre format avec le tampon de Mir. C'est fou. Et la photo de Claudie. On pourra montrer après. Incroyable. Je te le rends. C'est très précieux. Merci beaucoup. Et c'est un très trèsousand bel objet. Très bel objet. Tu l'as dit tout à l'heure. Tu décrivais ta situation de jeune sélectionné seule femme au milieu de ce groupe d'hommes. C'était la même en 2009 pour Samantha Cristoforetti à l'agence. Mais là. Cette fois, en 2020 deux, on a une représentation beaucoup plus grande des femmes dans le corps des astronautes, ainsi que dans la réserve, à la fois pour le savoir, du côté de l'agence, vraiment, une ouverture dans tous les domaines. Ce n'est pas si simple, puisqu'on recrute dans des pools, dans des domaines qui sont déjà dominés par les hommes. Mais il y a aussi une manière de s'adresser à ce public qui peut être plus ou moins propice à la.
[01:02:35] Speaker B: Sélection, ou en tout cas à la candidature de femmes. Ça, je sais qu'on a beaucoup fait des efforts dans ce sens là. Comment toi, tu. Qu'est ce que ça t'inspire de voir plus de représentation des femmes ? Je veux bien d'abord rappeler déjà un peu les chiffres de la progression. Quatre, 20, cinq de candidatures féminines. Ensuite, tu parles de la sélection de 2008 de Samantha. C'était 14 montées, mais pas beaucoup. La sélection de 2020, deux, il y avait 20. Quatre de candidature. On n'est pas. Et au total, dans ce pool des elle représente pratiquement de la sélection finale. Donc ça c'est des chiffres qui montrent qu'il y a une progression. Et même si on regardait les chiffres côté américain, on voit aussi que les promotions d'astronautes sont très, très paritaires aujourd'hui. Alors c'est lié à plein de facteurs.
[01:03:31] Speaker A: Et tu as raison de dire que la façon dont on s'attend, les mots qu'on utilise, la façon dont on véhicule les messages, il faut sortir d'un formatage qui soit trop formatage masculin. Et même la musique, tu vois, moi j'étais en charge de la vidéo qu'on a produite pour informer de la sélection.
[01:03:53] Speaker B: Et on s'est attaché à ce que la musique soit pas ce que moi j'appelais la musique testostérone, pardon, la musique testostéronée, qui est vraiment le classique du spatial. C'est des détails qu'on doit prendre en compte aussi. Il y a l'écriture, il y a la musique, il y a aussi les films. Et moi j'ai le souvenir du film d'Alice Winaucourt, vous avez beaucoup travaillé avec l'agence pour porter Proxima. C'était un très joli film plein de sensibilités, où je trouve que les difficultés étaient malgré tout mutuellement partagées entre les hommes et les femmes. J'ai trouvé que c'était pas du tout un film uniquement féministe et que c'était quelque chose qui montrait bien la réalité des sujets. Donc il y a tout ça qui est utile. Le fait qu'effectivement aujourd'hui on est dans une utilisation et exploitation des stations spatiales qui requiert des tas de profils, de compétences dans lesquelles il y a un peu plus de femmes déjà présentes dans le monde médical, dans le monde de la recherche, la recherche dans le domaine des sciences de la vie.
Il y a quand même un pourcentage de femmes qui est plus important que celui probablement de la musique électro ou du monde du digital où on a encore trop peu et effectivement de poules, de jeunes femmes. Mais le fait que même si le pool est encore restreint, on a voilà ces femmes pleines de conviction, pleines d'inspiration, de désir, de rayonnement, de détermination, de patience et de qualité, qu'elles explosent les zweitausendeinundzwanzig compteurs, c'est formidable. Donc des femmes très capables, il y en a beaucoup. Il faut peut être à un moment donné pouvoir leur permettre d'entendre et de se dire c'est pour moi parce que.
[01:05:40] Speaker A: Quand on est trop testostéroné dans la façon de s'exprimer, parfois c'est pas audible pour une jeune fille ou pour une femme. Donc c'est important aussi de véhiculer attention aux mots, à l'expression.
Et d'ailleurs, tu sais, ça a été un sujet même sur, sur ce projet de elle fond l'espace.
Quand j'ai monté ce projet, en parlant avec des partenaires potentiels, des gens qui pouvaient nous aider, j'ai senti que c'était pas évident de soutenir un projet qui a pour ambition de réduire un peu cet écart entre les hommes et les femmes dans le domaine. Ce n'était pas évident que ce soit porté par moi qui suis un homme. J'ai senti que c'était un sujet.
[01:06:22] Speaker B: On m'a dit ah, mais pourquoi est.
[01:06:26] Speaker A: Ce que les femmes ne feraient pas.
[01:06:29] Speaker B: Quelque chose pour les femmes ? Pourquoi, pourquoi c'est vous qui devez faire ça ?
[01:06:33] Speaker A: Qu'est ce que ça t'inspire ? Et tu as répondu quoi en général ? Alors je vais raconter l'anecdote. On était avec Julien qui travaille. Je trouve ça étonnant qu'on ait posé la question. Mais vas y. Tu as j'ai tout simplement répondu Écoutez, je comprends que le problème ce soit que je sois un homme, mais si vous vous voulez le faire, faites le. En attendant, je vais le faire. C'est tout ce que j'ai répondu.
[01:07:00] Speaker B: Parce que j'ai pas d'avis sur la question à vrai dire, s'il y avait une femme à ma place, pour moi, ce serait ni moins bien ni mieux. Je le fais parce que personne d'autre le fait pour l'instant, c'est tout. Avec les petites barrières encore misogynes. Parfois, je trouve que c'est très bien que ce soit un homme qui le fasse, parce que je trouve que les réseaux de femmes, c'est quelque chose de très, très important parce que parfois on en a besoin de pouvoir se dire des choses qu'on dirait pas dans un autre contexte et qu'on va dire dans un réseau féminin. Il faut pas que ce soit une exclusivité des femmes s'adressant aux femmes. Et je pense que la diversité de l'auditoire et la façon dont on parle, représenter la diversité qu'on a dans la vie quotidienne, donc ça c'est une chose importante. Et je voulais aussi te féliciter dans le choix des intervenantes que tu mets dans ton podcast, parce que c'est toute une diversité de postes, de compétences, d'origine des jeunes femmes avec qui tu parles, et ça c'est formidable parce.
Parce que si on ne met que des êtres d'exception, si je peux me permettre de dire les choses comme ça, parce qu'on est 60 10 femmes dans le monde, bon, ça fait pas beaucoup sur la population féminine globale, ça peut être quelque chose qui bloque un petit peu que si on montre la diversité des métiers du spatial, il n'y a pas que l'astronaute, c'est un peu la cerise sur le gâteau, l'astronaute. Et c'est un exemple très important ÿousand. Mais tous ceux qui sont là pour faire en sorte que ça réussisse, qu'il y ait des lanceurs, qu'il y ait des satellites qui nous permettent d'avoir justement un espace au service de tout ce qui fait notre vie actuelle au xxiᵉ siècle. Et bien tout ça c'est des femmes.
[01:09:00] Speaker A: Ingénieures, c'est des femmes managers, c'est des femmes qui s'occupent de la logistique, des juristes, des juristes. C'est plein de métiers qui sont où on espère avoir. Effectivement les femmes là aussi exprimaient tout leur talent. Absolument. On rentre dans une période du spatial.
[01:09:20] Speaker B: Où les acteurs commerciaux prennent de plus en plus de place sur les acteurs institutionnels comme les grosses agences, l'Esa, la NASA, etc. Comment tu vois cette transformation du secteur spatial et le jeu que joue justement c'est vos acteurs ? Alors c'est une question très actuelle et un peu large et complexe. Si je prends la partie de la station spatiale internationale telle que je l'ai vécue qui est un laboratoire unique et absolument extraordinaire pour réaliser une recherche qui est arrivée maintenant à un niveau de maturité, d'automatisation, de reconfiguration, c'est bien ÿousand que de pouvoir le mettre à disposition d'une recherche et développement qui soit pas uniquement institutionnelle avec les grands organismes de recherche tout à fait performants, mais qui soit aussi au service d'une recherche appliquée, une recherche qui peut amener des innovations dans le monde des télécoms, dans le monde de la santé, dans des tas d'autres domaines. Donc qu'on évolue v. Une composante plus privée dans l'aspect exploitation commerciale et exploitation qu'on peut faire de la recherche, ça, ça me paraît bienvenu, c'est bien. Et puis en plus sur le plan de la répartition des coûts et des financements qui peuvent être complémentaires, c'est sûrement bienvenu là aussi que tout le monde participe.
[01:10:47] Speaker A: Donc voilà, ça ça me paraît très bien. Je parle de missions dédiées à des activités de recherche et de technologie et des activités qui sont. Sont utiles à notre société. Je parle pas de entertainment, de loisirs et de tourisme. Donc pour toi il y a une différence entre les missions privées qui vont.
[01:11:11] Speaker B: Faire de la recherche au bénéfice d'entreprises privées, type développer des nouveaux matériaux, tester de nouvelles technologies, et les missions privées du type j'emmène mes meilleurs potes dans une capsule et en école. C'est une grosse différence pour toi. Oui, c'est bien sûr une différence pour moi, c'est une différence aussi pour les jeunes, les jeunes ingénieurs à qui on s'adresse. Parce que quelque chose qui n'existait pas vraiment à mon époque d'astronaute du siècle dernier, où on a apporté la culture du risque, de l'audace, il y a aujourd'hui une culture de l'impact de nos actions qui est très, très présente dans les cerveaux des jeunes ingénieurs aujourd'hui qui nous disent alors c'est quoi l'impact environnemental, l'impact retour bénéfice sur la terre ? Comment on gère ça ? Est ce que justement, et ça va revenir à ce que je voulais aborder aussi sur le fait que l'institutionnel, quelque part, il peut être là aussi en accompagnement, garde fou et ambassadeur du bien commun. Parce que pour moi, l'espace, c'est du bien commun. C'est pas toujours la problématique de l'entreprise privée, bien évidemment, c'est son intérêt particulier, c'est pas obligatoirement le common goods et le bien commun. Et cette notion là, il faut qu'on puisse garder un contrôle de la part des agences institutionnelles ou des astronautes de carrière, appelés comme ça, pour ne pas se laisser déborder ou être que dans, en réaction à quelque chose qui serait poussé par l'entreprise privée. L'exemple, c'est celui des multitudes d'objets dans l'espace aujourd'hui, et donc du potentiel risque de collision et de formation de débris spatiaux qui réduirait l'accès à l'espace, bien évidemment, qui est sans doute lié aussi au fait que. Ÿ les aspects juridiques et les aspects de régulation, qui sont gouvernementaux, qui sont institutionnels, à mettre en place. C'est pas le privé qui va se mettre à réguler lui même sa façon, ne sont pas tout à fait à la même vitesse que les développements que le secteur privé apporte. Donc là, il y a un sujet sur lequel garder le contrôle pour assurer ces garde fous. C'est quelque chose d'important, garder le contrôle pour aussi avoir une distribution des richesses, je dirais, qui soit suffisamment juste et équilibrée. Dans les richesses, je mets les. Tu penses à quel type de richesse ?
Les data, par exemple les données obtenues dans l'espace. Alors certaines sont évidemment, je parle des données scientifiques, open data, ouvertes à toutes.
[01:14:22] Speaker A: Les communautés pour pouvoir y travailler et faire avancer.
[01:14:25] Speaker B: Mais bon, il y a des données collectées aujourd'hui qui sont accaparées, je pourrais dire, avec des objectifs commerciaux. Et là aussi, je pense qu'il faut avoir un regard suffisamment critique, garder son esprit critique tu parles de régulation quand tu parles de l'esprit critique. Je parle de régulation. Je parle de comportement responsable. Le comportement responsable, ça peut aller jusqu'à se dire que le vol habité, si on y revient, c'est pour faire progresser l'humanité en montrant qu'on peut assurer la sécurité, qu'on s'attache à faire en sorte.
[01:15:14] Speaker A: Quand je parle d'impact, que ça soit des choses acceptables, soutenables pour la génération aujourd'hui et la génération de demain, que.
[01:15:19] Speaker B: La génération du 3ᵉ millénaire avec des.
[01:15:21] Speaker A: Dérives expansionnistes qui nous feraient enjamber le 2ᵈ millénaire, je trouve ça dangereux. Mais c'est pour ça que je parle de régulation, parce que tu ne peux pas vraiment attendre de la part des sociétés privées qu'elles régulent elles mêmes, B.
[01:15:39] Speaker B: Qu'elles se régulent elles mêmes de leur bonne volonté, elles peuvent le faire. Mais d'attendre qu'elles le fassent ad vitam aeternam, tu peux pas. Donc en fait, on parle de. Tu suggères une régulation des autorités sur ce type de marché. Alors les régulations, tout le monde. Tout le monde en parle, parce que tout le monde sent bien qu'il y a des sujets très, très aigus qui sont en train de se mettre en place. Celui des débris spatialisés avant tout, bien évidemment, et que ça serait impactant pour l'ensemble de tous les acteurs. Absolument. Donc c'est quelque chose qui devrait susciter une adhésion multilatérale au niveau des Nations unies. Je parle des Nations unies parce que le seul traité aujourd'hui régulant l'espace qui soit de nature internationale, c'est les Nations unies en 1960 sept, qui n'était pas du tout effectivement, qui n'avait pas dans l'esprit d'embrasser toutes ces évolutions actuelles. Donc aujourd'hui, on est dans cette question de comment on fait évoluer les régulations, les traités. On n'est probablement pas dans des États d'esprit, étant donné les conditions géostratégiques, de réouvrir des traités internationaux multilatéraux, parce que le multilatéralisme a quand même perdu un petit peu de sa capacité d'influence aujourd'hui. Donc ce sont des questions. Il nous faut beaucoup de juristes passionnés par les sujets, d'ailleurs, pour nous aider à avancer. Et quand je parlais de comportement responsable, c'était quelque chose de plus souple que la régulation. Et tu l'as évoqué en disant que chacun devrait se sentir en responsabilité par rapport à ces sujets. Je n'évoque pas les sujets de défense, bien évidemment, mais déjà sur les sujets de la place de l'entreprise privée. Et donc voilà, bien sûr, il y a un rôle de l'institutionnel et du gouvernemental qui est important, le plus multilatéral possible, parce que quand même, cet espace, c'est un bien commun de l'humanité, si ce n'est un patrimoine, c'en est au moins l'apanage. Je ressors mon petit passeport bleu et que donc, on devrait tous être vigilants à faire en sorte que ce soit.
[01:17:50] Speaker A: Des activités qui puissent continuer à ouvrir des nouveaux champs. Des gens de recherche, des champs d'économie. Et la lune, bien sûr, ça peut être un champ d'économie aussi, mais surtout des champs de progrès pour.
[01:18:00] Speaker B: Pour l'humanité.
[01:18:00] Speaker A: Très bien. On arrive à la fin de l'entretien, donc on continue juste sur les questions rapides. Tu sais, c'est une émission sur le spatial et je pose à toutes mes invités une série de cinq questions qui sont les mêmes, ce qui nous permet, à la fin, d'avoir un petit catalogue, on va dire, de questions que j'aime beaucoup ÿ avoir. La 1ʳᵉ question, c'est une question un petit peu originale que moi, personnellement, j'adore poser, mais en général, difficile à répondre.
[01:18:32] Speaker B: C'est la question moins plus.
La question moins plus, c'est si c'était à refaire. En gros, qu'est ce que tu ferais moins ? Et qu'est ce que tu ferais plus.
[01:18:52] Speaker A: Dans ta carrière spatiale ?
[01:18:53] Speaker B: Qu'est ce que tu ferais moins c'était à refaire ? Ce que je ferais moins, c'est peut être de ne pas essayer d'atteindre la perfection avant. Et ce que je ferais plus, c'est de travailler toujours ma perfectibilité. Tu m'as perdu. J'ai l'impression que tu as dit.
[01:19:09] Speaker A: Il ne faut pas attendre d'être parfait pour se lancer dans l'entreprise de sa vie. Par contre, il faut la faire à l'optimal. Donc il faut toujours essayer d'être meilleur. Donc il faut travailler sa perfection.
[01:19:20] Speaker B: Perfectibilité.
[01:19:20] Speaker A: Et ne pas se bloquer sur la perfection. Ça y est, j'ai compris.
[01:19:24] Speaker B: Tu vois, tu m'avais perdu au début. Plus et moins. Plus et moins, tout le monde, j'ai l'impression. En tout cas. J'ai pas rencontré une seule personne dans le secteur spatial qui n'a pas 1 £ spatial fétiche ou favori. Est ce que c'est ton cas aussi ? Alors, j'en ai plein, mais là, j'en ai lu un, cet été, absolument extraordinaire. Je le conseil. Norman Mailer, 1971. Un écrivain absolument génial. Le bivouac sur la Lune. Ok. Il avait été envoyé par les américains pour suivre le vol Apollo, mais il.
[01:20:08] Speaker A: Vous décrit ça d'une façon absolument extraordinaire. Il a interviewé des gens qui, en 1960, neuf racontaient ce qui se passe.
[01:20:14] Speaker B: Aujourd'Hui et qui avait déjà tout vu. C'est étonnant. Et avec une qualité d'écriture. Je recommande. J'ai passé un moment de bonheur.
[01:20:24] Speaker A: Norman Miller, le bivouac sur la lune. Très bon conseil.
[01:20:27] Speaker B: Merci. Claudie, est ce que tu as aussi un film spatial préféré ? Tu en as évoqué un tout à l'heure. J'en ai un, évidemment.
[01:20:35] Speaker A: 2001 odyssée de l'espace. Et pour l'anecdote, dis toujours j'ai volé.
[01:20:39] Speaker B: En 2000 et oui, j'allais le dire.
[01:20:43] Speaker A: 2001, c'est ta mission.
C'est ma mission. Ta 2ᵉ mission.
[01:20:49] Speaker B: Et alors ? Je peux confirmer que c'était pas du.
[01:20:54] Speaker A: Tout ça et que c'était un film de science fiction. Exactement. Magnifique. Ça, c'est ton film préféré. 2001, l'odyssée de l'espace. Et ça abordait déjà des propos.
[01:21:09] Speaker B: Très actuels de l'intelligence artificielle, notamment l'interface entre l'homme et la machine. Voilà. Le co travail et l'hybridation potentielle. Oui. Une autre question, c'est quelle est la chose que tu as apprise lors de ta carrière que tu aurais bien aimé savoir au tout départ en quatre, 20, cinq ? Je pense que je le savais déjà un petit peu. Mais la vie n'est pas un long fleuve tranquille. Il n'y a pas que des succès.
[01:21:40] Speaker A: Et donc il faut se préparer à.
[01:21:42] Speaker B: L'Échec, à l'imprévu, à recommencer, à demander conseil, à être entouré.
[01:21:48] Speaker A: Mais je pense que je le savais déjà un peu avant de démarrer tout ça. Et je savais qu'il fallait que j'aie autour de moi un cercle.
[01:22:00] Speaker B: De confiance. Ça, c'est important, avoir un cercle de confiance, de ne pas le perdre et le constituer quand on se lance. Et quel est le conseil que tu donnerais ou que tu donnes à une jeune personne qui voudrait se lancer dans une carrière spatiale, quelle qu'elle soit aujourd'hui ? Alors, c'est vrai que j'emploie souvent les mots de. D'oser vivre son aventure de vie et de ne pas coller à ce que quelqu'un va.
[01:22:33] Speaker A: Vous poser comme image, ou comme profil, ou comme trajectoire. C'est ce qui résonne avec soi, surtout si c'est un petit peu ambitieux, si c'est un petit peu exotique. Il faut vraiment être motivé, persévérant, pour aller jusqu'au bout d'aventures un petit peu compliquées.
Donc n'hésitez pas à vivre votre vie. Claudie, merci beaucoup d'avoir passé ce moment avec nous et merci d'être sur tout une de celles qui sur terre font l'espace. Merci. Merci à toi. Merci d'avoir écouté cet épisode de elles font l'espace avec le soutien de l'Académie spatiale d'Ile.